8 décembre 2021, 19:24

THE LURKING FEAR

Interview Jonas Stålhammar

Blogger : Clément
par Clément

Implacable, voilà un adjectif qui sied comme un gant au nouvel album des Suédois THE LURKING FEAR, « Death, Madness, Horror, Decay » paru le 19 novembre dernier chez Century Media Records. Composé de vieux briscards de la scène death qui roulent actuellement leur bosse au sein d’AT THE GATES, THE HAUNTED, LOCK UP, TORMENTED ou BOMBS OF HADES, le groupe envoie ici douze brûlots qui donneront des sueurs froides aux plus endurcis d’entre vous ! Et ce n’est pas le guitariste Jonas Stålhammar​ qui vous dira le contraire...
 

Salut Jonas. Avant de rentrer dans le vif du sujet, je voudrais revenir sur ce qui s'est passé au moment de la création du groupe quelque part en 2016...
Hello Clément. Le groupe s’est formé à cette période avec la volonté de réunir cinq bons potes sous le signe du death metal old-school ! Tout ce qui nous a motivé à unir nos forces c’était de jouer ensemble sans se prendre la tête, tout simplement. Et puis au fil des mois et des répétitions, cette aventure a commencé à prendre une tournure plus sérieuse puisqu’à peine un an plus tard nous sortions notre premier EP, « Winged Death », en édition limitée sur mon propre label (Moondawn). Notre premier album, « Out Of The Voiceless Grave » est quant à lui paru dans la foulée chez Century Media Records. Comme tu peux le constater, nous avions envie de battre le fer tant qu’il était chaud !

Au vu de la place que prennent vos formations actuelles, doit-on considérer THE LURKING FEAR comme un side-project ?
Non ! C’est un véritable groupe à part entière et nous lui accordons la même importance qu'à nos autres formations. Certes, nos activités parallèles prennent de la place dans notre quotidien mais nous ne considérons pas THE LURKING FEAR comme un simple side-project. Nous y mettons la même énergie qu’au sein de nos autres groupes, c’est une évidence à nos yeux !

Depuis ses débuts, que ce soit dans son patronyme comme vos textes, le groupe semble baigner dans l’univers de H.P. Lovecraft...
Comme de nombreux fans de metal, j’étais un lecteur avisé de H.P. Lovecraft lorsque j'étais plus jeune. Cet auteur a le don de te filer des frissons comme aucun autre ! Au-delà de son influence évidente sur une bonne partie de la scène avec ses créatures aux noms ésotériques, Lovecraft possède une imagerie, un univers à part dans lesquels nous nous retrouvons. Et puis THE LURKING FEAR comme nom de groupe, c’est assez explicite je trouve !

En effet ! Revenons donc à votre actualité : le deuxième album de LURKING FEAR « Death, Madness, Horror, Decay » vient de sortir chez Century Media Records...
Oui et nous en sommes très fiers. Sur le premier album nous avions tous composé quelques morceaux et tu pouvais retrouver la patte de chacun d’entre nous sur l’ensemble des titres avec des sonorités très lourdes, des envolées hardcore et des mélodies typiques du death suédois. Et parfois, je dois reconnaitre que cela partait un peu dans tous les sens. Sur « Death, Madness, Horror, Decay », nous avons travaillé pour proposer un ensemble plus cohérent, plus homogène. Et je pense que nous y sommes arrivés. Alors pour faire simple : si vous avez aimé le premier album, vous allez adorer celui-ci !

Tomas LIndberg au chant considère cet album comme « le vilain beau-fils du dernier album d'AT THE GATES »...
C’est très bien résumé ! Et c’est un membre d’AT THE GATES qui te dit cela (rires).

D’ailleurs, comme au sein d’AT THE GATES, tu utilises le Mellotron et l'orgue sur « Death, Madness, Horror, Decay »...
C'est exact. J’adore ces instruments ! Ils apportent une touche d’exotisme sur l’album et contrairement à ce que l’on pourrait penser, l’orgue et le mellotron possèdent tous les deux un son très heavy qui colle à merveille au metal. Sur "Kaleidoscopic Mutations", cela sonne vraiment bien. D’autant que sur ce morceau, ces sonorités contrebalancent avec les vocalises lugubres de Chris Reifert (AUTOPSY). Le tout possèderait même quelques consonances... psychédéliques (rires).

Le producteur Per Stalberg a une nouvelle fois fait un travail formidable sur « Death, Madness, Horror, Decay », comment s’est déroulée votre collaboration ?
Nous considérons Per comme un membre du groupe à part entière. Il a tout de suite compris comment notre musique devait sonner ! Comme tu peux l’imaginer, le fait que l’on travaille une nouvelle fois ensemble n’est pas le fruit du hasard. Il a produit les deux derniers AT THE GATES tout comme le « Death Mask Replica » de BOMBS OF HADES, il commence donc à bien connaître certains d’entre nous ! Mais cela va plus loin que cela. Fut une époque où tous les groupes déboulaient aux studios Morrisound, Sunlight Studios ou aux studios Fredman pour avoir la production clés en main et nous souhaitions à tout prix éviter cette "uniformisation du son" pour ce nouvel album. Je trouve qu’il n’y a rien de plus banal que de sonner comme son petit voisin sous prétexte que le producteur est tendance. Per a produit un certain nombre de disques mais reste encore loin des projecteurs et cela qui nous convient bien.

L'aspect visuel de l'album n’a pas été négligé lui aussi avec ce superbe artwork réalisé par Stefan Thanneur...
En effet, nous avons une relation spéciale avec Stefan qui s’est aussi occupé du premier artwork avec son doigté si unique ! Nous avons à nouveau fait appel à lui car c’est l’un des rares à pouvoir transcrire en images l’univers sombre et mystérieux de notre musique et par extension l’imagerie associée à l'oeuvre de H.P. Lovecraft. Cette pochette a quelque chose d’irrésistiblement attractif, comme l’entrée d’une porte qui conduit dans une autre dimension. Je suis, à titre personnel, très attaché au visuel d’un disque qui doit être le droit prolongement de sa musique. En fait je me mets dans la peau d’un collectionneur de vinyle pour chaque sortie : il faut que la pochette soit forte, qu’elle ait un impact graphique puissant pour constituer un objet unique dans sa discographie.

En tant que musicien actif depuis plus de trente ans au sein de la scène metal, qu'est-ce qui t’as le plus marqué en termes d'évolution du style au fil des années ?
J’ai l’impression d’être centenaire quand je réponds à cette question (rires). J’ai démarré en effet en sortant mes premières démos avec ABHOTH à la fin des années 80 donc j’ai vu passer un paquet de modes... mais je suis toujours là ! J’ai connu la fin du thrash puis l’explosion du death metal au début des année 90. J’ai assisté à la montée en puissance du black au milieu de ces années et subi la période creuse du metal extrême à la fin de cette décennie. Et depuis 2003/2004, je me réjouis du retour cinglant du death metal, à la façon d’un boomerang qui te reviens en pleine tête. Comme pour toute "mode", il y a des cycles plus ou moins porteurs et je trouve que depuis quelques années, il est plutôt favorable pour le metal extrême. Mais qui sait ce qui sera à l’affiche demain ?

Au moment de regarder dans le rétroviseur, je sens comme une certaine nostalgie lorsque tu évoques cette période de la fin des années 80...
Oui et non, je ressens de la nostalgie quand je pense à l’insouciance qui me caractérisais à l’époque. Nous prenions nos instruments pour répéter, travailler, progresser ensemble sans se prendre la tête. C'était du 0% pression, 100% passion ! Ce côté impulsif, direct, sans compromis me manque parfois mais j’essaie malgré tout de conserver intacte cette fougue malgré les années qui défilent. Et lorsque je mesure tout le chemin parcouru, une certaine fierté m’anime parce que je suis un passionné. Je n’aurais rien fait si je n’avais pas été un fan de musique avant tout ! C’est là où je puise mon énergie : dans ma passion pour cette musique et au-delà de cette passion, j’ai aussi besoin de créer, d’apporter ma contribution à l’édifice. Et pour en revenir à ta question, en plus de trente ans de carrière, j’ai pu constater que de nombreuses choses avaient changé comme la digitalisation des supports de diffusion ou l’explosion du format vinyle. L’état d’esprit aussi, à moins que ce ne soit moi qui vieillisse trop vite (rires).

Cependant, on peut donc conseiller cet album de THE LURKING FEAR aux lecteurs de HARD FORCE... Merci jonas !
Un grand merci à toi Clément et aux lecteurs de HARD FORCE, tout simplement ! Avec THE LURKING FEAR nous n’avons aucune autre prétention que celle de jouer la musique que nous aimons, comme nous le voulons et nous espérons que vous prendrez votre pied à l’écoute du nouvel album...
 

Blogger : Clément
Au sujet de l'auteur
Clément
Clément a connu sa révélation métallique lors d'un voyage de classe en Allemagne, quelque part en 1992, avec un magazine HARD FORCE dans une main et son walkman hurlant "Fear of the Dark" dans l'autre. Depuis, pas une journée ne se passe sans qu'une guitare plus ou moins saturée ne vienne réjouir ses esgourdes ! Etant par ailleurs peu doué pour la maîtrise d'un instrument, c'est vers l'écriture qu'il s'est tourné un peu plus tard en créant avec deux compères un premier fanzine, "Depths of Decadence" et ensuite en collaborant pendant une dizaine d'années à Decibels Storm, puis VS-Webzine. Depuis 2016, c'est sur HARD FORCE qu'il "sévit" où il brise les oreilles de la rédaction avec la rubrique "Labels et les Bêtes"... entre autres !
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