20 novembre 2021, 11:30

Joe Satriani

Ses albums de blues préférés


Début novembre, le guitariste Joe Satriani a accordé une interview à Loudersound.com dans laquelle il évoque ses albums de blues préférés. On y apprend en préambule que le virtuose a pris des leçons de bebop dans les années 70 en compagnie du pianiste Lennie Tristano et que celui-ci lui a permis d’appréhender la musique d’une manière plus organique et spirituelle que fondamentalement technique stricto sensu.
C’est également par le modèle de son frère ainé que Satch a été mis en relation avec le blues, alors qu’il l’écoutait jouer de l’harmonica, tandis que de son côté, il expérimentait à la guitare des classiques de BLACK SABBATH, Jimi Hendrix ou des ROLLING STONES. Entendre jouer son frère du Muddy Waters ou John Lee Hooker l’a fasciné et, du jour au lendemain, lui a fait se poser des questions essentielles à son apprentissage. Il s’est donc mis lui aussi à en écouter plus assidument. C’est ainsi qu’il s’est alors rendu compte que les influences des artistes dont il était familier comme Hendrix, Jimmy Page ou Eric Clapton, prenaient leurs sources dans le blues de John Lee Hooker par exemple. A ce jour, Satriani précise que le blues reste l’un des principaux moteurs sur lesquels il s’appuie dans son style de phrasé et sa façon de jouer.  Bien entendu, impossible donc pour lui de ne pas citer quelques exemples de morceaux et musiciens qui ont eu sur lui, et sur la musique en général, un impact non négligeable. Allez, rendez-vous au croisement...
 

Jimmy Reed - "Little Rain"
« Ce morceau a quelque chose de magique, que ce soit la saturation, l’ambiance de la pièce où il a été enregistré, les micros. Tous ces titres ont cette magie en eux. Et entendre ceci m’a permis de ne plus jamais vouloir faire un focus sur la perfection. Courir après cela risque de vous empêcher de créer quelque chose de magique. Il y a plein d’imperfections dans cette chanson, comme l’accordage de la guitare, mais à l’écoute finale, ça n’a plus aucune importance. »


THE ROLLING STONES - "12 x 5"
« J’adorais tout ce qui constituait cet album étant gamin (…) et je me nourrissais de quelque chose que je trouvais fantastique. C’est cette deuxième génération de guitaristes blues que j’aimais, mais je n’avais pas la moindre idée d’où cela leur venait. Mon adolescence a été passée à le découvrir. »

B.B. King - "The Thrill Is Gone"
« Quand ma conscience s’est éveillée, cela a été pour me rendre compte que les groupes de rock que j’aimais célébraient tous des gars comme Howlin’ Wolf, Muddy Waters ou les King, Albert et BB. J’ai vu B.B. King en concert et j’ai halluciné. C’était dans un petit club de 200 personnes maximum. Il utilisait certaines sonorités pour donner plus d’âme aux chansons. A ses débuts, tout le monde cherchait à rivaliser afin d’être parmi les plus grands guitaristes, un jeu auquel il surpassa tout le monde de la tête et des épaules, tout en s’étant toujours astreint à faire la connexion entre les paroles et la musique, comme sur cette chanson. »


ZZ TOP - "Loaded"
« Billy Gibbons a réinventé comment écrire le blues à chaque nouvel album de ZZ TOP, c’est formidable. Tout le monde se concentre sur le jeu alors qu’en fait, c’est l’écriture qui présente un canevas au style. Il y a un disque qui s’appelle « Rhythmenn » où figure cette chanson, et c’était absolument sidérant. Billy joue avec un son de guitare cassé et ça a travaillé tout le monde de savoir comment il en était arrivé là, convaincant chacun que tout n’était qu'une question de son ! »


LED ZEPPELIN - "Since I’ve Been Loving You"
« J’ai été biberonné au son de Jeff Beck, Jimmy Page et Hendrix. C’est ce sur quoi j’ai commencé à jammer seul de mon côté. Des trucs comme "Since I’ve Been Loving You", un parfait exemple de composition à la structure empruntée au blues mais réalisée à leur sauce. Ils creusaient les bases, ils ne copiaient pas. J’adore le fait que Page ait toujours voulu s’éloigner de tout cela. Il ne pensait sûrement pas souvent qu’il pourrait pousser le truc à ce niveau, d’autres avaient alors de bien meilleures techniques que lui, mais ce qu’il faisait prenait toujours le dessus car c’était écrasant dans l’esprit. Tout ce qu’il a fait à la guitare devrait être considéré comme une technique à part entière. »


John Lee Hooker - "Boogie Chillen"
« La première fois que j’ai entendu John Lee Hooker, c’était au travers d’une vieille compilation qui démarrait avec "Boogie Chillen", "I’m In The Mood" et "Boom Boom". Je ne suis pas sûr qu’on puisse encore se procurer cette compilation mais on y retrouvait les versions originales. J’étais assis à l’écouter et je me disais « Oh mon dieu, il y a tant de choses qu’il fait passer par la voix ». A tel point que l’on pourrait passer le reste de sa vie à se demander quoi. Son style était le seul qui collait à l’esprit qu’il voulait transmettre dans ces chansons. Sa façon de jouer ne collait pas avec les groupes dans lesquels j’étais à l’époque alors je me suis plutôt intéressé à la manière dont il sonnait, et j’étais fondu de tout ce qu’il faisait. Les groupes comme les ROLLING STONES, les BEATLES, les DOORS, étaient extrêmement organisés en comparaison avec Hooker, qui restait sur un même accord autant qu’il le souhaitait avant de passer au suivant. Pour un gamin de banlieue, c’était un vrai mystère de rentrer dans le genre de gars comme Fred McDowell et d’en tirer quelque enseignement. »


Slim Harpo - "Shake Your Hips"
« Howlin’ Wolf et Muddy Waters avaient davantage de chansons structurées qui faisaient sens envers un jeune rocker que ce que pouvait proposer John Lee Hooker. Si tu vas vers des Robert Johnson et des Lead Belly, c’était genre « C’était tellement vieux, je capte rien. Pourquoi est-ce qu’ils utilisent cet accord à cet endroit ? » La première fois que j’ai découvert ces chansons, c’était grâce à des reprises, de la même manière que j’ai découvert Slim Harpo en écoutant « Exile On Main St. » des ROLLING STONES. Je suis donc allé dénicher les versions originales et me suis posé la question de savoir comment tout cela était fait. C’est en trouvant le blues que j’ai pu enfin apprécier à leur vraie valeur les groupes de rock que j’aimais, pour ce qu’ils lui avaient emprunté. Il existe des groupes qui l’ont mal fait mais ceux qui ont réussi l’ont fait avant tout avec beaucoup de respect et d’amour pour le blues. »


Eric Clapton - "From The Craddle"
« L’un de mes albums favoris est celui d’Eric Clapton, « From The Craddle ». J’adore l’approche de l'enregistrement live qu’il a eue sur ce disque. J’ai toujours été fan de Clapton mais ce disque est absolument remarquable. »

Blogger : Jérôme Sérignac
Au sujet de l'auteur
Jérôme Sérignac
D’IRON MAIDEN (Up The Irons!) à CARCASS, de KING’S X à SLAYER, de LIVING COLOUR à MAYHEM, c’est simple, il n’est pas une chapelle du metal qu'il ne visite, sans compter sur son amour immodéré pour la musique au sens le plus large possible, englobant à 360° la (quasi) totalité des styles existants. Ainsi, il n’est pas rare qu’il pose aussi sur sa platine un disque de THE DOORS, d' ISRAEL VIBRATION, de NTM, de James BROWN, un vieux Jean-Michel JARRE, Elvis PRESLEY, THE EASYBEATS, les SEX PISTOLS, Hubert-Félix THIÉFAINE ou SUPERTRAMP, de WAGNER avec tous les groupes metal susnommés et ce, de la façon la plus aléatoire possible. Il rejoint l’équipe en février 2016, ce qui lui a permis depuis de coucher par écrit ses impressions, son ressenti, bref d’exprimer tout le bien (ou le mal parfois) qu’il éprouve au fil des écoutes d'albums et des concerts qu’il chronique pour HARD FORCE.
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