19 novembre 2021, 16:47

CORPUS DIAVOLIS

Interview Daemonicreator

Blogger : Clément
par Clément


C’est en 2008 que Daemonicreator et Lord Khaos ont formé CORPUS DIAVOLIS dans le sud de la France. Le groupe excelle depuis dans la création d'un black metal de premier ordre, qui pioche ses influences au sein de nombreuses écoles tout en développant sa propre marque de fabrique. Cela n'a pas échappé à Gérald Milani, responsable du label Les Acteurs de l'Ombre, qui s'apprête à sortir le quatrième album du groupe, « Apocatastase »,  enregistré et mixé par George Emanuel (ROTTING CHRIST, LUCIFER'S CHILD...). Voilà une occasion rêvée pour tailler le bout de gras avec Daemonicreator (chant / synthés) qui a pris le temps de présenter à HARD FORCE cette nouvelle offrande sous toutes ses coutures...


C'est aujourd'hui la sortie du quatrième album du groupe chez les Acteurs de l’Ombre. Dans quel état d’esprit es-tu ? A quelle date remonte la genèse de « Apocatastase » ?
Sa genèse remonte à 2017 et le premier titre sur lequel nous avons travaillé est l’éponyme "Apocatastase". Le processus fut long, douloureux et incertain, mais maintenant que la Bête est invoquée, nous sommes prêts à lui offrir le monde en sacrifice.

J’ai fait quelques recherches sur ce qu’était l’apocatastase mais cela reste encore flou. J’imagine qu’au vu de l’étymologie du mot qui correspond à "Restauration" ou "Rétablissement", cela a un lien avec un nouveau départ pour le groupe ?
Apocatastase est un terme de l'antiquité grecque qui signifie qu'à la fin des temps, toutes les choses seront "restaurées" sous une forme ou une autre. Il peut également être lié à la théologie chrétienne, mais nous aimons l'interpréter d'une manière satanique. Cette "restauration" est souvent invoquée dans nos paroles. Ce monde est tellement mauvais qu'il est fascinant d'imaginer un nouveau départ. Construire un nouveau monde où nous pourrons nous exprimer librement sans être limités par les dogmes religieux et sociaux. Le satanisme est une question de liberté totale et Satan est notre instrument de liberté. Pour atteindre ce but, une révolution est nécessaire. Il faut détruire tout ce qui est censé être "correct" et repartir de zéro. Musicalement, l'idée de "restauration" peut être reliée aux fondements du black metal, un style qui a beaucoup évolué, mais qui, au départ, défendait une volonté de se déshabiller de la sophistication et de la technique pour créer une musique bestiale et sincère. Cette figure raffinée et répétitive est devenue un support de transe, un portail vers le voyage intérieur. Ce n'est pas une nostalgie, mais une recherche constante d'expression, tout en s'appuyant sur les codes du style qui nous sont chers. A travers ses textes et ses atmosphères, l'album explore différentes techniques qui permettent de se reconnecter à cet état originel, proche de la nature, de la nature en général, mais surtout de notre propre nature profonde. Ces techniques sont directement issues de l'expérience et de la pratique personnelle des musiciens et de leur exploration des courants spirituels ésotériques. Le but ultime d'Apocatastase est de proposer un voyage hors de la réalité ordinaire.

Revenons rapidement à l’histoire du groupe. C’est en 2008 que le groupe a été formé à Marseille. Te souviens-tu de l’état d’esprit qui t’animait à cette époque ?
Mon voyage dans le black metal a commencé en 1997-98. A l'époque je jouais au sein d’un groupe nommé GLADES OF GLOOM et j'ai alors réalisé que ma vie devait être consacrée à la musique de Satan. Après quelques années d’apprentissage et de recherche j’ai rencontré Analyser, Lord Khaos et King Had, qui avaient les mêmes objectifs que moi. Ainsi fut créé CORPUS DIAVOLIS…

Jetons un coup d’œil dans le rétro, si tu ne devrais retenir qu’un seul évènement depuis la création du groupe, lequel te viendrais immédiatement à l’esprit : le pire et le meilleur ?
Le pire et le meilleur ça en fait deux… mais curieusement il s’agit du même évènement. En même temps que Les Acteurs de L’Ombre nous ont manifesté leur volonté de distribuer Apocatastase, notre batteur IX et le guitariste Lord Khaos nous ont annoncé leur départ pour des raisons personnelles et professionnelles. C’était une période intense, mais nous sommes parvenus à remonter un line-up assez rapidement.

CORPUS DIAVOLIS signifie "Le Corps du Diable" et le nom de votre tout premier EP est « Nightsky Orgia » : doit-on donc voir en ce patronyme un appel à la luxure ?
Oui, il suffit de se plonger dans les paroles d’Apocatastase et des albums précédents pour s’apercevoir que la luxure et l’orgie sont toujours d’actualité. Par contre si à nos débuts cette débauche était plus bestiale et primitive, aujourd’hui elle prend une forme plus codifiée, ritualiste et cérémoniale.

Passons à ce nouvel album. La première chose qui m’a frappé à sa réception est l’artwork, sombre et intrigant. Comment s’est déroulée cette collaboration avec le studio Khaos Diktator ?
Nous avons été séduits par le travail de Stefan / Khaos Diktator et les visuels qu’il a fait pour TEMPLE OF EVIL, PRISON OF MIRRORS ou encore CULTUS PROFANO. Son style, qui nous renvoie vers la peinture de la renaissance et inspirée par une approche ésotérique, nous plait beaucoup. Et notre choix s’est rapidement porté sur lui car il nous fallait absolument un artiste versé dans les arts obscurs pour retranscrire l’essence de l’album.  Nous lui avons transmis la musique et quelques références graphiques, puis on a échangé des croquis par mail. Le résultat était au-delà de nos espérances, il nous a régalé avec une vision exaltée du Sabbat.

La production de « Apocatastase », signée par George Emanuel est impressionnante de puissante, elle contraste avec l’approche qu’avait Greg Chandler sur l’album précédent, plus portée sur les nuances, le côté obscur de la musique du groupe. Pourquoi n’avez-vous pas souhaité collaborer avec lui à nouveau ?
Greg Chandler est un maître du doom. Le son britannique est imprégné de magie et de brume. Nous avons passé une semaine chargée de mysticisme au Priory Recording Studio et Greg a fait un excellent travail sur « Atra Lumen ». Cette fois-ci, nous recherchions la puissance écrasante d’un black metal plus agressif et dévastateur. La production du dernier album d'ACHERONTAS (« Psychic Death: The Shattering Of Perceptions ») a été suffisante pour nous convaincre de contacter George. Il est l'un de ces magiciens qui manipulent le son de façon particulière, pas seulement un ingénieur, mais un artiste.

Avec ce côté puissant, musclé, presque martial de votre son, on devine que cet album de CORPUS DIAVOLIS est taillé pour le live. Qu’en est-il ?
Tout à fait, nous avons hâte de manifester le Diable sur scène après 3 ans d’abstinence. Un premier concert a déjà eu lieu à Nantes le 6 novembre et trois autres sont prévus du 19 au 21 novembre à Marseille, Freycenet-La-Tour et Niort.

J’aimerais, pour terminer, que tu nous présentes ce coffret exceptionnel que propose Les Acteurs de l’Ombre pour les plus rapides à réserver leur exemplaire de ce nouvel album et que tu puisses en évoquer la genèse ?
Ce coffret est un accomplissement personnel en soi. Il contient tous les objets nécessaires pour effectuer un rituel afin que le praticien s’imprègne d’une ambiance mystique qui lui permettra d’apprécier au mieux l’album. Le coffret contient plusieurs artefacts élaborés dans les règles des anciens mystères et propose une expérience multisensorielle unique.
L’idée de départ est venue de Gerald, du label Les Acteurs de l’Ombre, qui avait déjà de l’expérience avec ce genre de boites collector. Au début, nous avons imaginé un chapelet, une bougie et un t-shirt en plus des supports audio, mais une fois la boite de pandore ouverte le projet a pris des dimensions gargantuesques. Le coffret en bois contient un guide de rituel, un petit chapelet, un gros chapelet, une fiole d’encens, une pastille de charbon, une boîte d’allumettes, un brûleur d’encens en métal, une bougie, une nappe d’autel, un T-shirt exclusif, une carte numérotée et signée par les membres du groupe, un CD digipack 3 panels impression pantone et découpé, un vinyle avec pochette et insert impression pantone… Et il me semble que cette liste n’est même pas exhaustive. Ça sera de loin l’objet le plus luxuriant jamais produit pour un groupe de black metal !

Merci pour ta disponibilité, que peut-on souhaiter à CORPUS DIAVOLIS en cette fin d’année 2021 ?
Triomphe et gloire !

Blogger : Clément
Au sujet de l'auteur
Clément
Clément a connu sa révélation métallique lors d'un voyage de classe en Allemagne, quelque part en 1992, avec un magazine HARD FORCE dans une main et son walkman hurlant "Fear of the Dark" dans l'autre. Depuis, pas une journée ne se passe sans qu'une guitare plus ou moins saturée ne vienne réjouir ses esgourdes ! Etant par ailleurs peu doué pour la maîtrise d'un instrument, c'est vers l'écriture qu'il s'est tourné un peu plus tard en créant avec deux compères un premier fanzine, "Depths of Decadence" et ensuite en collaborant pendant une dizaine d'années à Decibels Storm, puis VS-Webzine. Depuis 2016, c'est sur HARD FORCE qu'il "sévit" où il brise les oreilles de la rédaction avec la rubrique "Labels et les Bêtes"... entre autres !
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