NEGURĂ BUNGET, c'est l'incarnation de l'âme roumaine, des paysages mystiques de Transylvanie, du folklore païen des montagnes de l'Europe de l'Est. Leur pagan black metal a sans cesse évolué au fur et à mesure de leur longue carrière qui a débuté en 1996, mais l'esprit est resté intact et authentique. En 2015 est sorti le premier album de la "Transylvanian Trilogy", intitulé « Tău » qui fut suivi de « Zi » en 2016. La tragique disparition en mars 2017 de Gabriel Mafa alias "Negru", batteur, percussionniste et membre fondateur du groupe, a mis un terme à la tournée prévue et, surtout, à la suite et fin de la trilogie d'albums initiée. Des cendres de NEGURĂ BUNGET est né un nouveau groupe, SUR AUSTRU, mais les membres restants du quatuor initial ont tout de même décidé d'utiliser les pistes de batteries enregistrées par "Negru" avant sa mort afin de produire l'ultime volume de la saga, « Zău ». C'est donc un hommage poignant qui est rendu au défunt batteur et si la musique de NEGURĂ BUNGET a toujours été pleine de sens et d'émotions, les cinq morceaux qui composent l'album sont d'une rare beauté complètement fascinante.
Autant le dire tout de suite, « Zău » est sans doute un des meilleurs albums de post-black metal de l'année. Des titres comme "Toacă Din Cer" raviront les amateurs de black metal atmosphérique, au rythme lent, à l'alternance de voix claires et growls graves, aux claviers enchanteurs et aux guitares mélodiques. C'est d'ailleurs un titre puissant pour terminer un album haut en feeling, un bijou aux accents folk. Le morceau d'introduction "Brad", de presque 16 minutes, fait la part belle à des passages assez brutaux et lourds. Mais rien ne passe en force, toute la musique de NEGURĂ BUNGET repose sur la sérénité, la tranquillité. L'atmosphère est légère bien qu'intense, les voix féminines venant apporter encore plus d'enchantement à une musique totalement envoûtante. Et c'est surtout le côté folk, naturaliste, presque minimaliste qui magnifie chaque morceau. Les flûtes notamment sont très présentes, comme des oiseaux messagers qui viendraient nous raconter les paysages des Carpates. Les guitares viennent ensuite progressivement donner de la contenance avec des vocaux growlés profonds, mais sublimés. Aucun titre ne souffre de défauts tant l'inspiration roumaine semble créatrice d'un metal aussi transcendant que subtil. C'est simple, à la fin des 51 minutes que dure « Zău », on n'a qu'une envie, se replonger dans cette bande-son mystérieuse, riche et percutante. Même la pochette de l'album fait preuve d'un rare esthétisme, sibyllin mais captivant.
Il n'est pas de superlatifs assez forts pour décrire la musique que propose NEGURĂ BUNGET sur « Zău » : c'est un ravissement pour les oreilles et pour l'âme, une seule écoute devrait suffire à vous transporter et expérimenter un voyage de toute splendeur.
