
Il suffit parfois d’un simple coup d’œil sur l’épais CV de musiciens pour savoir à qui l’on a à affaire. Dans le cas des Suédois THE LURKING FEAR, le constat est implacable puisque ses membres actuels font partie de prestigieuses écuries telles AT THE GATES, THE HAUNTED, LOCK UP ou encore TORMENTED. Et qu’ils sont passés par les rangs de MARDUK, BRUJERIA, EDGE OF SANITY, CRADLE OF FILTH ou PARADISE LOST pour ne citer que les plus connus. Pas exactement des nouveaux-venus, encore moins des enfants de chœur au vu du death metal sanguinaire qu’ils pratiquent avec amour depuis plus de cinq ans au sein du groupe. Et ce deuxième album, « Death, Madness, Horror, Decay » ne faillit pas à la règle. Mieux que ça, il s’annonce sous les meilleurs auspices dès les premières minutes avec le furibard duo d’ouverture "Abyssal Slime" / "Death Reborn" qui témoigne d’une envie d’en découdre bien palpable. Et cela constitue aussi un bon avant-goût des dix brûlots suivants qui donneront des sueurs froides aux plus endurcis d’entre vous ! L'album est homogène (contrairement à son prédécesseur) et le rythme tourne à plein régime jusqu’au final dodu "Leech Of The Aeons", bourré de mélodies viriles. Il est impossible de faire l’impasse sur ce groove à décoller le bassin qui fera trépigner jusqu’au dernier des nostalgiques de la grande époque du death metal.
Ajoutez au contenu un contenant à la hauteur avec cette obscure pochette de toute beauté troussée de main de maître par un Stefan Thanneur (à la manœuvre sur certains artworks pour SVART CROWN, RUINS, SKELETONWITCH ou YEAR OF NO LIGHT) fort inspiré. Le tout est façonné avec amour par Per Stålberg dans son antre du studio Welfare Sounds... où a aussi été enregistré le dernier méfait (excellent) d’AT THE GATES. Quant à la prestation des Suédois : rien à redire, Tomas Lindberg, accessoirement growler chez AT THE GATES (dont j’ai placé le nom trois fois dans une chronique qui ne parle pas du groupe !) s’adonne ici avec sauvagerie au raclage de gosier façon papier émeri. Mais ce n’est pas tout, le travail phénoménal abattu par la paire Fredrik Wallenberg / Jonas Stålhammar aux guitares tout comme celui d’Adrian Erlandsson derrière les fûts renvoie directement à ces ambiances magiques que les DEATH, AUTOPSY ou ASPHYX troussaient avec passion sur leurs premiers méfaits. Andreas Axelsson n’est pas en reste lui aussi, le bougre martèle sa basse avec une sauvagerie dont il est impossible de ne pas se délecter : yabon ! A noter que les versions digipak et digital offrent deux reprises en bonus, "The Curse" de SLAUGHTER et "Seance" de POSSESSED.
Sur « Death, Madness, Horror, Decay », THE LURKING FEAR affiche une nouvelle fois la couleur dans sa quête de remise au goût du jour d’un death metal typique de la fin 80. C’est sale, c’est gras, c'est bon...et on en redemande !