20 novembre 2021, 18:24

OBSCURA

Interview Steffen Kummerer

Blogger : Clément
par Clément

« A Valediction », sixième album d’OBSCURA, est sorti le 19 novembre chez Nuclear Blast Records. Et celui-ci tient une fois de plus toutes ses promesses en poussant encore plus loin les limites de son death metal technique vers d’autres horizons. Malheureusement, il faudra encore patienter avant de découvrir ces nouveaux morceaux en live puisque le groupe a dû repousser sa tournée initialement prévue en fin d’année et désormais en septembre 2022. Cela n’a pas empêché Steffen Kummerer de prendre le temps de lever le voile sur ce nouveau méfait avec HARD FORCE quelques jours avant sa sortie...
 

Bonjour Steffen, comment te sens-tu à la veille de la sortie du sixième album d’OBSCURA ?
Bonjour Clément, je suis impatient, tout simplement ! Nous avons sorti le premier single extrait de l’album, "When Stars Collide" il y a quelques semaines et nous sommes ravis des premiers retours reçus de la part de nos fans et de la presse. C’est une grande satisfaction pour moi car cet album est l’aboutissement de plusieurs mois de travail dans des conditions qui, comme tu l’imagines, n’ont pas été simples à gérer avec cette pandémie. Les dates d’enregistrement ont notamment été retardées à plusieurs reprises. Il faut aussi avoir à l’esprit que nous ne sommes pas basés dans un seul pays mais que les membres du groupe habitent en Allemagne, aux Pays-Bas et en Autriche. Et que la situation relative à la COVID à ce moment-là dans ces trois pays au même moment n’a pas facilité les choses. Nous avons dû changer nos plans plusieurs fois mais cela n’a pas impacté le rendu de l’album puisque nous avons eu finalement plus de temps pour travailler à fond chaque morceau. C’est plutôt positif au final !

Comme tu le disais, cet album a été écrit, enregistré et finalisé pendant la pandémie dans divers studios aux Pays-Bas, en Autriche et en Allemagne, peux-tu nous en dire un peu plus à ce sujet ?
Le principal mot d’ordre était de s’adapter au quotidien dans ce contexte incertain. Tous les albums précédents ont été produits dans un studio situé tout près de chez moi, à Landshut. C’était assez simple : nous avons travaillé à chaque fois avec le même ingénieur du son ce qui facilitait la tâche pour chacun d’entre nous. Tout le monde s’arrangeait pour venir au studio, enregistrer ses parties en quelques jours, et voilà, le job était fait ! Cette fois-ci, la basse a été enregistrée aux Pays-Bas, la batterie en Autriche, les guitares en Allemagne et je suis parti en Suède pour travailler les parties de guitares acoustique avec Frederik Nordström ! Finalement comme tout était bien préparé, nous n’avons eu qu’à enregistrer tout cela sans sourciller comme si nous nous étions préparé pour assurer un live. Il ne nous restait plus qu’à délivrer la meilleure performance possible, ensemble, aux côté de Frederik.

La première chose que j’ai ressenti à l’écoute de cet album, c’est que celui-ci, tout en ayant la complexité que l'on attend d'OBSCURA, n’hésite plus à piocher ses influences au-delà du death metal technique qui est pourtant votre marque de fabrique...
Exact, je dirais aussi que « A Valediction » est l’album d’OSBCURA qui se prête le plus à une retranscription live. Nous l’avons d’ailleurs composé en ayant cela à l’esprit, que ce dernier devrait être le plus fédérateur possible lorsque nous le jouerions sur scène. Frederik Nordström, qui a produit l’album, qualifie d’ailleurs notre musique de "beyond metal" : il y a tellement de styles de metal dedans que « A Valediction » sort du strict cadre du death technique sur celui-ci. Tu pourras y retrouver des riffs inspirés par WHITESNAKE sur "When Stars Collide" par exemple, d’ailleurs ce morceau aurait tout à fait sa place dans les charts pop-rock et je n’ai aucun problème avec cela. Sur "Forsaken" ce sont des éléments acoustiques que tu peux retrouver tout comme du pur death metal sur "Devoured Usurper" ou "Heritage". C’est un album aux multiples couleurs, nous avons essayé de lui donner une richesse de textures et de sons comme nous ne l’avions jamais encore fait d’ailleurs. Et j’en suis très fier... comme tu peux te douter. En quinze années d’existence, OBSCURA n’a cessé de s’ouvrir à de nouveaux horizons afin que son style soit en évolution permanente.

En parlant de richesse de textures et de sons, chaque album d’OBSCURA, excepté le premier, dure plus de cinquante minutes. Considères-tu qu'en deçà de cette longueur, il pourrait être impossible pour le groupe de développer ses ambiances et le rendu global de l'album ?
Je vais être honnête avec toi, rien n’est planifié. D’ailleurs, pour ce nouvel album nous avions encore quelques morceaux supplémentaires dans la besace et le choix final a été particulièrement délicat. Je pense en revanche qu’il nous est impossible de tomber en dessous de cette durée, nous avons beaucoup de choses à dire et notre style, progressif, technique, implique de prendre le temps pour mettre en place les ambiances que nous recherchons. Je pense d’ailleurs que l’auditeur s’y retrouve... et qu’il en a pour son argent !

Mélodique et technique, « A Valediction » fait preuve d'un grand sens de l'homogénéité, comme si vous racontiez une histoire, quel est le fil conducteur entre chaque morceau ?
Chacun des onze morceaux forme en effet un tout qui est unique, d’ailleurs le track-listing est essentiel : nous l’avons trituré dans tous les sens pour que celui-ci soit parfaitement aligné avec l’ambiance générale que nous souhaitions insuffler sur l'album. Le premier morceau commence avec cette intro acoustique, un peu dans le style des vieux METALLICA, et le dernier se termine de la même manière comme si nous fermions ici un nouveau chapitre avant de repartir pour de nouvelles aventures. Quant aux textes, ils sont intimement connectés avec ce que j’ai vécu ces deux dernières années. J’ai perdu des amis mais aussi des membres de ma famille. Cela n’a rien à voir avec la Covid mais évidemment ces évènements ont eu un impact sur ma façon de penser la vie de tous les jours, sur le futur. Tu sais, je viens d’avoir trente-six ans et j’ai bien à l’esprit que plus je vais vieillir et plus cela aura des probabilités de se reproduire. C’est le sens de la vie et je ne peux rien y faire sinon l’accepter. Mais les textes de cet album restent malgré tout positifs, avec des morceaux qui te donnent envie d’aller de l’avant comme "When Stars Collide" ou "In Unity" parce que ces multiples départs autour de moi symbolisent aussi le début de quelque chose de nouveau, comme l’ouverture d’un nouveau chapitre. A ce titre, « A Valediction » est un peu comme un plat sucré salé, avec beaucoup de mélancolie comme sur "Incarnated" ou "A Valediction" et de rage comme sur "Devoured Usurper".

Tu évoques "When Stars Collide" sur lequel Bjorn "Speed" ​​Strid de SOILWORK effectue une prestation qui détonne. C'est seulement la deuxième fois qu'un invité prend part au chant sur un album d'OBSCURA...
Pour tout te dire, je suis un gros fan de NIGHT FLIGHT ORCHESTRA et SOILWORK et le fait que Bjorn ait chanté sur ce morceau est une heureuse coïncidence puisque nous étions à Göteborg, en plein enregistrement de l’album. Un jour, nous avons discuté avec Frederik sur la possibilité de faire intervenir un invité sur l’album et il nous a dit « Appelons Bjorn, voir s’il est disponible... », c’est aussi simple que cela ! Rien n’a été planifié, au contraire c’est une démarche très spontanée, Bjorn est venu en studio, il a posé sa voix sur ce morceau... et ça l’a fait !

En effet, et peux-tu nous dire ce qui se cache derrière ce titre : « A Valediction » ?
Il signifie véritablement un nouveau départ pour le groupe puisque nous avons changé de label, d’illustrateur et d’une partie du line-up ! Un chapitre de quinze années se clôt avec quatre albums connectés les uns aux autres et, maintenant, nous passons à autre chose. Ce n’est en aucun cas une malédiction, en tout cas je l’espère !

Justement, avec la sortie de « Diluvium » tu expliquais qu’un cycle de quatre albums s’achevait. Quel est ce nouveau cycle qui démarre avec « A Valediction » ?
« A Valediction » est le premier des trois nouveaux disques qui seront enregistrés avec Frederik Nordström et seront aussi illustrés par Eliran Kantor : tout cela pour mettre en place une ligne conductrice claire. Que ce soit avec l’artwork ou la musique, il est important pour nous de raconter une histoire qui ait du sens, un peu dans l’esprit des trilogies les plus connues comme celles du Seigneur des Anneaux ou Dark Knight.  Cela ne veut pas dire pour autant qu’il faut produire de la même manière chaque album et avoir trois artworks identiques mais il nous faut conserver ce fil rouge où l’auditeur retrouve un univers qui lui est familier…

Jeroen Paul Thesseling (bassiste) a quitté le groupe après l’enregistrement de « Omnivium » et le voilà de retour neuf ans plus tard au sein d’OBSCURA, c’est une excellente nouvelle...
Quand je recherchais des musiciens pour me rejoindre pour ce nouvel album, j’ai immédiatement pensé à Jeroen et ensuite tout cela s’est fait naturellement. Il y a dix ans, il a choisi de quitter le groupe pour plein de raisons, il ne faut pas oublier qu’à l’époque nous tournions comme des dingues avec une centaine de dates dans l’année puis nous enchainions avec le studio, c’était un rythme très intense ! C’est différent aujourd’hui puisque nous avons une véritable équipe, nous prenons le temps de nous préparer, de prendre du temps pour souffler. Mais au-delà de tout cela, on se connait par cœur avec Jeroen et il savait exactement ce qu’il fallait faire sur cet album. Il amène une fraicheur incroyable et en même temps il appose la patte qu’il a pu proposer aux débuts du groupe. C’est un plaisir de bosser avec quelqu’un comme lui !

Ce n'est pas le seul changement au sein du line-up puisque David Diepold a rejoint le groupe, remplaçant Sebastian Lanser...
David était au départ un remplaçant pour OBSCURA lors d’un festival, nous sommes restés en contact et quand le poste de batteur est devenu vacant le choix s’est imposé à moi sans réfléchir. David a un très bon niveau et il a amené de la puissance, de la force sur cet album. Je suis allé le rencontrer à Graz en studio et il m’a impressionné. C’est un jusqu’au-boutiste, un travailleur acharné, il a d’ailleurs contribué à certains arrangements sur l’album.

Ces derniers mots seront les tiens Steffen, merci pour le temps que tu nous as accordé, à bientôt sur les routes j’espère !
Un grand merci à toi Clément et à tous vos lecteurs. Je suis impatient de venir vous rendre visite l’année prochaine !
 

Blogger : Clément
Au sujet de l'auteur
Clément
Clément a connu sa révélation métallique lors d'un voyage de classe en Allemagne, quelque part en 1992, avec un magazine HARD FORCE dans une main et son walkman hurlant "Fear of the Dark" dans l'autre. Depuis, pas une journée ne se passe sans qu'une guitare plus ou moins saturée ne vienne réjouir ses esgourdes ! Etant par ailleurs peu doué pour la maîtrise d'un instrument, c'est vers l'écriture qu'il s'est tourné un peu plus tard en créant avec deux compères un premier fanzine, "Depths of Decadence" et ensuite en collaborant pendant une dizaine d'années à Decibels Storm, puis VS-Webzine. Depuis 2016, c'est sur HARD FORCE qu'il "sévit" où il brise les oreilles de la rédaction avec la rubrique "Labels et les Bêtes"... entre autres !
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