14 novembre 2021, 17:12

L.A. GUNS

Interview Phil Lewis


Comment L.A. GUNS est passé des premières années puissantes du groupe à un troisième et nouvel album studio dans le temps relativement court de la réunion entre Tracii Guns et Phil Lewis a déjà été bien documentée, donc nul besoin de la répéter. Ce qui est important de savoir et de comprendre, c'est que la force motrice de toutes ces chansons classiques de L.A. GUNS était l'origine de Tracii et Phil. Se sentant inspirés et excités comme au début, mais avec de nombreuses années de sagesse et d'expérience à leur actif, et surtout, une relation créative et personnelle renouvelée et plus forte et le nouvel album « Checkered Past » montre un groupe revigoré et prêt, avec des chansons épiques, parfois lentes, mais rock'n'oll.
Phil Lewis parle du troisième disque de la seconde période des GUNS de Los Angeles, enfanté durant la pandémie. Avec son humour british, Lewis explique tout, en parfait gentleman. Il débute cet entretien en improvisant une chanson avec une petite guitare acoustique...

 

Avant tout Phil, merci pour cet entretien...
C’est moi qui te remercie. Je suis vraiment honoré de faire cette interview avec la France. Vous êtes loin de nous mais proches à la fois. J’ai fait beaucoup d’interviews aujourd’hui et suis content d’être avec toi là. A chaque fois que nous sommes venus en France, peut-être 5 ou 6 fois, cela a toujours été fantastique...

...Nous espérons vous voir bientôt !
Je l’espère, on l’espère tous. Cela a toujours été super dans votre pays avec un super accueil. Je me souviens de ce concert près de Paris (NDR : probablement, celui à L’Empreinte de Savigny-le-Temple). Tout a été un peu bloqué au niveau concerts ces deux dernières années. Comment est la situation actuelle en France ?

Cela reprend doucement. Dans plusieurs mois, ce sera mieux, nous l’espèrons...
On l’espère tous !

Phil, comment résumerais-tu ce nouvel album, « Checkered Past », en trois mots ?
Saignant, fan... tastique ! (rires)

Comment s’est créé cet album pendant la pandémie ?
Cela a été très différent de ce que l’on fait habituellement. On est tout le temps tous les cinq à faire de la musique, du bruit dans une salle. Chacun a des idées de chansons, on travaille dessus, on colle des trucs, on en oublie d'autres... C’est comme cuisiner un bon plat ! Les chansons prennent forme tout doucement. On peaufine les trucs et on arrive à quelque chose de bien pour nous. Le processus créatif se fait en groupe. On arrive avec un titre que l’on joue une centaine de fois, ensuite on va en studio, on l’enregistre et le titre sera peut-être joué en concert plus tard ! Voilà notre méthode traditionnelle de création artistique. Là, c’était différent. Nous étions tous chez nous, isolés. Tracii Guns peut écrire de la musique en 10-15 minutes, tu sais ? Toute la musique était prête en 2-3 semaines. Puis j’ai dû faire mes voix. Les batteries ont été enregistrées par Adam Hamilton cette fois-ci, à la fin du processus d’enregistrement alors que nous les faisons au début habituellement. Adam a tout compilé en tant qu'ingénieur du son, aussi. Je suis très old school pour la structure des chansons, c’est couplet, pré-refrain, refrain. J’ai fait mes lignes de chant chez moi. J’avais un ordinateur et un micro. On n’était pas en studio, on n’a pas travaillé certaines parties avec le producteur ou avec l’un des musiciens en présentiel. Ce n’était pas du tout traditionnel pour nous. Cependant, j’ai apprécié d'enregistrer mes voix quand je le voulais et quand je le sentais. J’ai même adoré ça. Il y a toujours habituellement plein de pression pour le chanteur en studio qui doit finaliser le tout parfaitement. Là, ce n’était pas le cas. Tout le monde a donné son avis pour cet album... et sans pression ! C’était vraiment top de faire « Checkered Past » comme ça.

Quelles sont les différences entre ce nouvel album studio et les deux précédents, « The Devil You Know » et « The Missing Peace » ?
En plus de la façon dont nous avons fait les choses cette fois-ci chacun de notre côté, il y avait ce côté : « On s’échange des fichiers ». Je ne m’occupe pas de ces trucs habituellement. Quand je suis en studio la seule chose qui m’importe, c'est de chanter. L’ingénieur du son s’occupe de cela habituellement. C’était complètement nouveau pour moi. Pour les deux précédents albums, il y a eu beaucoup de déplacements, nous sommes allés dans différents studios. Pour celui-là, chacun était chez soi, on s’envoyait des mails en début de journée et tout s’est fait simplement. Tout le monde a donné de sa personne. Musicalement parlant, je ne crois pas qu’il y ait de réelles différences entre ce nouvel album et « The Devil You Know » ou « The Missing Peace ». Il y a les mêmes influences musicales globalement. Je trouve que notre évolution musicale est cependant bonne et j’adore ce nouvel album, sincèrement. Je suis un peu toujours comme ça à la sortie d’un nouvel album. Tout est frais, nouveau et c’est vraiment plaisant.

Comment décrirais-tu le son de L.A GUNS "mark 2" ?
C’est rock'n'roll et... sophistiqué. On est un groupe dont les influences sont assez visibles. C’est du rock classique, du hard rock... c'est LED ZEPPELIN, DEEP PURPLE, BLACK SABBATH. Ce sont nos règles de bases. Nous avons voulu rester traditionnels. Pas d'electro, pas de crossover ! On veut juste des guitares, une basse, une batterie, des claviers pourquoi pas et du chant. On est une unité très traditionnelle. Et quand je te parle de ces groupes de hard rock classique, on apprécie le son de leur tout débuts. On n’est pas du tout dans des trucs comme SYSTEM OF A DOWN.

Comment ça se passe au sein du groupe, tout est plus simple maintenant ?
J’aimerais dire oui. Tout est cool avec Johnny (Martin) notre bassiste. Adam est notre ingénieur du son mais aussi multi-instrumentiste. Il a joué le rôle de batteur sur « Checkered Past » cette fois-ci. C’était compliqué avec la pandémie d’avoir un batteur avec son matériel et qui puisse enregistrer ses parties. Lui avait son matériel chez lui, donc c’était plus simple. Comme Scott Coogan, qui est notre batteur officiel et de tournée, ne pouvait pas le faire, c'est Adam qui s'en est chargé. C’était très bien ainsi.
 


"Get Along" rappelle ce qui se passait à la grande époque de MTV. Qu’en penses-tu ?
Quand j’ai écouté la musique de ce titre, j’ai tout de suite adoré. Cela me faisait penser à du LED ZEPPELIN période « III ». Je me suis dit qu’il fallait que j’écrive une belle histoire, une histoire qui fasse du bien. Cela parle du changement, de couples qui ne restent pas forcément ensemble après une histoire d’amour, d’une histoire de famille. Les protagonistes évoluent et essaient de se sentir bien, de se sentir mieux. Demain est un autre jour est un peu la philosophie de cette chanson. La vidéo raconte l’histoire d’un gars et d’une fille. Lui il a un problème d’alcool, elle est contrariée et énervée.... Il y a de la pluie.... C’est une vidéo typiquement MTV !

Comment avez-vous choisi les singles "Let You Down" et "Knock Me Down" ?
Nous n’avons pas choisi les singles, c'est le label, Frontiers Music, qui s'en est chargé. "Let You Down" est la première chanson que nous avons enregistrée avec cette approche pandémique. Quand nous l’avons terminée, nous avions la preuve que cela fonctionnait ainsi et que nous n’avions pas besoin de dépenser des sommes astronomiques dans des studios. Perdre du temps, perdre de l’argent, non ! Cela marchait différemment. Nous voulions ensuite faire écouter la chanson le plus rapidement possible à plus de monde possible. Le titre est sorti officiellement sur les plateformes alors que nous n’avions aucun album de prêt. Il n’y avait que ce titre. Ça sonnait grave, simple, cool. Cela nous a donné confiance pour la suite. Cela sonnait comme cinq gars dans une pièce qui jouent ensemble.
Frontiers Music, notre maison de disques, est metal certes, mais plus avec cette dimension hard rock/heavy mélodique. Ils ont plein de groupe comme TYKETTO, par exemple. C’est du soft hard rock. Pour Frontiers, ces singles choisis sonnaient bien et collaient à leur orientation artistique et commerciale. Encore une fois, ils ne sortent pas des trucs à la SYSTEM OF A DOWN (rires). Attention, je n’ai rien contre eux (rires) !

Et sur "Cannonball", le titre qui ouvre l’album, tu es étonnant dans la vidéo qui accompagne la chanson. Tu nous en dit plus ? 
Pour "Cannonball", le label n’avait aucune idée du scénario de la vidéo. Ils voulaient shooter des scènes à Hollywood, dans les bas-fonds, au Rainbow, au Whisky A Gogo, dans d’autres clubs. J’ai eu une autre idée. Quand j’ai enregistré la chanson, j’avais déjà le scénario en tête, je jouais déjà ce rôle que vous pouvez voir dans la vidéo. Dans mon imagination, je me voyais comme ça, ce pirate, ce bateau ! Le label m’a dit que l’on ne pouvait pas le faire. Il n’y avait pas de budget pour cela. Je leur ai dit : « Pas de problème, je vais tout faire, je l’ai prévu ! ». Je leur ai expliqué et présenté le scénario. Ils m’ont fait confiance. J’ai créé cette vidéo avec quatre personnages en 2 heures. Le résultat était cool (il tape dans ses mains) et voilà !

Est-il vrai que l’album devait initialement s’appeler « Cannonball »​ ?
Il devait s’appeler « Cannonballs », au pluriel. J’avais cette idée folle avec un canon avec deux boulets reliés par une chaîne. Un peu à la AC/DC. C’était drôle mais le reste de l’album n’était pas très drôle. Donc, nous avons opté pour un truc un peu plus sérieux. Nous avons donc choisi le titre « Checkered Past » 

Pourquoi as-tu rasé cette moustache à la Lemmy que l’on voit justement dans la vidéo de "Cannonball" ?
(Rires) Il m’en reste un peu regarde (rires) !


YouTube.com


Peux-tu nous parler de quelques titres que j’ai choisis ? "Better Than You" :
(iI chante le titre). Il s’agit d’une chanson enregistrée au milieu de notre processus. Tu l’aimes bien ? Je peux te parler d’autres chansons si tu veux.

"Dog" :
Une chanson facile à faire pour moi. Ce titre, nous l’avons composé après "Let You Down". J’étais vraiment confiant après ce titre, comme je te l’ai dit. Cela a servi de starter à tout le reste. Cela a pris un peu de temps à mettre en place... les mots, les lignes de chant. J’avais mon environnement, avec un micro dans un placard à l’étage. Cela a pris un peu de temps à tout le monde pour apprécier le chant. Avec du travail et de la frustration, nous y sommes arrivés ensemble. Je me souviens au cours de l’été où nous faisions l’album, j’étais dans le désert, je vis à Las Vegas, je n’étais pas trop satisfait de certaines chansons mais je savais que ça allait fonctionner. Une fois le blocage mental dépassé, tout est devenu plus simple. Habituellement, et depuis le début de ma carrière, quand j’ai un titre en tête, je le chante une centaine de fois et je vais l’enregistrer. Là, ce n’était pas le cas. Je l’ai fait différemment avec "Dog" et les autres titres et ça l'a fait.

"Physical Itch" :
C’est la dernière chanson que j’ai enregistrée. C’était simple pour moi, le processus était enclenché.

Après tout ce temps, comment choisirez-vous la future set-list des prochaines dates ?
C’est toujours un problème car nous avons du L.A. GUNS mark 1 et du L.A. GUNS mark 2. "Sex Action", "Never Enough", etc... et les titres du groupe depuis nos retrouvailles. Cela me brise toujours le cœur de choisir ! Il nous faudrait plus de temps dans nos concerts pour pouvoir jouer tout ce que l’on aimerait. Je peux te dire que "Cannonball" sera joué et j’amènerai avec moi le personnage du capitaine sur scène ! "Get Along" et "Let You Down" seront jouées aussi.

Peux-tu nous parler de cette alchimie entre Tracii Guns et toi ?
Depuis toujours, tu as dans le rock ce type de chimie entre un chanteur et un guitariste. Regarde Mick Jagger et Keith Richards, Steven Tyler et Joe Perry, ou encore Billy Idol et Steve Stevens. Cela nous a inspiré. Mais avant tout, il y a une alchimie avec des choses que nous partageons tous les deux. Il m’inspire, je l’inspire. Nous avons confiance l’un envers l’autre. Nous nous respectons. Chacun envoie à l’autre un travail le plus abouti possible et je ne lui enverrai jamais des paroles pas terminées ou des lignes mélodiques inachevées. Pareil pour lui, je pense. Il faudrait lui poser la question.

Le futur immédiat de L.A. GUNS, c’est quoi ?
Nous allons faire quelques dates aux Etats-Unis. Six concerts jusqu’à la fin de l’année. Nous jouerons le 31 décembre au Whisky A Gogo à Los Angeles. Pas de grosse tournée pour le moment. Les choses s’organiseront par la suite.
 

Blogger : Laurent Karila
Au sujet de l'auteur
Laurent Karila
Psychiatre spécialisé dans les addictions, Laurent Karila a collaboré à Hard Force de 2014 à 2023.
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