23 janvier 2022, 17:30

OCEANS

Interview Timo Rotten

OCEANS est un tout jeune groupe qui compte seulement cinq années d'existence mais qui produit une musique d'une grande qualité. Son énergie, ses mélodies, sa hargne et ses textes forment un mélange précis et efficace pour un post-metal entraînant et profond. Avec un nouvel EP « Hell Is Where The Heart Is - Part. I: Love And Her Embrace », qui promet une suite tout aussi intéressante, le quartet va sûrement conquérir un large public. Timo Rotten, chanteur et guitariste du groupe, nous parle de cette première partie très bien pensée...
 

Vous avez une nouvel EP qui vient de sortir et qui s'intitule « Hell Is Where The Heart Is - Part 1: Love And Her Embrace ». Il semble que ce format court convienne bien à OCEANS puisque c'est déjà le quatrième depuis le début de votre carrière.
Oui et non. Le premier EP était quelque chose de naturel pour simplement nous introduire dans le milieu alors que nous n'avions pas encore de label. On ne voulait pas sortir un album complet en premier. Et aujourd'hui, c'est principalement à cause de la situation sanitaire. On n'a pas la possibilité de faire de réelles tournées et sans elles, il n'y a pas grand intérêt à sortir un album plus long. Le système fonctionne comme cela : tu sors un album puis tu pars en tournée pour rentabiliser l'argent que tu as investi dans l'album. Et là on n'a pas cette possibilité, on ne peut que dépenser de l'argent ! Et la production de l'album, les vidéos, la promotion... ça coûte des sous. On est donc contents quand on peut un peu avoir un retour sur investissement. Et comme on produit beaucoup...

Eh oui ! Vous êtes très productifs. Vous existez depuis 2017 et vous avez déjà 4 EP et un album à votre actif, vous avez signé chez Nuclear Blast Records... Vous devez être fiers de la façon dont vous progresser non ?
Oui, c'est vrai que signer chez Nuclear Blast Records est une réelle réussite, c'est très cool. Surtout que quand j'étais jeune, tous les groupes que j'aimais bien étaient sur ce label et je me suis toujours dit qu'un jour ce serait mon tour. Mais bon, j'ai dû attendre d'avoir 30 ans et de jouer de la musique depuis 15 ans pour finalement atteindre ce but. On est donc très fiers oui. Mais ce qui est magique avec OCEANS, c'est que tout roule facilement. Le processus d'écriture se fait facilement, la promotion est facile... On a de la chance.

Et du talent non ?
Euh merci mais des fois même des groupes qui ont du talent n'ont pas l'inspiration pour écrire de nouvelles chansons mais nous on arrive à écrire non-stop. Je croise les doigts pour que ça dure.

Comment composez-vous vos albums ?
Eh bien on n'est jamais ensemble dans une seule pièce car on vit loin les uns des autres. Thomas (Winkelmann, le bassiste) vit à Berlin, Patrick (Zarske, le guitariste) vit à Coburg en Allemagne aussi et notre batteur et moi vivons tous les deux à Vienne en Autriche. Donc on ne répète jamais ensemble. Alors, pour la plupart des titres, je suis seul dans mon studio à écrire. Mais les autres apportent des riffs et des idées. Pour cet EP, Thomas et Patrick se sont particulièrement investis dans les paroles. J'ai juste fait quelques ajustements pour que ce soit plus facile pour moi de les chanter. On se plonge donc tous dans l'écriture des albums mais pas ensemble.
 


Cet EP est une "1ère partie", cela veut donc dire qu'il y aura une suite... Tout est déjà prêt ?
Je pense oui qu'il y aura une suite, il semble que ce serait logique, mais qui sait, c'est peut-être un leurre ! Non, il y aura une suite mais qui sait combien de volumes ? Un, deux, dix... ? Je ne peux pas te le dire maintenant. Mais je peux te donner quelques indices : pendant que nous sortions notre précédent EP « We Are Nøt Okay », on avait déjà l'idée de sortir un album complet. C'était en 2021. Mais comme la pandémie ne s'est pas arrêtée, on a décidé de sortir un EP à la place. Il y a donc d'autres façons de sortir 10 ou 12 chansons que de les publier toutes d'un coup... Si tu regardes notamment les groupes de rap, ils sortent 3 ou 4 albums par an en ce moment. C'est totalement dingue ! On ne pourrait pas faire ça car la production pour le metal est vraiment différente. Mais je vois aussi que de nombreux groupes se servent du streaming pour sortir des singles. Le bon compromis est de produire des EP avec des vidéos qui sortent régulièrement.

Donc, ce n'est pas trop compliqué de trouver les chansons qui vont ensemble pour chacun des EP ?
Je ne sais pas parce que de ce fait, les gens qui écoutent beaucoup de musique en streaming vont tomber sur une ou plusieurs de nos chansons et pourront ensuite s'intéresser au reste de l'album. Et ceux qui sont férus d'albums complets, comme je le suis moi-même, n'auront qu'à saisir notre nom et ils auront l'EP en entier et cela ne leur prendra pas longtemps à écouter et ils ne se lasseront pas. L'avantage c'est qu'on n'a pas besoin d'écrire 12 titres qui vont ensemble et comme l'ensemble est déjà prévu, il suffit juste de faire les bons choix, de couper l'ensemble du gâteau en parts égales.
 


​Il y a déjà deux singles extraits de l'EP et des vidéos correspondantes : une pour " The Awakening" et une autre pour "Sulfur". "Skin" aura-t-il son clip lui aussi ?
Ce serait super car j'ai plein d'idées folles ! Mais les vidéos coûtent beaucoup d'argent... On n'est qu'en janvier et on a déjà cet EP qui est sorti, deux vidéos qui en sont extraites... Si on sortait des vidéos pour chaque titre, on serait à la rue en ce moment !

Nuclear Blast Records doit aider non ?
Oui mais si je vais vers eux et que je leur dis « J'ai besoin de 5 EP et 13 vidéos... », je ne crois pas qu'ils aimeraient le concept ! Il y aura d'autres vidéos tout de même, mais plus tard.

En effet... Qui s'occupe de tout l'aspect visuel d'OCEANS ? Notamment les vidéos...
Jusqu'à présent on a tourné la plupart de nos vidéos par nous-même. On en a tourné plus d'une dizaine depuis 2018 qui sont sur YouTube. En général, on prend quelques amis avec nous, on choisit les décors, on fait le maquillage... et on tourne. Mais "Sulfur" est la première vidéo que l'on a tourné de manière professionnelle, avec quelqu'un que nous ne connaissions pas et c 'était génial. C'était une fabuleuse expérience. On avait juste à venir avec nos chansons sur le lieu dit, au jour prévu. Il nous a dit le jour même ce que nous devions faire. Alors comparé à toutes les vidéos précédentes sur lesquelles on avait travaillé pendant des semaines avant, là c'était un peu les vacances ! On était très détendus du coup.

Cela permet aussi d'avoir un point de vue extérieur non ?
Oui, en fait, on était là en tant que musiciens et pas en tant que metteurs en scène ou réalisateurs ou managers ! C'est cool.
 


Parlons un peu musique : il y a trois chansons sur « Hell Is Where The Heart Is - Part 1: Love And Her Embrace » qui sont très différents les unes des autres. " The Awakening" par exemple est très énergique mais aussi très mélodique. En fait, c'est un titre très accessible et fédérateur. Qu'en penses-tu ?
Oui, je pense que cette chanson va nous ouvrir beaucoup de portes. Je ne peux pas dire que c'est un tube en puissance mais elle permet à plein de gens de voir simplement que l'on existe et de toucher pas mal de monde. Bien sûr, elle n'est pas représentative car je ne crois pas qu'on ait une chanson qui synthétise toute l'essence d'OCEANS, mais c'est un bon point de départ : il a des growls, des voix claires, des guitares heavy mais aussi des mélodies, et puis la tristesse qui est une grande partie de ce que l'on représente. C'est également une chanson très positive, en tous cas pour nous !

Quant à "Sulphur", elle est beaucoup plus agressive, plus crue, plus brutale, bien qu'elle comporte des breaks très dépressifs et lents. De quoi parle ce titre ?
Elle est très heavy en effet, pleine d'émotions. Elle est peut-être moins accessible que "Awakening" mais elle est aussi plus touchante. Les chansons de l'album tournent autour du même thème : l'amour, d'où le sous-titre. Avec "The Awakening" le principe était de remercier quelqu'un qui t'a aidé. Pour "Sulfur" c'est différent. C'est difficile à expliquer à quelqu'un qui ne connaît pas le titre. La première partie, qui est très rapide, agressive représenterait les moments de lutte dans un couple, les disputes. Et parfois, quand tu es très en colère, tes paroles ou tes actes peuvent dépasser tes pensées. La deuxième partie, plus lente et mélancolique, représente le regret, le mea culpa, le fait que tu te rendes compte à quel point tu as fait du mal à l'autre, mais aussi à quel point l'autre t'a blessé.

Et enfin quel est le message derrière "Skin" ?
C'est aussi une chanson d'amour bizarre, probablement la plus géniale des trois citées. Mais elle va plus loin car elle traite des désordres mentaux associés. Elle fait un peu le lien entre tous les titres de l'album. Elle traite du fait de penser que tu n'es pas assez bien pour être aimé car tu ne t'aimes pas toi-même. Et tant que tu as ce genre de pensée, tu ne peux pas aimer les autres non plus.

C'est un peu la marque de fabrique d'OCEANS de traiter des problèmes mentaux et de tout ce qui se passe dans notre esprit en général. Est-ce la vie quotidienne qui t'inspire ou crées-tu des situations complètement imaginaires ?
Un peu des deux mais beaucoup de ce que nous écrivons vient de ce que l'on vit tous les quatre. On a tous eu ce genre de problèmes. Thomas par exemple est allé en thérapie pendant de nombreuses années pour soigner une dépression. On a aussi des connaissances qui rencontrent ce genre de problèmes et même dans nos métiers, on rencontre des moments très tristes. On essaye d'inclure tout cela dans notre musique pour la rendre la plus authentique possible. Cela permet aux gens qui rencontrent ce genre de problème de se dire qu'ils ne sont pas seuls. La musique ne va pas les guérir mais elle peut leur permettre de leur donner de l'espoir ou de les faire traverser des moments sombres plus sereinement. Je l'espère en tous cas. C'est ce que nous voulons faire depuis le début. Même si on joue une musique sombre et agressive, on essaye de montrer que la lumière est au bout du tunnel.

Pour terminer, et à propos de la pochette, peux-tu nous en dire un peu plus sur cette peinture ?
Nous avons embauché quelqu'un qui a dessiné cette peinture à l'huile. Ce que tu vois n'est en fait qu'une partie de la peinture, comme l'EP qui n'est qu'une partie d'un tout. Il y aura donc d'autres parties du dessin avec les autres parties de notre musique. C'est passionnant. En plus, je n'ai jamais vu la peinture en vraie ! Avec la pandémie, je ne l'ai vue qu'en photo et c'est très frustrant. Je l'ai d'ailleurs commandée pour l'accrocher dans mon salon. J'espère en tous cas qu'elle attirera l'attention de nos auditeurs et qu'elle sera aussi une bonne porte d'entrée sur notre musique. Nous comptons sur vous pour nous en faire un retour.

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Blogger : Aude Paquot
Au sujet de l'auteur
Aude Paquot
Aude Paquot est une fervente adepte du metal depuis le début des années 90, lorsqu'elle était encore... très jeune. Tout a commencé avec BON JOVI, SKID ROW, PEARL JAM ou encore DEF LEPPARD, groupes largement plébiscités par ses amis de l'époque. La découverte s'est rapidement faite passion et ses goûts se sont diversifiés grâce à la presse écrite et déjà HARD FORCE, magazine auquel elle s'abonne afin de ne manquer aucune nouvelle fraîche. SLAYER, METALLICA, GUNS 'N' ROSES, SEPULTURA deviendront alors sa bande son quotidienne, à demeure dans le walkman et imprimés sur le sac d'école. Les concerts s'enchaînent puis les festivals, ses goûts évoluent et c'est sur le metal plus extrême, que se porte son dévolu vers les années 2000 pendant lesquelles elle décide de publier son propre fanzine devenu ensuite The Summoning Webzine. Intégrée à l'équipe d'HARD FORCE en 2017, elle continue donc de soutenir avec plaisir, force et fierté la scène metal en tout genre.
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