29 mars 2022, 18:20

ARCHITECTS

"For Those That Wish To Exist At Abbey Road"

Album : For Those That Wish To Exist At Abbey Road

ARCHITECTS qui envahit les studios mythiques d'Abbey Road pour un concert symphonique ? Je file directement m’incruster. C’est parti pour une réinterprétation du dernier album studio des Britanniques « For Those That Wish To Exist ».

L’introduction, cérémonielle annonce l’apocalypse à venir. J’avais osé dépeindre l’album, sorti l’année précédente, comme "quelconque", c’est à moi que je glisse à présent "quel con", en entendant ces violons s’étirer sur les chansons jouées en live. "Black Lungs" devient impériale, la voix de Sam Carter se voit dotée d’ailes majestueuses et plane par-dessus le roulement de la puissante batterie. S’ajoute un violoncelle pour appuyer le growl, plein de touches instrumentales discrètes ici et là. Toujours plus loin, toujours plus haut avec "Giving Blood". Rien ne semble arrêter l’élan des ARCHITECTS, hormis les breaks qu’une voix angélique impose aux instruments. L’arrangement orchestral donne une telle profondeur au titre que j’apprécie enfin pleinement l’album, que je glisse sur un océan d’émotions.

Symphonie de grâce et de violence pour "Discourse Is Dead", nous allons encore plus loin que je ne l’ai cru possible. Ce fracas de metalcore, ces envolées claires des cordes caressées. Le son restitue la parfaite alchimie qui se joue dans nos oreilles. Et que dire de "Dead Butterflies" avec son refrain redondant et hypnotique ? Force des enfers et pureté des cieux... ARCHITECTS résonne d’une beauté liturgique. Je m’imprègne de "An Ordinary Extinction" et je suis en paix avec moi-même. Les attaques de violoncelles viennent appuyer des riffs et une basse soutenue. Sam devient le chef d’orchestre et sa voix contient autant qu’elle dirige l’assaut sonore. C’est en toute logique que "Impermanence" fait pleuvoir gouttes humides de piano, notes de cuivre et riffs de metal martelés sauvagement. Symphonie primale et martiale qui ne nous fait pas sentir "bêtes au vent".

Les titres s’enchaînent. La représentation est exemplaire de créativité. Chaque chanson de l’album est sublimée, "Little Wonder" interpelle, "Libertine" voit ses tripes étalées par les archets, "Goliath" écrase David avec le poids de sa démesure. Quant au single phare "Animals", il devient encore plus déchirant de rage et de puissance. L’une des plus brillantes exécutions metalcore allie la lourdeur de sa rythmique de mammouth avec le cristallin de l’ensemble encordé pour mieux atteindre des sommets d’une beauté répondant au seul qualificatif de... magistral !

"Demi God" et "Meteor"... Le premier, ultime, avec une voix qui porte toujours aussi loin. Le second, rapide, les riffs bousculant des violons indomptables, pour au final se retrouver dans une complicité parfaite. Je me régale, posé au milieu de nulle part, le soleil printanier caressant mon visage. Un live empreint de "Abbey-attitude". J’en suis soufflé.

ARCHITECTS. Définitivement l’un des grands en son genre, aujourd’hui un des grands tout core... et tout court. "Absolutely Safe" ? Honnêtement je ne pense pas que l’on sorte indemne d’une telle représentation. On en sort fortifié, grandi. « For Those That Wish To Exist At Abbey Road » est l’excellente surprise de ce mois de mars, où l’on entend les genres se mélanger pour notre plus grand bonheur.

J’aimerais tellement que les auditeurs face fi des familles musicales, qu’ils n’adhèrent pas à un certain metalcore je peux le comprendre, mais je voudrais que tous écoutent sans préjugés... ce chœur du metal.

Blogger : Christophe Scottez
Au sujet de l'auteur
Christophe Scottez
Chris est ethnologue à ses heures perdues, vétéran des pogo joyeux en maillots de core. Un explorateur curieux, grand amateur de riffs et de chants sauvages. Il a grandi dans les glorieuses années 80, bercé par les morceaux canoniques d’ACCEPT, SCORPIONS, MOTLEY CRUE et autres GUNS N ROSES. Traumatisé par le divorce entre Max Cavalera et son groupe, ainsi que par un album des Mets un peu «chargé» en n’importe quoi, Chris a tourné 10 ans le dos au hard rock. Puis, un jour, il a par hasard découvert qu’une multitude de nouveaux groupes avait envahi la scène … ces nouveaux sauvages offraient des sons intéressants, chargés en énergie. Désireux de partager l’émo-tion de ce style de metal sans la prétention à s’ériger en gardien d’un quelconque dogme, il aime à parler de styles de metal dit classiques, mais aussi de metalcore et de néo-metal. Des styles souvent décriés pour leurs looks de minets, alors que l’importance d’un album est d’abord le plaisir sonore que l’on peut en tirer, la différence est la richesse du goût. Mais surtout, peut-on se moquer de rebelles coquets alors que les pères fondateurs du metal enfilaient des leggins rose bonbon et pouponnaient leurs choucroutes peroxydées ?
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