3 décembre 2021, 23:59

FESTIVAL DE NOËL - MERCYLESS + PUTRID OFFAL + UNBORN + ODONATA

@ Limoges (CCM John Lennon)

Blogger : Crapulax
par Crapulax

Parfois tout semble aller de travers ! Regardez par exemple la frugale série de concert de Noël (4 dates au total) prévue cette année par le collectif limougeaud Execution Management : après la défection d'OBSCURA programmé pour la seconde soirée (tournée européenne reportée à 2022), c'était au tour d'une autre tête d'affiche, LOUDBLAST, d'annuler pour cause de COVID-19.

Comme on pouvait s'y attendre, il n'y avait donc pas vraiment foule au centre culturel John Lennon où le préposé à la musique d'ambiance n'avait rien trouvé de mieux que de gratifier de rap hispano-américain un public disparate refroidi par la nouvelle (avant qu'il ne se fasse lyncher ou qu'il se mange 2 ou 3 gobelets en plastique en pleine poire, une âme charitable lui a d'ailleurs passé discrètement un CD de SEPULTURA qu'il a prudemment laissé tourner en boucle entre chaque set...).

Autre signe que tout allait de travers : les locaux ODONATA venus in extremis prêter main forte. Leur doom psychédélique, en total décalage avec la thématique "death metal" de la soirée, a pourtant su hypnotiser l'auditoire et présenter de fort jolies choses et ce malgré un niveau technique assez faible. Aucune descente de toms, jeu de cymbales réduit à son strict minimum, infra-basses mal définies, chœurs féminins résumés à la seule syllabe A (alors qu'on sent que ça peut apporter beaucoup à leurs compos, quel dommage !), absence d'éléments pour rehausser l'ambiance (brouillard, bougies, totems) et pour couronner le tout l'éclairagiste de la salle (sûrement un cousin du préposé à la musique...) qui a fini par comprendre au bout du quatrième titre des limougeauds à quel moment déclencher les lumières... Bref ! En dépit d'évidentes lacunes, tout le monde a clairement discerné un vrai potentiel encourageant chez ODONATA

Avec les creusois UNBORN, très statiques eux-aussi (un défaut récurrent des groupes amateurs qui abordent la scène comme une répète studio améliorée, trop obnubilés sur la propreté de leur jeu et pas assez sur ceux qui les regardent ou l'image qu'ils transmettent), les choses commencent enfin à se mettre en ordre. Leur death sans fioriture mais bien maîtrisé (deux albums au compteur, « Inhumation » en 2012 et « Ferox » en 2020) se révèle relativement efficace avec un bassiste/chanteur dont la voix et la présence n'est pas sans rappeler celles de Jan-Chris de Koeijer, le leader charismatique de GOREFEST. Belle prestation !

Avec PUTRID OFFAL on saute directement de la division d'honneur en première division : la différence de niveau est flagrante ! Décors de la morgue aux petits oignons, costume de circonstance (blouse blanche crépie de sang et visages blêmes), présence scénique totale, communion avec le public, énergie à revendre : on ne survit pas à 30 ans de metal sans engranger un minimum d'expérience et sans rester motivé ! Sorte de créature Frankenstein ou de savant fou aux longs cheveux grisonnants, le grand escogriffe Fred Houriez maltraite sa Warwick de ses riffs de basse en assurant les backing vocals avec le niveau technique d'un boucher-charcutier en pleine crise de démence ! De l'autre côté de la scène c'est encore pire : Philippe Reinhalter est littéralement possédé par le diable à la guitare (une magnifique BC Rich Legacy white pearl), haranguant la foule au-delà de la déraison, vomissant les textes sans utiliser de micro en tirant sans arrêt la langue : un grand spectacle à lui tout seul ! Quant au hurleur de service Franck Peiffer, sorte de clone de Angry Anderson de ROSE TATTOO en plus compact, il a pris le lead en patron en sachant entraîner la centaine de fans comme il fallait en les faisant hurler comme s'ils étaient le triple du nombre ! Leur batteur remplaçant Julien Helwin enfin, moins dingue que les trois autres parce que plus concentré (et accessoirement assis sur un tabouret) a assuré l'intérim haut la main. Il fallait un effort de concentration pour écouter ses excellentes parties de batterie sans être diverti par les malades mentaux gesticulant sans arrêt sur scène mais ça valait vraiment le coup ! Au top du top, PUTRID OFFAL !

Enfin, deuxième fleuron de l'écurie Xenokorp avec le groupe précédent, MERCYLESS investit les lieux bien décidé à faire oublier l'absence regrettable de LOUDBLAST. Avec un solide soliste en plus et un batteur qui déménage à mort et dont les aptitudes dépassent celles du strict univers metal (on a eu un léger aperçu lors de la balance qui en dit long), le niveau technique atteint ici son apogée. Au menu des réjouissances : un long détour par le référentiel « Abject Offerings » (5 titres dont "Without Christ", "A Message For All Those Who Died" et "Substance Of Purity") et par leur cinquième album « Unholy Black Splendor » ("I Vomit This World", "Probably Impure", "God Is Dreaming", "Infamy") pour seulement un extrait du second « Coloured Funeral » ("Spiral Of Flowers") et bizarrement aucun du dernier album dans la set-list. On aurait bien aimé entendre sur scène les puissants et magnifiques "Descending To Conquer" et "Rival To The Nazarene" mais bon tant pis ! Ce sera sans doute pour une autre fois !

Loin d'être une fête mémorable vu que la mariée n'était pas venue aux noces, c'était tout de même ce soir-là l'occasion ou jamais de prendre une bonne salve de death metal en live avant un très, très long moment puisque le prochain rendez-vous dans cette salle en février (la tournée "Hell Over Europe" d'ABORTED avec BENIGHTED, HIDEOUS DIVINITY et THE ACACIA STRAIN en première partie) a été lui-aussi annulé. Foutue COVID !

Blogger : Crapulax
Au sujet de l'auteur
Crapulax
Véritable touche-à-tout venant du metal underground : ancien animateur radio de l'émission TRANSAM ROAD (1989/1995), rédacteur de fanzines (CREME D'ANDOUILLE), ex-chanteur et guitariste rythmique au sein du groupe de Post-Hardcore SCREAMING SHORES (2006/2011). Également artiste graphique : affiches de concerts, jaquettes de démos, logos, caricatures de stars du Metal et divers comics (SEXUAL TENDENCIES, PAPY METAL, NEOBLASPHEMATEURS).
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