29 avril 2022, 20:05

RAMMSTEIN

"Zeit"

Album : Zeit

À quelque chose, malheur est bon. Aurait-on eu droit, en effet, à un nouvel album de RAMMSTEIN si une cochonnerie appelée COVID n’avait jamais existé ? Rien n’est moins sûr quand on sait avec quelles difficultés les pyromanes allemands accouchent généralement d’un disque. Passés maîtres dans l’art du crêpage de chignons, les inventeurs de la Neue Deutsche Härte se seraient sans doute encore étripés (j’exagère à peine !) si une certaine pandémie n’était pas passée par là. Trois ans à peine séparent « Zeit » de son prédécesseur « Rammstein », ce qui est un véritable exploit au vu des standards du groupe ! Exception faite de la petite année écoulée entre « Reise, Reise » et son faux frère jumeau « Rosenrot », bien sûr. Faut-il pour autant y voir le signe d’un groupe à nouveau soudé et prêt à rempiler pour quelques albums et spektakulär tournées ?
La réponse n’est malheureusement pas si simple...

Le temps qui passe, l’avenir, avec pas loin de 30 ans de carrière derrière lui, le groupe se sent légitimement concerné par ces thèmes comme le laisse entendre le titre éponyme et premier single du disque, "Zeit", dans lequel Till et les siens jettent un regard empli de mélancolie sur les secondes qui s’égrènent et qui nous mènent inexorablement vers notre fin. Des paroles comme Quand notre heure est venue, il est temps d'y aller ou Après nous, il y aura un avant ne laissent en effet guère planer le doute sur les interrogations de RAMMSTEIN. Quant à ses intentions, mystère. Mais nous y reviendrons. Le clip, sorti il y a maintenant plus d’un mois, est en tout cas sublime avec son sablier géant et ses scènes filmées à l’envers (qui n’aimerait pas remonter le temps ?). Et ce même s’il est difficile de ne pas voir dans son personnage principal (la Mort, représentée sous les traits d’un sinistre individu dont le visage est remplacé par un masque lumineux) autre chose qu’une allégorie sur notre destinée…

Démarrant par des claviers très influencés par la légende anglaise DEPECHE MODE, « Zeit » (l’album !) nous invite à rejoindre l’armée d’un triste sire ("Armee Der Tristen"). Le décor est planté : ce nouveau RAMMSTEIN sera plus froid, plus électro aussi, que son prédécesseur. La production d’Olsen Involtini est aux petits oignons, mettant surtout en valeur les impressionnantes qualités d’interprétation de Till Lindemann qui fait ici une prestation mémorable, passant sans peine d’une voix pleine d’autorité à un chant plus caressant ("Schwarz") ou à de terrifiants accès de colère rappelant immédiatement ceux de "Puppe" ("Angst"). L’autre star de « Zeit » est notre bon Doktor Lorenz dont les nombreux gimmicks illuminent le disque, même si les ficelles qu’il utilise sont parfois un peu grosses. Difficile en effet de ne pas voir dans les mélodies orientalisantes de "Giftig" des clins d’œil en direction de "Sehnsucht" ! Ce n’est d’ailleurs pas le seul hommage (on va appeler ça comme ça !) au glorieux passé de RAMMSTEIN présent sur ce « Zeit » puisque nos Teutons se permettent même le luxe de perpétuer la tradition de l’intermède große rigolade avec "Dicke Titten" ("Gros nichons" !) qui se déroule dans une ambiance oom-pah digne de l’Oktoberfest !

Varié et souvent émouvant, « Zeit » regorge de morceaux marquants, à l’image de "Meine Tränen", l’histoire d’une relation à la mère complexe qui n’est pas sans rappeler "Mutter", ou "Lügen" (le meilleur titre du disque pour votre serviteur) dont la mélodie arracherait des larmes à un frigo entreposé en Antarctique. Truffée d’auto-tune, cette chanson réussirait presque à nous faire oublier que ledit gadget est généralement l’apanage de chanteurs dont l’indigence n’a souvent d’égal que la régularité à laquelle ils passent sur les ondes FM. Mais résumer « Zeit » à une collection de titres mélancoliques, aussi bons soient-ils, serait réducteur, et RAMMSTEIN ne manque pas de nous asséner ses traditionnelles rythmiques martiales, comme sur "OK", par exemple, dont le terrible riff final rappelle avec bonheur le "Children Of The Grave" du BLACK SAB’. Ce nouvel album est une réussite totale qui, marquée par l’angoisse existentielle du temps qui nous file entre les doigts, réussit le pari d’aborder un sujet à priori anxiogène sur un ton délicieusement ironique, le temps d’un "Zick Zack" d’anthologie dont le désopilant clip a déjà été visionné plus de 16 millions de fois sur YouTube !

Se terminant logiquement sur "Adieu" (élémentaire, mon cher Watson !), espérons seulement que les Adieu, goodbye, auf Wiederseh'n qui accompagnent ce titre ne soient pas à prendre au premier degré.
Après tout, RAMMSTEIN a si souvent frôlé la catastrophe par le passé que cela n’aurait finalement rien d’étonnant. Si c’était le cas, les Allemands finiraient en tout cas sur une très belle note...

Blogger : KillMunster
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KillMunster
KillMunster est né avec le metal dans le sang. La légende raconte que quand Deep Purple s'est mis à rechercher un remplaçant à Ian Gillan, le groupe, impressionné par son premier cri, faillit l'embaucher. Avant finalement de se reporter sur David Coverdale, un poil plus expérimenté. Par la suite, il peaufina son éducation grâce à ses Brothers of Metal et, entre deux visionnages d'épisodes de la série "Goldorak", un héros très "métal" lui aussi, il s’époumona sur Motörhead, Lynyrd Skynyrd, Black Sabbath et de nombreux autres ténors des magiques années 70. Pour lui, les années 80 passèrent à la vitesse de l'éclair, et plus précisément de celui ornant la pochette d'un célèbre album de Metallica (une pierre angulaire du rock dur à ses yeux) avant d'arriver dans les années 90 et d'offrir ses esgourdes à de drôles de chevelus arrivant tout droit de Seattle. Nous voilà maintenant en 2016 (oui, le temps passe vite !), KillMunster, désormais heureux membre de Hard Force, livre ses impressions sur le plus grand portail metal de l'Hexagone. Aboutissement logique d'une passion longuement cultivée...
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2 commentaires

User
Karl Libus
le 29 avr. 2022 à 19:25
????????
User
Karl Libus
le 29 avr. 2022 à 19:25
Une belle surprise.
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