7 décembre 2021, 17:50

DIABLATION

"Allégeance"

Album : Allégeance

Par le plus grand dessein cruel envers le chanteur Vicomte Vampyr Arkames (AD INFERNA, ex-SETH), l'histoire de la quintessence du mal occis retiendra qu'il possède la plus étincelante voix éructante qui soit diablement à jamais présente au sein du black metal français. Cette guillotine musicale aiguisée prête à l'emploi suintant, invoque sa propre inclinaison pétrie de douleur et se veut accoucher, lascivement, d'une magistrale vendetta sonore anoblie en pleine conscience. Nul besoin de chiner de faibles quiproquos évocateurs, nous assistons à la genèse flagellée de DIABLATION, tel un ardent phénix en proie à une désinvolture fulminée des plus souillées. 

L'incinération d'un passé révolu en une déclinaison de projets émérites, faisant foi désormais, le Vicomte français s'est littéralement rassasié à l'instar de l'autre Comte norvégien (Grishnakh) d'un dur labeur discographique émasculé. Que dire de cet hymne au vampire, acte I ou maudire après l'écoute astrale de ses vocaux ciselés et déchirés en lambeaux tressés de cordes eraillées ? 
Ce retour viscéral aux origines d'un style maintes fois imité par légion d'obscurs mécréants pourrait revêtir le sceau hermétique de "Supreme Sardonic Evil" en droite et parallèle lignée du "Supreme Vampiric Evil" des non moins initiateurs puritains du style hauntain de CRADLE OF FILTH. 

Avec une délicatesse perfide et hostile en un hymne au vampire, acte II, vous succomberez en une vile disgrâce consentie à l'écoute déviée de ce premier rituel musical meurtri, qui mélange sémantique éthérée, hédonisme ajusté et discipline effrontée. Prophétisé depuis plus de deux longues et funestes décades, par le cercle de la renaissance, la boucle est initiée en une ouverture abrasive de compositions possessives à souhait au sein de ce chef-d'œuvre de connaissance éthérique et de souffrance idyllique nommé chastement « Allégeance ».

Sur l'autel cérémoniel d'un titre attrayant et cuisant au fer rougeoyant comme "Aigle du Mal, Aigle de Sang" qui revêt une atmosphère d'inquisition exquise et de ferveur maladive, l'auditeur est plongé dans les limbes éhontées de sa propre torpeur malaisante. Afin de parfaire une globale architecture cendrée de morceaux feutrés comme "Ego Daemonium" où s'imposait le choix irrémédiable d'un supplément vocal taciturne, c'est belle et bien la tessiture sinistre et narrative de RMS Hreidmarr (GLACIATION, BAA', THE CNK, BMH, ex-ANOREXIA NERVOSA) qui se voit être conviée à ce dantesque banquet mi-luciférien, mi-wagnérien de premier rang. Ce complément d'art ostentatoire propre au redouté hurleur de « New Obscurantis Order » (2001), magnifie la noirceur fœtale de ce titre captivant, enivrant et déroutant en bien les silences d'outre-tombe sanctifiés de cette réflexion sacralisée. 

Des neuf pièces tiraillées et composées par V. Orias A. (ex-AD INFERNA), on s'évertue dans une impitoyable impuissance abyssale, à accueillir un déluge de riffs angoissants et tranchants au sein de titres terrassants comme "L'Ordre Hermétique des Âmes" et "La Noirceur des Limbes". En guise d'un enterré adieu psalmodié, on ne peut qu'être admiratif de ce corrosif doublet final "La Nuit Obscure de l'Âme" (Partie I et II), qui clôture cette enclave parcheminée au goût prononcé d'une messe noire enluminée de flammes instrumentalisées.

Il est à méditer en dignité écartelée que ce premier blasphème sonore de DIABLATION est à déposer savamment en diagonale spectrale des Finlandais mesquins DIABLERIE et du suédois orphelin DIABOLICAL MASQUERADE. Il s'inscrit viscéralement de plus, comme la suite idéologique et misanthropique du brûlot académique « Les Blessures de l'Âme » (1998) d'un certain SETH qui, dans les yeux du serpent, prête symboliquement allégeance, le temps d'un chapitre des plus éthiques et dithyrambiques à la fois.

DIABLATION dépeint une ode majestueuse de black metal incandescent, décadent et irritant dans une soie concise de torture éprise entre OBTAINED ENSLAVEMENT « Witchcraft » (1997), AKLYS « Melinoë » (2020) et ARCTURUS « La Masquerade Infernale » (1997); à la... mémoire de nos frères dix-huit jours précédant la naissance d'une autre forme d'allégeance, cette fois-ci étatique et dogmatique à foison...

Blogger : Charles CesÂme Zampol
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Charles CesÂme Zampol
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