11 mars 2022, 23:59

REGARDE LES HOMMES TOMBER + THE GREAT OLD ONES + AU-DESSUS

@ Liévin (Centre Arc-en-Ciel)


Après deux ans d’interruption, le Liévin Metal Fest renaît de ses cendres avec l’affiche prévue en mars 2020, à la veille du couvre-feu. Ce vendredi 11 mars, le centre Arc-en-Ciel porte mal son nom. La soirée est en effet placée sous le signe des ténèbres et de la nuit, du black et du post-black.

Les Lituaniens AU-DESSUS, sur une longue intro inquiétante, arrivent sur scène tout de noir vêtus, les visages cachés sous des capuches. Ils tournent le dos au public. L’attitude des musiciens est glaciale, comme s’ils menaient un rituel personnel, cathartique, plus qu’un concert. Sous des lumières changeantes, le plus souvent froides, les riffs tantôt dissonants, tantôt mélodiques, toujours écrasants, et la batterie souvent martiale dessinent des paysages angoissants d’où jaillissent, comme des plaintes, les vocaux de Mantas. Des accélérations subites, mises en valeur par un éclairage soudain stroboscopique, viennent rompre la lancinance hypnotique, quasi sludge, qui s’installe parfois. Sans le moindre contact avec la fosse, le groupe quitte les planches après 50 minutes aussi intenses que malsaines.

 Une intro mélodique, le silence, des arpèges... et THE GREAT OLD ONES arrive dans la fumée, devant un backdrop à la gloire de celui qui rêve à R’lyeh. Symbole de Cthulhu sur le pied de micro, lumières inquiétantes : l’invocation des créatures nées de l’imagination de HP Lovecraft peut commencer. Les ambiances étranges (les passages quasi doom de "Nyarlathotep") cohabitent avec les instants de furie ("Dreams Of The Nuclear Chaos"), quand la batterie se fait frénétique, quand la voix rauque se fait cri strident. La musique navigue ainsi entre menace et folie, entre désespoir (l’épique "Of Dementia", le pont du labyrinthique "The Omniscient") et emphase ("When The Stars Align"). Les morceaux s’étendent en de complexes structures ("The Shadow Over Innsmouth") aux ambiances variées, qui se déploient en longues tentacules menaçants, comme pour rendre hommage aux Grands Anciens et à leurs temples aux dimensions infinies.

Les chandeliers émergent de la fumée dans une vague d’encens quand REGARDE LES HOMMES TOMBER prend possession de l’espace sur les notes lugubres, d’un cristal noir, de "L’Ascension", intro qui donne son nom à l'album. Le chanteur s’agenouille, dos au public, comme ses complices, et lance le cri effrayant qui ouvre le monstrueux, le tortueux "A New Order" et sa batterie frénétique. Les musiciens, encapuchonnés, bien sûr, et le visage souillé de traits noirs, composent un chaos ultra violent, complexe et exigeant d’où émerge, phare sombre dans la lumière aveuglante, T.C. le chanteur vibre, possédé, prisonnier de pulsions de haine. Le groupe déroule le fil majestueux de son dernier album, entre agressivité totale et brèves pauses qui tissent des atmosphères lugubres, dignes d’une messe impie, dans les lueurs rougeâtres de vasques enflammées – "Stellar Cross". Il s’autorise un seul détour hors de « Ascension », avec "The Incandescent March". "The Renegade Son" est un rubis aux facettes fascinantes et changeantes, magnifié sur scène. "The Crowning" porte en lui une insidieuse menace.
En une cérémonie grandiose, REGARDE LES HOMMES TOMBER invite à contempler l’abîme, à sentir le souffle froid du néant. Impressionnant.
 

Blogger : Christophe Grès
Au sujet de l'auteur
Christophe Grès
Christophe a plongé dans l’univers du hard rock et du metal à la fin de l’adolescence, au tout début des années 90, avec Guns N’ Roses, Iron Maiden – des heures passées à écouter "Live after Death", les yeux plongés dans la mythique illustration du disque ! – et Motörhead. Très vite, cette musique devient une passion de plus en plus envahissante… Une multitude de nouveaux groupes a envahi sa vie, d’Obituary à Dark Throne en passant par Loudblast, Immortal, Paradise Lost... Les Grands Anciens – Black Sabbath, Led Zep, Deep Purple… – sont devenus ses références, comme de sages grands-pères, quand de jeunes furieux sont devenus les rejetons turbulents de la famille. Adorant écrire, il a créé et mené le fanzine A Rebours durant quelques années. Collectionneur dans l’âme, il accumule les set-lists, les vinyles, les CDs, les flyers… au grand désarroi de sa compagne, rétive à l’art métallique.
Ses autres publications
Cookies et autres traceurs

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de Cookies ou autres traceurs pour mémoriser vos recherches ou pour réaliser des statistiques de visites.
En savoir plus sur les cookies : mentions légales

OK