22 octobre 2021, 15:09

SLAYER

"Decade Of Aggression" (1991 - Rétro-Chronique)

Album : Decade Of Aggression

Nous sommes (déjà) en 2021 et cet album fête ses... 30 ans !

« Avec le temps, avec le temps va, tout s’en va… » Désolé de contredire le grand Léo mais il y a pourtant certaines choses qui restent (et marquent !), comme cette énorme gifle reçue par le premier VRAI album live de SLAYER, « Decade Of Aggression », sorti le 22 octobre 1991, (son titre provisoire était « Decade of Decadence » jusqu'à ce que MÖTLEY CRÜE enregistre le nom). Je dis "vrai" car nous avions eu droit en 1984 au mini-album « Live Undead », enregistré en studio avec une bande de potes en conditions live, mais qui n’est aucunement la captation d’un concert en bonne et due forme. Pour ne rien gâcher, la formation thrash californienne nous régale cette fois d’un double album, composé de 21 bombes à fragmentation, témoignant de la puissance de feu apocalyptique du groupe lorsqu’il foule les planches, annihilant toute résistance à l’instar d’Attila, spécialiste de l’entretien durable de gazon.

Compilation de titres issus de plusieurs batailles, le premier disque est constitué du concert donné le 13 juillet 1991 à Lakeland en Floride dans le cadre de la deuxième partie de la mythique tournée "Clash Of The Titans" qui, après sa visite en Europe, s’était déroulée cette fois aux Etats-Unis en compagnie de MEGADETH, ANTHRAX et ALICE IN CHAINS, alors que le second disque contient trois titres d’un concert datant du 14 octobre 1990 à la Wembley Arena de Londres et enfin, de sept titres captés en Californie à San Bernardino le 8 mars 1991. D’une durée de 89 minutes, l’écoute se veut éprouvante de la première à la dernière seconde, la restitution des prestations ne nous donnant envie qu’une seule chose : tout casser. C’est un laminage en règle de l’auditeur (et on ne parle même pas du sort du public qui a assisté aux concerts concernés...) qui commence en Enfer sur "Hell Awaits" et toute tentative de reddition est définitivement balayée à l’issue par "Chemical Warfare", laissant la place dans un état de désolation total ! L’occasion de se rappeler de l’incroyable talent de compositeur du regretté guitariste Jeff Hanneman qui signe, à un titre près, la totalité des compositions, paroles et/ou textes, présentes sur ce live. SLAYER a le choix des armes et pioche dans sa féconde discographie, alors forte de cinq disques plus réussis les uns que les autres pour en extraire l’assaut auditif le plus violent qu’il soit possible de délivrer. De "Black Magic" à l’ouverture démoniaque de "Hell Awaits", en passant par les hymnes définitifs "Raining Blood" ou "Angel Of Death" jusqu’aux plus récentes alors "South Of Heaven" ou les titres de « Seasons In The Abyss » (mention à "Blood Red", "Hallowed Point", "Born Of Fire" ou "Expendable Youth", des chansons qui n’ont presque plus eu droit de cité les années d’après), tout est prétexte à renforcer l’hégémonie déjà incontestable du quatuor qui revient ici sur une aventure entamée dix ans auparavant.
 


On le retrouve dès sa sortie à une très confortable 55e place du Billboard Top 200 et les fans avaient alors pu se procurer à l’époque une édition double vinyle limitée à 6500 exemplaires, dotée d’un livret au format différent de ceux que l’on trouve généralement mais dont le contenu reste identique à la version double CD (qui bénéficia du format long box aux USA). Pour l’anecdote, on appréciera le discours empathique du chanteur-bassiste Tom Araya lors de l’intro de "War Ensemble", enjoignant les fans des premiers rangs à faire attention les uns aux autres et d’aider à se relever ceux qui chutent dans la fosse lors des violents circle-pits qui s’y produisent, leur évitant ainsi de se faire piétiner. Car oui, se retrouver dans les premiers rangs de la fosse lors d’un concert de SLAYER est une véritable épreuve physique. Cela peut prêter à sourire mais ceux qui s’y sont retrouvés au moins une fois comprendront de quoi il en retourne. Et alors que ces représentants du Big 4 (constitué, outre le groupe, de METALLICA, ANTHRAX et MEGADETH) ont sorti ensuite d’autres albums live, que ce soit en bonus d’albums studio (le DVD/Blu-ray « Live At Wacken », présent sur l’édition collector de « Repentless ») ou avec le testamentaire « The Repentless Killogy », aucun n’a réussi à faire choir de sa première place sur le podium ce « Decade Of Aggression », l’un des plus grands albums live, tous genres confondus; ayant jamais vu le jour. Et au vu de ce que l’on sait aujourd’hui, et que l'on a affaire-là à un album "vivant", une seule sentence s’impose pour conclure : « SLAYER est mort, vive SLAYER ! »

Pour conclure, je ne saurai que trop vous inviter à lire les articles suivants. Tout d’abord, l’explication de textes de l’album « Decade Of Aggression » ainsi que le dossier Un Jour Un Album axé lui, sur « Seasons In The Abyss », tous deux d’excellents compléments de lecture proposés par la non moins excellente Laurence Faure (mais qui n’est cependant pas un complément de lecture), ainsi que les rétro-chroniques de certains albums en cliquant sur les titres que vous voyez apparaître en hypertexte.  

Pour aller plus loin : bien que l’on puisse tous les citer (ils y sont presque tous), concentrons notre attention sur les gemmes suivantes.

« Show No Mercy » (1983) : entre heavy-thrash ou thrash-heavy, un album-fondation
« Hell Awaits » (1985) : on ne comprend pas comment cet album, vu sa qualité et sa brutalité, n’a pas fait accéder plus vite SLAYER au trône (il faudra attendre le suivant)
« Reign In Blood » (1986) : la pierre angulaire du thrash
« South Of Heaven » (1988) : avec ce disque, la quadrilogie de classiques est complète
« Seasons In The Abyss » (1990) : l’apogée commerciale d’un groupe au sommet
« Divine Intervention » (1994) : l’arrivée de Paul Bostaph à la batterie (avant son départ puis son retour sur album en 2015)
« God Hates Us All » (2001) : sacré tournant stylistique pour un album qui a su s'imposer dans le temps
« Christ Illusion » (2006) : le retour de Dave Lombardo à la batterie
« Repentless » (2015) : le dernier...


Blogger : Jérôme Sérignac
Au sujet de l'auteur
Jérôme Sérignac
D’IRON MAIDEN (Up The Irons!) à CARCASS, de KING’S X à SLAYER, de LIVING COLOUR à MAYHEM, c’est simple, il n’est pas une chapelle du metal qu'il ne visite, sans compter sur son amour immodéré pour la musique au sens le plus large possible, englobant à 360° la (quasi) totalité des styles existants. Ainsi, il n’est pas rare qu’il pose aussi sur sa platine un disque de THE DOORS, d' ISRAEL VIBRATION, de NTM, de James BROWN, un vieux Jean-Michel JARRE, Elvis PRESLEY, THE EASYBEATS, les SEX PISTOLS, Hubert-Félix THIÉFAINE ou SUPERTRAMP, de WAGNER avec tous les groupes metal susnommés et ce, de la façon la plus aléatoire possible. Il rejoint l’équipe en février 2016, ce qui lui a permis depuis de coucher par écrit ses impressions, son ressenti, bref d’exprimer tout le bien (ou le mal parfois) qu’il éprouve au fil des écoutes d'albums et des concerts qu’il chronique pour HARD FORCE.
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