14 novembre 2021, 15:52

BULLET FOR MY VALENTINE

Interview Matt Tuck


Les Gallois BULLET FOR MY VALENTINE ont résisté à l'épreuve du temps à travers la vague de metalcore, deathcore et tous les autres sous-genres qui se sont popularisés ces dernières années. Le groupe a démarré à la fin des années 90 et explosé avec son EP « Hand Of Blood » en 2005 avant de pulvériser le metal tel que nous le connaissions avec leur premier album « The Poison » en octobre de la même année. À l'instar de groupes comme TRIVIUM, BULLET FOR MY VALENTINE a connu un parcours pléthorique de sept albums studio et a toujours la même popularité. Ce que peu de groupes de ce genre peuvent revendiquer.
BULLET FOR MY VALENTINE a attiré de nombreux nouveaux fans et en a aussi laissé partir beaucoup, car il a proposé différents styles et directions depuis le prolifique album « Fever » en 2010 jusqu'aux plus récents « Venom » et « Gravity », en passant par le controversé « Temper Temper ». en 2021 BULLET FOR MY VALENTINE atteint son apogée avec son septième album, éponyme à juste titre. Si vous avez écouté ce que Matt Tuck et ses camarades ont livré jusqu'à présent, vous avez peut-être reçu un choc. Quand nous avons entendu ''Knives'' pour la première fois, nous nous sommes dit qu'il s'agissait de thrash metal pur et dur... Un entretien avec Matt Tuck s'imposait...

 

Si on ne se trompe pas, ça fait plus de deux ans loin des scènes maintenant ?
Oh oui ! A part deux concerts l'été dernier ça fait deux ans sans jouer, trois ans depuis « Gravity » notre album précédent. Ce fût long cette période sans représentation live. 2020 à été très difficile pour nous et les autres groupes. Maintenant ça va mieux.

Comment avez-vous occupé cette période ?
Nous nous sommes focalisés sur le nouvel album. Nous pouvions écrire sans être distraits.  C’est ironique mais la COVID nous a offert cette opportunité de composer en toute tranquillité.

Justement, nous allons parler de cet album, quels secrets peux-tu nous dévoiler sur la teneur de ce 7e disque ?
Je sais pas trop par où commencer. Il s’est un peu écrit "comme ça". C’est l’album que nous devions écrire à ce moment précis de notre carrière. Nous vivions des temps incertains, nos compositions rejoignaient l’ambiance et nos préoccupations. Les préoccupations de tous. Nous avons pris le temps de les retranscrire dans chaque riff, dans chaque couplet et refrain. Comme il n’y avait pas d’impératif de calendrier nous avons pu peaufiner les morceaux. Une période de contrainte nous offrait la liberté artistique. Un paradoxe.

En effet, vous étiez donc libres...
Exactement.  A 100%. Nous avions un contrôle total sur l’écriture de l’album, chacun était disponible. C’était une période de "merde", mais elle a permis de nous isoler pour créer et donner le meilleur de nous-mêmes.

Ma première réaction a l'écoute du disque a été : « Wouah, c’est plus heavy et sauvage que jamais ! ». Dis nous Matt...tant de rage, tu t’es encore disputé avec ta Valentine ?
Non, ça va très bien avec ma chérie (rires). Pour moi il n’y avait rien de spécialement différent depuis les albums précédents. Juste une envie de lâcher plus de puissance. Oui, je voulais un album plus heavy, quelque chose de plus agressif. Je dirais que je ressentais un appétit pour de la musique heavy. Le temps était venu pour cela. Le résultat est là.

On le sent très bien ce côté heavy... Parle nous des paroles, elles sont très sombres, on sent de la colère. Quelles sont les thèmes que tu as abordés ?
Oh oui c’est sombre, c'est le reflet de l’époque dans laquelle nous évoluons. Nous évoquons les moments incertains que nous vivons. Il y a beaucoup de chansons évoquant les regrets du passé et l’incertitude du futur. La colère est l’expression de l’impuissance. Les choses ne devraient pas se passer telles qu’elles nous sont imposées. Nous exprimons la rage devant l’impuissance. C’est le cas avec "Rainbow Veins", probablement un de mes titres préférés, où la mélodie apporte de la fraîcheur à l’obscurité. Il y a toujours eu des chansons sombres chez BULLET FOR MY VALENTINE, cette fois-ci l’expression est peut-être plus poussée au travers de l’exécution musicale. Un mélange d’anxiété et de poésie, relevant certainement du contexte actuel qui a éprouvé notre santé et notre moral. La quête d’espoir aussi, on retrouve cela dans nos compositions.
 


Tu mentionnes le contexte actuel, peut-on dire que la pandémie a influencé l’écriture de l’album ?
Je dirais oui, mais pas de manière systématique. Certaines chansons nous les avions déjà en nous. Il y a un processus naturel de composition, nous posions les guitares sur les textes, à cela s’ajoute oui un peu l’époque dans laquelle se situe cette composition. On peut le ressentir en écoutant le tout avec du recul, tu le vois ce que je veux dire ?

Absolument, on peut ressentir cela en effet. Si tu devais choisir trois chansons de l’album, que tu voudrais mettre en avant, lesquels choisirais tu, et pourquoi ?
Je crois que "Knives" serait en haut de la pile, car ce fût la chanson catalyseur de l’album, elle pose l’empreinte heavy qui la caractérise. Ce fût la première chanson que nous avons enregistrée après une dizaine d’essais de morceaux qui n’étaient pas encore assez porteurs du... euh, du feu que nous recherchions. Oui, "Knives" a tout changé, notre façon d’écrire, et a montré la voie à suivre pour le reste. Ensuite je prendrai "I Can't Escape The Waves", le titre montre à merveille l’alchimie qui peut se dégager du groupe à l’œuvre, musicalement et lyriquement complémentaires. C’est un titre très différent de "Knives", très poétique, sombre et dense. Un autre titre ? Je choisirais probablement "Shatter" qui va un peu plus loin que nos morceaux habituels. Il est très mécanique, avec un tempo bas, j’adore les paroles. Et encore une fois, son contenu intense. Je suis très fier de ce titre.

Merci pour ces choix dont l’intensité que tu mentionnes devraient être partagés aisément par le public. Si tu devais analyser, comparer le BULLET FOR MY VALENTINE d’hier et d’aujourd’hui, quel regard porterais-tu dessus ? Après avoir été un groupe jeune et sauvage vous êtes aujourd’hui une formation bien établie sur les têtes d’affiche. Comment toi-même te sens tu après plus de 20 ans de carrière ?
Je pense que je suis toujours là même personne. Je suis toujours dévoué à la musique, motivé et impliqué, voulant délivrer ce que j’ai envie de jouer. Sortir de bons albums et donner le meilleur de moi-même. 20 ans après c’est toujours la même motivation, les mêmes buts et ambitions, donner le meilleur. Au final BULLET FOR MY VALENTINE n’a pas tant changé, même si notre aventure dans l’industrie de la musique à bien fonctionné. J’ai toujours la joie de la création, pour les autres membres c’est pareil, nous avons cette joie d’arriver à la fin de chaque album avec la satisfaction à la clé. C’est un monde fou dans lequel nous avons la chance d’avoir réussi à nous imposer, tout en restant nous-mêmes.

Parlons maintenant des tournées à venir, vous allez pouvoir jouer sur scène ce nouvel album, et notamment en France en février 2022...
Oui. Nous allons déjà démarrer une tournée en Grande Bretagne. Nous sommes heureux de remonter sur scène, c’est clair. Nous avons trois groupes anglais qui nous accompagnent, dont TESSERACT, un groupe bien heavy et cool. Ensuite ce sera l’Europe en janvier et février. Tout est bien lancé et j’espère que rien ne viendra contrarier la promotion de l’album. Nous voulons réellement reprendre la route. Actuellement être un musicien est difficile si on ne peut pas donner de représentation live.

Quand est-il de la set-list à venir, quels titres, anciens ou nouveaux, BULLET FOR MY VALENTINE tient-il à jouer scène ?
Oh, c’est une question difficile, car tu sais maintenant nous avons sept albums derrière nous. L’idée a toujours été de défendre le nouveau, nous sommes excités à l’idée de faire découvrir les nouvelles chansons. D’un autre côté tu dois donner au public ce qu'il réclame. Nous ne pouvons établir une set-list égoïste. Nous devons jouer pour les fans avant tout. Il y a par exemple "4 Words" issu du premier album, qui est incontournable. Et ensuite des titres phares jusqu’aux compositions d’aujourd’hui. "Knives" et "Shatter" en ferons notamment partie.

On vous attend avec impatience pour découvrir cela...
Oh oui mec, ça va être super fun et super heavy. Il est temps de revenir pour jouer.

Nous avons à présent quelques questions posées par des fans... Tout d'abord, à quel âge as-tu eu ta première guitare et sur quels morceaux tu t’es exercé ?
J’avais 14 ans quand j’ai eu ma première guitare, achetée avec de la l’argent de mes premiers jobs, et je me suis entraîné sur l’un de mes albums favoris, qui était le « Black Album » de METALLICA. Sans avoir pris de leçon j’essayais de recréer, de revisiter les morceaux. Tout seul avec mes oreilles et ma guitare (rires).

Quelles sont tes influences musicales et vocales principales ?
Les deux sont étroitement liées. Il y le "roi" Hetfield évidemment. Mon héros, mon idole, appelle-le comme tu veux. J’adore pratiquer en écoutant METALLICA. C’est le cas pour tout le groupe. Nous adorons leur travail.

Nous pouvons le constater, notamment sur ce nouvel album.
Absolument. C’est notre plus grosse source d’inspiration et d’influence.

Y a-t-il des groupes avec lesquels vous rêvez de jouer sur scène ?
Oh oui il y en toujours, même si au fil des années nous avons pu jouer avec la plupart des groupes que nous adorons.  Nous sommes chanceux. GUNS N' ROSES, METALLICA, IRON MAIDEN, SLAYER, Ozzy Osbourne... je sèche sur cette question.

Les fans te voient comme une rock-star, comment toi tu te vois et te définis ?
Avec mes propres mots ? Mec, je suis juste un gars comme tout le monde, je ne me suis jamais vu comme rock-star (rires). Je viens d’un petit village, j’ai vu arriver de grandes perspectives, je vis mon rêve, mais au final je suis surtout un mari et un père, comme tout le monde. Chanceux, mais un gars au final assez simple.

Merci, je comprends... qu'aurais-tu envie de dire aux fans de BULLET FOR MY VALENTINE avant vore venue en février 2022 à Paris et Toulouse ?
Je tiens à remercier tout le monde pour leur support, pour le temps que l’on nous consacre. BULLET FOR MY VALENTINE ne serait pas là sans vous tous. Vous êtes une énorme fan-base, merci pour votre présence, ça nous touche. Nous arrivons avec ce nouvel album et nous allons vous le jouer en live. Nous sommes toujours une bande de gars qui tiennent à vous offrir le meilleur. Rendez-vous dans les salle pour du Heavy Metal !


Un nouvel album qui vous préparera donc avant de retrouver les Gallois en 2022 en France, le 15 février à Paris, l'Olympia et le 18 février à Toulouse, au Bikini. La billetterie officielle est ouverte à cet endroit : BFMVFrance2022 - 2 concerts Olympia Production/Alias en partenariat avec HARD FORCE.
 


Blogger : Christophe Scottez
Au sujet de l'auteur
Christophe Scottez
Chris est ethnologue à ses heures perdues, vétéran des pogo joyeux en maillots de core. Un explorateur curieux, grand amateur de riffs et de chants sauvages. Il a grandi dans les glorieuses années 80, bercé par les morceaux canoniques d’ACCEPT, SCORPIONS, MOTLEY CRUE et autres GUNS N ROSES. Traumatisé par le divorce entre Max Cavalera et son groupe, ainsi que par un album des Mets un peu «chargé» en n’importe quoi, Chris a tourné 10 ans le dos au hard rock. Puis, un jour, il a par hasard découvert qu’une multitude de nouveaux groupes avait envahi la scène … ces nouveaux sauvages offraient des sons intéressants, chargés en énergie. Désireux de partager l’émo-tion de ce style de metal sans la prétention à s’ériger en gardien d’un quelconque dogme, il aime à parler de styles de metal dit classiques, mais aussi de metalcore et de néo-metal. Des styles souvent décriés pour leurs looks de minets, alors que l’importance d’un album est d’abord le plaisir sonore que l’on peut en tirer, la différence est la richesse du goût. Mais surtout, peut-on se moquer de rebelles coquets alors que les pères fondateurs du metal enfilaient des leggins rose bonbon et pouponnaient leurs choucroutes peroxydées ?
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