5 mars 2022, 10:00

SABATON

Interview Pär Sundström


A l'occasion de la sortie de "The War To End All Wars", nous sommes allés à la rencontre de Pär Sundström, bassiste et membre-fondateur de SABATON. Il y évoque les raisons pour lesquelles le groupe parle à nouveau de la Première Guerre Mondiale, les conséquences de la pandémie de COVID-19 sur le groupe et le bonheur de remonter sur scène. 
(NB : cette interview a été réalisée avant les récents événements en Ukraine et dans l'attente de reprogrammation de la tournée européenne après le report de dates).


​D'où vient l'idée de refaire un album sur la Première Guerre Mondiale ?
Pär Sundström : Nous étions vraiment très satisfaits de "The Great War" (2019), jusqu'à ce que la tournée soit interrompue par la pandémie, ce qui nous a empêchés de poursuivre le cycle de cet album jusqu'au bout. Nous savions que beaucoup de gens n'avaient pas eu la chance de voir la tournée autour de ce disque. Quand nous sommes retournés en studio, nous nous sommes dit que nous allions poursuivre le même sujet, parce qu'il est passionnant et qu'il restait énormément de points à aborder. Faire un nouvel album autour du même thème donne une nouvelle dynamique à "The Great War", qui sera aussi représenté sur scène. Un autre point important : une fois "The Great War" achevé et paru, les fans nous ont envoyé plein d'idées auxquelles nous n'avions pas songé. C'est comme ça que nous avons pensé faire "Christmas Truce", qui n'a d'ailleurs pas été enregistrée dans le cadre de "The War to End All Wars", mais auparavant. Nous voulions qu'elle soit prête pour Noël.

Est-ce pour ça que ce titre semble "à part" dans l’album ?
Ça se tient, vu qu'il n'a pas été enregistré comme les autres. Certes, on peut reproduire pas mal de sons d'une session à l’autre, l'atmosphère lors de l'enregistrement reste différente. Quand nous avons enregistré "Christmas Truce", nous avons fait "The Royal Guard" dans la foulée. C'était une période durant laquelle nous étions frustrés et en colère, ce qui se ressent probablement à l'écoute.

"The War to End All Wars" semble organisé différemment que "The Great War", avec "Sarajevo" en ouverture, qui évoque le début de la guerre, et "Versailles" qui la conclut. Vous n’avez pas suivi cet ordre chronologique pour le reste de l’album…
Non. Nous voulions un album qui se tienne, avec des dynamiques amenées au bon moment. Si nous devions faire les morceaux en fonction de l'ordre chronologique de ce qu'ils racontent, nous aurions mis "Christmas Truce" en premier, mais ce n'est pas le meilleur morceau d'ouverture. Nous avons donc décidé de choisir l'ordre des morceaux en fonction de la musique, puis nous avons ajouté "Sarajevo" et "Versailles" au début et à la fin pour encadrer le tout. Ces deux morceaux communiquent entre eux, puisque c'est plus ou moins la même mélodie, mais l'un est en mineur et l'autre en majeur.

"Hellfighters" semble être votre morceau le plus brutal jamais écrit. Correspond-il à un processus d'écriture particulier ?
C'est effectivement notre morceau le plus brutal. Il a été écrit par Chris (Rörland, guitare) et Joakim (Brodén, chant). Tous les morceaux ont un point de départ différent. Celui-ci part d'un riff de Chris, qui écoute pas mal de thrash et de metal moderne. Ça l'a influencé. Alors que Joakim est plus porté sur le classic rock et le metal plus traditionnel. Ces éléments lui ont donné son identité.

Votre line-up semble s'être stabilisé depuis quelques années. Est-ce que ça facilite le processus d’enregistrement ?
C'est super, on se connaît mieux et on se fait confiance. Cela nous a permis de fluidifier le processus d'enregistrement, surtout avec la situation sanitaire qui a fait changer certaines méthodes. On a dû apprendre à être plus souples, travailler chacun de notre côté tout en communiquant, ce qui est plus facile quand on se connaît. Tout le monde était bien préparé, malgré la situation.
 

"Quand j'assiste à une conférence de presse sur la pandémie et que je vois quelqu'un dire qu'il n'y aura peut-être plus jamais de concerts, ça me met hors de moi !" - Pär Sundström


Justement, comment la pandémie vous a-t-elle affectés ?
De bien des manières ! Ça fait mal à tous les musiciens, parce que le coeur de notre activité est la scène. Et c'est ce que la pandémie nous a empêchés de faire. Certains membres adorent enregistrer en studio. Mon truc, c'est le live, c'est pour ça que je me suis mis à jouer. Il y a aussi d'autres problèmes. Par exemple, cela prend plus de temps de reprogrammer les tournées et tout ce que ça implique comme logistique que d'en organiser une du début. Cela m’impose, moi qui m'en occupe, de m'informer sur les politiques de tous les pays et de devoir me projeter dans les six prochains mois. Quand j'assiste à une conférence de presse sur la pandémie et que je vois quelqu'un dire qu'il n'y aura peut-être plus jamais de concerts, ça me met hors de moi ! Un autre de mes rôles dans le groupe est de motiver les groupes, donc ce genre de discours me fait beaucoup de mal. Cependant, nous ne nous sommes pas reposés sur nos lauriers et nous avons pu rester actifs en tournant les clips de "Steel Commanders" et "Christmas Truce", en sortant notre propre magazine et en enregistrant plein de morceaux. Nous avons aussi des surprises sous le coude.

Et qu'avez-vous donc ressenti quand les concerts ont repris aux… Etats-Unis ?
C'est incroyable. Mettre cette tournée en place était très compliqué, parce que le processus de visa était suspendu, les frontières étaient fermées. Nous avons dû convaincre les autorités que nous étions si importants qu'il était nécessaire qu'on puisse venir malgré les mesures de confinement. Nous avons eu nos visas trois jours avant le début de la tournée, après un an de travail acharné et un premier refus. C'était un bonheur de nous revoir, surtout avec certains membres de l'équipe technique. Ça a été un choc d'apprendre que Ritchie Faulkner [guitariste de JUDAS PRIEST, avec qui SABATON était en tournée] avait eu une attaque. C'était à moi de communiquer la nouvelle à Joakim de la bonne manière pour ne pas qu'il devienne fou, puis de l'apprendre aux autres. Nous ne pouvions pas finir la tournée sur cette nouvelle. Nous avons donc organisé un concert à la dernière minute à Denver, sans préparer de setlist. Heureusement, nous avons pu remplir la salle et finir la tournée sur une note positive. Nous avons hâte de remettre le couvert.

Parlant de dates à venir, quel effet ça te fait de revenir au Hellfest, au regard du dernier concert que SABATON y a donné [en remplacement de MANOWAR] ?
C'était tellement bizarre d'apprendre le matin-même qu'on rejouerait le vendredi soir, puis d'apprendre que Joakim n'avait plus de voix. Nous avions d'abord demandé aux choristes, mais cela n'a pas été possible. Nous avions dû improviser. Mais j'ai hâte de revenir au Hellfest et que tout se passe… comme prévu !


"The War To End All Wars" est paru ce 4 mars chez Nuclear Blast

 

Blogger : Mathieu David
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Mathieu David
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