31 janvier 2022, 20:15

VENOM PRISON

Interview Ash Gray

Blogger : Clément
par Clément

Groupe en vue depuis son tout premier album paru en 2016 chez Prosthetic Records, « Animus », qui révélait alors un incontestable talent dans le matraquage d'esgourdes à grands coups de death metal bien viril, le clan gallois VENOM PRISON a parié sur une prise de riques pour son prochain album. En effet, « Erebos », à paraître le 4 février chez Century Media Records. s'affranchit de l'exercice de style pour ouvrir son horizon vers d'autres styles tout en gardant intact sa puissance de feu originelle. Voilà l'occasion rêvée pour faire le point avec Ash Gray, l'un des deux guitaristes du groupe, à quelques jours de l'arrivée de ce disque dévastateur...
 

Bonjour Ash ! Il ne reste plus que quelques jours à attendre avant la sortie de votre quatrième album. Dans quel état d’esprit es-tu à l’approche de cette échéance ?
Eh bien, écoute, je me sens vraiment bien ! Ce nouvel album marque le début d’une nouvelle collaboration que j’espère fructueuse avec Century Media Records et je dois reconnaître qu’en termes de promotion et de visibilité pour le groupe, cela devrait changer la donne. Même si nous avions quand même commencé à nous forger une petite réputation avec la sortie de nos albums chez Prosthetic Records. Et à juger par les retours positifs que nous avons reçus lors de la diffusion de nos deux premiers singles, "Judges Of The Underworld" et "Pain Of Oizys", de nombreux fans attendent l’album avec impatience, cela fait chaud au cœur ! 

Votre dernier méfait sorti en 2019, « Samsara », œuvrait dans un death metal moderne et puissant alors que « Erebos» semble, lui, s’aventurer vers d’autres horizons musicaux...
Tout à fait ! L’ambition du groupe, depuis ses premiers pas en 2014, a toujours été de ne pas refaire le même album deux fois de suite. Ici, l’écart est encore plus flagrant puisque Larissa Stupar, notre chanteuse, a encore progressé et s’affranchit du growl sur certains morceaux pour s’essayer au chant clair. Et je dois dire que le résultat est à la hauteur de son investissement dans cette nouvelle orientation. L’arrivée de Joe Bills au poste de batteur en 2019 a également amené du sang neuf et de nouvelles influences dans notre musique. Nous continuons aussi avec Mike (basse) et Ben (deuxième guitare) à développer notre jeu pour ne plus nous limiter strictement au pur death metal. Peut-être que le groupe arrive à un âge de raison... qui sait ? (rires)

J’imagine d’ailleurs qu'avec son côté très atmosphérique, mélodique, "Pain Of Oizys", votre deuxième single, a dû surprendre certains de vos fans... 
Oui et c’est voulu. Comme je te le disais, nous avons eu à cœur de sortir de notre zone de confort et d’essayer certaines choses qu’aucun d’entre nous n’aurait imaginée il y a deux ans de cela. Ce morceau en est la plus belle illustration : il est porté sur les émotions et le chant à fleur de peau de Larissa colle à merveille avec les ambiances très sombres conférées par les parties de claviers. Les textes aussi ont été écrits dans cette même optique puisqu’Oizys est une divinité qui symbolise la misère, la solitude et la détresse dans la mythologique grecque. Le titre était très approprié puisque tout l'album est basé sur cette même mythologie grecque et la façon dont celle-ci reflète notre société actuelle. 

On peut aussi penser que votre signature avec Century Media Records vous ouvre des publics que vous n’auriez peut-être pas pu cibler auparavant ? 
Oui, c’est l’un des labels metal les plus influents depuis longtemps et cela va forcément nous faire franchir un cap. Mais « Erebos » n’a pas été composé dans la seule optique de plaire aux responsables du label (rires), il est le reflet de notre évolution en tant que musiciens, de nos envies aussi, tout comme le contexte lié à la pandémie qui nous a touchés pendant ces deux dernières années. Larissa ne l’a pas forcément bien vécu par exemple et c’est le cas de nombreuses autres personnes dans notre entourage. D’ailleurs, c’est en observant ce monde frappé par la pandémie qu'il a trouvé son inspiration pour certains textes, elle s'est retrouvée comme happée dans ce chaos incontrôlable. Souviens-toi de ces images terribles avec des unités de soins intensifs pleines à craquer de patients intubés et la propagation rapide de conspirations hystériques sur les réseaux sociaux. Ce climat anxiogène a pris une grande part de responsabilité dans l’écriture de l'album.

Cet album, au-delà d’un style plus ouvert et d’une volonté affichée de sortir du cadre imposé jusqu’ici, bénéficie aussi d’une production dantesque... 
C’est le moins que l’on puisse dire ! C’est la production la plus puissante que nous ayons eue jusqu’à présent. Elle offre un niveau de profondeur inédit à notre musique, chaque instrument sonne comme il se doit. De l’enregistrement jusqu’au mastering, Scott Atkins a fait un boulot phénoménal sur « Erebos » ! Nous sommes friands, par exemple, du son qu’il a modelé sur les derniers albums de nos compatriotes CRADLE OF FILTH. Nous lui devons une fière chandelle ! 

Depuis votre premier album, vous confiez la direction artistique à Eliran Kantor. Celui-ci a une nouvelle fois exécuté une pochette impressionnante... 
Eliran Kantor commence à bien nous connaître, en effet (rires). Nous avons commencé à travailler avec lui alors qu’il n’était pas encore sous les feux de la rampe comme c’est le cas depuis quelque temps. Le courant est tout de suite passé entre nous et il a un vrai don pour mettre en images notre musique et les thématiques associées. Cette collaboration était encore une fois une évidence et nous ne regrettons pas une seconde ce choix. Ici, il a su représenter la mort, l’innocence et la violence avec son doigté si typique, ce qui est plutôt logique après tout puisque "Erebos" est bel et bien celui qui est né du chaos. 

Eliran Kantor est aujourd’hui très populaire au sein de la scène metal, tout comme Paolo Girardi... 
Oui, mais même si Eliran a une "patte" particulière, je ne pense pas que le fait qu’il soit sollicité par de nombreux groupes puissent nuire à sa créativité. Nous avons chacun un univers propre dans lequel il peut laisser libre cours à son imagination. Prends par exemple Dan Seagrave, artiste très courtisé dans les années 90 par la scène death metal, il a su tirer à chaque fois le meilleur de l’univers de chacun des groupes pour lesquels il a travaillé. Son style est identifiable en un clin d’œil, certes, mais c’est aussi un gage de qualité incontestable.
 


Revenons sur les textes, où tu disais précédemment que la pandémie a tenu une large part de responsabilité dans les thématiques choisies... 
C’est exact mais ce foutu COVID n’est pas l’unique responsable. Sur un morceau comme "Judges Of The Underworld", nous abordons le sujet de la violence et de la pauvreté. Une violence omniprésente dans notre société, sur les réseaux comme à la télé, qui prend de l’ampleur dans ce contexte actuel de pauvreté et d'inégalités. Un individu peut être à la fois victime mais aussi le témoin et l'agresseur à différents moments et dans différentes situations. Comme je l’expliquais précédemment, le thème de l'isolement pesait aussi sur les épaules de Larissa lorsqu'elle écrivait les paroles de l’album. Le confinement l’a amenée à réfléchir à la façon dont l'isolement est utilisé à des fins plus néfastes à travers le monde, en particulier au sein du système carcéral. La détresse psychologique d'être coupé des autres humains, allant à l'encontre de notre propre nature en tant qu'êtres humains, a été ressentie dans le monde entier, intensifiant la solitude qui était endémique avant même que ce virus ne fasse des siennes. "Castigated In Steel And Concrete" évoque à ce titre les conséquences psychologiques qui peuvent survenir pour les prisonniers au bout d’un certain temps et dont la plupart ne se remettent jamais. 

Vous arrivez aujourd’hui à un point crucial de votre carrière, gardes-tu toujours à l’esprit ces moments qui ont donné naissance à VENOM PRISON quelque part en 2014 ? 
Bien sûr. Tout simplement parce que cela nous permet aussi de garder les pieds bien ancrés dans le sol et de se rappeler d’où l’on vient. Si ma mémoire ne me fait pas défaut, nous avons eu l'idée de former le groupe pendant l’été 2014. A la base, il était constitué de Larissa et moi et nous venions juste de quitter nos groupes respectifs. Je jouais alors au sein de BRUTALITY WILL PREVAIL et Larissa chez WOLF DOWN. Nous vivions tous les deux en Allemagne à l'époque et nous avons décidé d'écrire quelques chansons ensemble et de voir comment cela se passait. Résultat : à la fin de l'année, nous avions cinq chansons dans la besace, prêtes à être enregistrées ! Nous avons déménagé au Royaume-Uni en janvier 2015, et nous avons demandé à Ben de rejoindre le groupe et de jouer de la guitare pour nous, puis ce dernier a refilé le tuyau à Jeff pour qu'il puisse jouer de la basse. Ensuite Joe, notre ancien batteur, nous a rejoints et l’aventure VENOM PRISON a véritablement démarré en tant que groupe. C'est aussi simple que cela ! 

Quel est le disque qui a le plus squatté ta platine en 2021 ? 
Il y a eu beaucoup de très bonnes choses qui sont sorties mais c’est sans aucun doute « This Place Will Become Your Tomb » de SLEEP TOKEN qui m’a retourné de la première à la dernière seconde ! L’univers de ce groupe est mystérieux, fascinant, inclassable ! (NDR : si vous souhaitez en savoir plus sur cet album, n’hésitez pas à lire la chronique de Sly en suivant ce lien)

Pour terminer, que peut-on souhaiter à VENOM PRISON pour 2022 ? 
Plein de choses ! Mais avant tout, continuez à supporter vos groupes préférés, il y a plein de manières de le faire que ce soit en achetant leurs disques, en se rendant sur les plateformes de streaming ou tout simplement en leur envoyant un mail ou en laissant un commentaire sur leur page Facebook. En l’absence de concerts et de tournée, tous les musiciens ont plus que jamais besoin plus de votre soutien. Et merci aussi à vous, HARD FORCE, pour cette opportunité de présenter VENOM PRISON à vos lecteurs...


Trouvez votre exemplaire de « Erebos » en suivant ce lien : VenomPrisonErebos
 


© Venom Prison - DR

Blogger : Clément
Au sujet de l'auteur
Clément
Clément a connu sa révélation métallique lors d'un voyage de classe en Allemagne, quelque part en 1992, avec un magazine HARD FORCE dans une main et son walkman hurlant "Fear of the Dark" dans l'autre. Depuis, pas une journée ne se passe sans qu'une guitare plus ou moins saturée ne vienne réjouir ses esgourdes ! Etant par ailleurs peu doué pour la maîtrise d'un instrument, c'est vers l'écriture qu'il s'est tourné un peu plus tard en créant avec deux compères un premier fanzine, "Depths of Decadence" et ensuite en collaborant pendant une dizaine d'années à Decibels Storm, puis VS-Webzine. Depuis 2016, c'est sur HARD FORCE qu'il "sévit" où il brise les oreilles de la rédaction avec la rubrique "Labels et les Bêtes"... entre autres !
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