
Et de 3 ! AEPHANEMER, le plus classe des groupes de death metal symphonique frenchy est de retour, avec « A Dream Of Wilderness », un album signé chez Napalm Records, et oui Messieurs dames !
Petit résumé des épisodes précédents, histoire que les distraits ne se disent pas « encore un groupe imitant AMON AMARTH, SOILWORK et autres EPICA... » et passent leur chemin. Non, AEPHANEMER c’est un sacré groupe qui a sa propre identité et envoie des chansons en béton... enfin, en metal armé, depuis une dizaine d’années.
Tout a commencé il y a fort longtemps. On raconte que ce jour-là Jean-Baptiste Lully avait disparu entre les bras, ou plutôt la poitrine opulente, d’une courtisane coquine. Versailles était sens dessus dessous, aussi, pour apaiser sa majesté Louis le XIVème qui réclamait qu’on le divertisse, on convia une bande de ménestrels toulousains afin qu’ils exécutent une tragédie lyrique et héroïque. Personne ne fut déçu, bien au contraire, plus d’une perruque se défrisa dès les premières notes de "Antigone"... T’en as voulu de la tragédie lyrique ? Te voilà servi, Louis l’ensoleillé. Les riffs sont profonds, les soli te repeignent les plafonds de la galerie des glaces façon guitares et grâce, et les voix, mon Dieu, les voix alternent entre le growl guttural et les envolées mélodiques du plus bel effet. Marion a une voix qui impressionne avec sa diversité de gammes, on nage en pleine théâtralité musicale. "Antigone" éclipse l’astre solaire et aveugle avec sa beauté.
Avec "Of Volition", nous sommes un ton plus bas. Pas en intensité toutefois. On raconte que Louis le Bourbonnais se bidonnait bien en savourant la représentation dans les jardins. La légende veut que Jean-Baptiste Poquelin lui-même contribua à écrire les paroles du morceau phare, "Le Radeau de la Méduse". Dans le genre morceau "paie ta claque mon jouvenceau", AEPHANEMER retaille les bosquets de Le Nôtre à grands coups de cris et de riffs. Efficacité et originalité garantis. Restant dans le jardinage avec "Roots and Leaves", nous apprécions la vision des courtisans flagorneurs tricotant fiévreusement sur leurs souliers vernis dans l’ambiance crépusculaire. De la belle dentelle ciselée sur des cavalcades métalliques, des ronds de jambes et de basse harmonieux... non, je n’évoquais pas les ébats de la Pompadour avec son jouvenceau.
AEPHANEMER confirme le talent que je lui connaissais, je regrette que beaucoup l’ignore encore. Puissance et majesté. Sa place dans la demeure de l’astre royal s’impose d’évidence. Riffs et violons pour "Strider". Peinture musicale vivante d’une grande beauté, qui se poursuit à travers "Panta Rhei". L’exécution est parfaite, le dosage des instruments est magique, la rythmique et les chœurs puissants. Du metal moderne habité par les âmes de l’histoire de la musique. J’ai toujours préféré la Rome antique à la Grèce moderne...
On narre encore de nos jours comme le jeune Louis a applaudi la représentation de nos troubadours électriques. Il avait finalement du goût cet homme sans palais. S’en allant sous la couette le soir il réclamait "A Dream Of Wilderness" à l’ami Lully, avec force et cris ! La prochaine fois que vos pas vous amèneront dans les jardins labyrinthiques de Versailles, n’omettez pas d’écouter en simultanée le dernier album des Toulousains AEPHANEMER. Des riffs et du « dream ». Je n’invente rien, belle-maman ayant travaillé au château m’a apporté les archives.
AEPHANEMER a réussi avec brio son 3e tour de force. Un des albums de l’année assurément !