26 novembre 2021, 18:30

HYPOCRISY

Interview Peter Tägtgren

Parler du dernier album de HYPOCRISY est déjà un honneur en soi tellement « Worship » regorge de créativité et de richesse. Mais en discuter avec son leader/producteur est encore plus gratifiant, d’autant plus que Peter Tägtgren, aussi renommé soit-il, est un homme accessible, sympathique, drôle et surtout éminemment inspiré. Il nous a accordé un peu de son temps précieux pour parler de la nouvelle musique de HYPOCRISY, de sa genèse et de son symbolisme. Un entretien aussi intéressant que détendu.
 

Salut Peter, peux-tu nous dire depuis quand le nouvel album « Worship » est en préparation ?
Eh bien écoute, cela fait un long moment. En fait nous avons tourné avec HYPOCRISY pour la promotion de « End Of Disclosure » après 2013 et les concerts se sont terminés en décembre 2019. Du coup, on n’a jamais eu le temps de finir le nouvel album. Et puis, comme je joue avec trois groupes différents et que j’assure la production d’autres, le temps me manque parfois. Mais bon, tu sais on avait déjà douze albums sortis donc je ne me suis pas précipité pour « Worship », je ne ressentais pas d’urgence. Et puis, je ne sais pas, il me manquait l’étincelle, le petit coup de pouce qui me permettrait de finir l’album. Je ne peux pas écrire de musique si c’est dans l’obligation. J’ai besoin de sentir le feeling, l’inspiration qui fera que les fans seront contents de ce qu’on leur propose. J’ai donc attendu d’être inspiré et motivé. Et c’est maintenant le bon moment.

« Worship » semble faire le lien entre des éléments modernes et anciens, tant au niveau de la musique que des paroles. Commençons donc par le concept : l’album parle, entre autres, de la communication entre les humains et les extra-terrestres, sujet qui tient particulièrement à cœur à HYPOCRISY. Quels sont tes croyances à ce propos ?
Je ne sais pas trop. J’écris sur ce sujet depuis 1994. Ce sont en fait mes pensées sur le monde et comment je le perçois, la façon dont le gouvernement en parle et les écrits intéressants à ce propos ainsi que les recherches associées. Dans cet album, on a traité le sujet encore plus en profondeur mais aussi de façon plus... bizarre.

Est-ce que c’est un moyen pour toi de chercher une vie meilleure ailleurs ? D’échapper à la réalité ambiante, surtout en ce moment ?
Eh bien l’album a été écrit avant la pandémie, donc pas de rapport avec la situation actuelle, mais c’est plutôt une façon de plonger vraiment dans la réalité en fait. La plupart des gens sont trop aveugles pour la voir en face et c’est ce que j’essaye de faire passer comme message, d’un point de vue plus général aussi. Si tu regardes en 2013, la chanson "The Eye" parle à peu près de la même chose déjà : comment arriver à dépeupler tout un monde. Quand tu regardes Bill Gates et ses projets, c’est exactement ce qu’il veut faire : dépeupler notre planète Terre. Les gens sont très sceptiques, surtout actuellement. Alors c’est bien de les faire réfléchir autrement.

Tu y dénonces aussi l’abus de médicaments, notamment dans "Chemical Whore", le premier single de « Worship » ?
Oui, l’industrie pharmaceutique énorme a tendance à nourrir les gens de médicaments, qu’ils en aient besoin ou non. Ils arrivent à convaincre la population qu’elle a besoin de prendre des médicaments et donc, ils se font plein d’argent sur notre dos.
 


« Worship » est également un bon mélange entre le vieux son HYPCORISY et une nouvelle atmosphère moderne. Par exemple, la chanson-titre qui ouvre l'album est très acoustique puis totalement dévastatrice. Elle est très efficace et très bien choisie pour commencer l’album. Les titres s’enchaînent ensuite mais ne se ressemblent pas...
Ça c’est le travail du producteur ! Quand tu as onze chansons, il faut commencer à les mettre en ordre et c’est un véritable puzzle ! Elles doivent alterner, entre passages lents et rythmes dévastateurs comme tu dis. Je ne peux pas mettre trois ou quatre chansons rapides d’affilée puis trois ou quatre lentes. J’aime bien créer un ascenseur émotionnel pour nos fans. Comme en live en fait. Tu ne voudrais pas de toutes les chansons rapides d’abord puis toutes les chansons lentes à la fin du concert. Les gens ont besoin de se calmer, pour revenir plus enragés que jamais ensuite !

Ce doit être difficile de trouver le bon ordre, le plus pertinent...
Oui, ça l’est car en plus, je n’écris pas une chanson en fonction des autres, je l’écris avec mon cœur. Et en plus, quand tu as le nez dans ton travail pendant de longues heures, tu manques parfois de discernement.

Est-ce que tu sens plus de maturité dans cet album, plus de modernité ?
Je ne sais pas trop. En tous cas, il me semble plus naturel. Ce qui est sûr, c’est que c’est du HYPOCRISY car c’est moi qui l’écris, même si les autres gars ont apporté leur touche personnelle. S’il semble plus moderne, c’est parce qu’il a été enregistré... il n’y a pas longtemps ! Je voulais juste une production qui fasse vraiment voyager les fans, surtout pour les passages les plus lents sur lesquels j’ai vraiment mis l’emphase. J’ai du mal à me rendre compte du résultat car j’ai travaillé chanson par chanson mais j’espère que notre public aimera « Worship ». Nous avons fait de notre mieux en tous cas et je ne peux de toute façon plus revenir en arrière.

Vos fans l’adoreront sans aucun doute !
Je ne sais pas ! Je l’espère mais d’ailleurs avons-nous encore des fans ?...


​Tu dois avoir hâte de le présenter en live au public de façon à justement jauger sa réaction, non ?
Oh que oui ! On devait partir en tournée en octobre ou novembre au départ car l’album devait sortir en septembre mais avec la COVID, on a vraiment eu du mal à produire les vinyles notamment. Les usines travaillaient à rythme ou effectif réduit et tout a pris du retard et d’ailleurs encore aujourd’hui, il est difficile de circuler en Europe. On fera donc notre tournée l’année prochaine, ce sera plus judicieux.

Il semble que ta voix sonne différemment sur cet album, avec des tonalités plus variées...
Sûrement. Tu sais, quand je commence à lire les paroles et chanter, j’essaye des tas de styles différents sur chaque chanson. Je commence par exemple avec des growls, puis je me rends compte que ça ne correspond pas au rendu que j’attends, alors je chante plus aigu mais ça ne marche pas non plus. Je tâtonne jusqu’à trouver une tonalité parfaite pour l’émotion et le message que je veux transmettre. Mais ce sont mes propres goûts alors j’espère qu’ils conviendront à tous. J’essaye en tous cas d’être varié oui, je ne veux en aucun cas de monotonie dans les chansons. J’utilise donc vraiment ma voix comme un instrument.

Et c’est de plus en plus facile avec les années ?
Pas du tout ! C’est de pire en pire ! Mais ce n’est pas forcément la performance vocale qui est concernée, mais plutôt quoi et comment le chanter. C’est mon plus gros souci ! Beaucoup de maux de tête !
 


Tu peux nous parler de ta collaboration avec ton fils Sebastian sur l’album ? Tu dois être fier de travailler avec lui, sur ta musique qui plus est !
Oui, je suis très fier de lui. Il a commencé à écrire sur le dernier album déjà en 2013 et a collaboré à "Soldier Of Fortune". Il a commencé quand il avait 14 ans ou quelque chose comme ça. Il a ensuite fait "Mathematik" pour LINDEMANN, il est un peu partout. Il a beaucoup de talent, mais est super fainéant ! Mais je le soutiens dans tout ce qu’il entreprend.

Il y a une chanson qui est très typique du son mid-tempo HYPOCRISY, "We’re The Walking Dead". Tu ne crois pas qu’elle va devenir un de vos tubes ?
J’ai du mal à dire quelles chansons sont bonnes, lesquelles le sont moins. Mais je l’aime beaucoup aussi. Je suis très content de toutes les chansons que j’ai écrites, à voir si le public suit.

La pochette de « Worship » est également très intéressante. Il y a plein de choses, plein de symboliques avec la pyramide Maya, le peuple qui semble vénérer un Dieu ancien, les lumières venant du ciel. Penses-tu que les anciennes civilisations avaient un savoir que l’on a perdu ?
Oui, j’en suis persuadé. Ces savoirs se sont perdus au moment des grandes migrations, quand les gens ont commencé à peupler tous les recoins de la planète. Par exemple, les Maya ont pour ainsi disparu. Ils étaient très intelligents avec leurs calendriers et d’un coup, plus rien. C’est bizarre. Quand tu vois l’évolution de l’homme en 200 000 ans mais surtout ces 150 dernières années où tout s’est accéléré, je pense que quelqu’un a modifié notre ADN pour nous rendre plus intelligents. Mais maintenant, on devient trop intelligent. Et ça ce n’est pas bon ! Je pense qu’une autre civilisation nous regarde mais qu’on ne la laissera jamais entrer dans notre Voie Lactée. Je ne sais pas, ce sont juste mes pensées, mes théories et mes paroles. Cela se reflète bien sûr sur la pochette de l’album. Ces vaisseaux qui reviendraient chercher ce qu’ils ont semé car maintenant on est bien trop stupides.

Qu’est-ce qui est le plus important pour toi aujourd’hui ?
Sûrement, jouer en live, voir les fans réagir à notre musique, c’est ce qui nous booste. J’adore jouer sur les petites scènes où on peut presque toucher la foule, plus que dans les grands festivals où la scène est séparée du public, qui semble si loin ! Mais les festivals ont du bon aussi. Cela permet de toucher un public différent. Espérons que tout cela arrive au plus vite ! •


Blogger : Aude Paquot
Au sujet de l'auteur
Aude Paquot
Aude Paquot est une fervente adepte du metal depuis le début des années 90, lorsqu'elle était encore... très jeune. Tout a commencé avec BON JOVI, SKID ROW, PEARL JAM ou encore DEF LEPPARD, groupes largement plébiscités par ses amis de l'époque. La découverte s'est rapidement faite passion et ses goûts se sont diversifiés grâce à la presse écrite et déjà HARD FORCE, magazine auquel elle s'abonne afin de ne manquer aucune nouvelle fraîche. SLAYER, METALLICA, GUNS 'N' ROSES, SEPULTURA deviendront alors sa bande son quotidienne, à demeure dans le walkman et imprimés sur le sac d'école. Les concerts s'enchaînent puis les festivals, ses goûts évoluent et c'est sur le metal plus extrême, que se porte son dévolu vers les années 2000 pendant lesquelles elle décide de publier son propre fanzine devenu ensuite The Summoning Webzine. Intégrée à l'équipe d'HARD FORCE en 2017, elle continue donc de soutenir avec plaisir, force et fierté la scène metal en tout genre.
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