15 mai 2022, 11:54

TESTAMENT

"The Ritual" (1992 - Rétro-Chronique)

Blogger : Clément
par Clément
Album : The Ritual

Plusieurs choses me reviennent en mémoire à l’évocation de cette année 1992. Les frasques d’Axl Rose, les tournées à rallonge de METALLICA, la sortie du « Fear Of The Dark » d’IRON MAIDEN ou du live d’AC/DC, l’explosion du death aux quatre coins du globe, les balbutiements de ce qui était nommé "fusion" pour les inclassables du moment ou la grungitude ambiante qui contaminait la planète. J’en oublie évidemment mais il suffit de relire les magazines de l’époque pour se rendre compte de la richesse de l’actualité cette année-là. Les couvertures des Hard Force et Hard Rock Magazine de cette période constituent à ce titre une fresque historique qui convie à la noce des souvenirs d’un autre temps.

Oui, en 1992 il s’en passe des choses et pas qu’un peu. Le petit monde du thrash est à ce titre toujours bel et bien vivant : SADUS, SODOM et DEMOLITION HAMMER sont toujours aussi intransigeants sur leurs albums du moment. D’autres se tournent vers de nouveaux horizons tels MEGADETH qui se drape d’un heavy avec un grand H sur « Countdown To Extinction » pendant qu’EXHORDER ralentit le tempo sur « The Law ». Quant aux infatigables TANKARD, fidèles à leur son historique, ils tournent en roue libre sur « Stone Cold Sober ». OVERKILL, SEPULTURA, SACRED REICH, ANTHRAX et SLAYER profitent d’une pause discographique temporaire bienvenue avant de revenir dégainer l’artillerie lourde un peu plus tard. Et puis il y a ceux qui sortent du cadre comme EXODUS qui publie un album-patchwork, « Force Of Habit » qui part dans toutes les directions et KREATOR qui pioche dans l’indus’ de nombreuses sonorités pour un « Renewal » heavy à souhait. Deux albums à mon sens bourrés de qualité qui pourtant recueillent des réactions mitigées. Quant à TESTAMENT, le quintet doit relever le défi de donner une suite à quatre premiers albums de haute volée, dont un « The Legacy » qui fait toujours office trente-cinq ans après sa sortie de mètre-étalon dans le genre.

Bonne nouvelle, le line-up "historique" est toujours à l’ordre du jour : Chuck Billy, Eric Peterson, Alex Skolnick, Greg Christian et Louie Clemente répondent une nouvelle fois présents à l’appel du devoir. Ce sera d'ailleurs la dernière puisque que Louie et Alex quittent le navire en plein milieu du "The Ritual North America Tour 1992". Les cinq musiciens s'enferment aux studios One on One à Los Angeles fin 1991 pour enregistrer l’album avec Tony Platt et confie l’artwork, qui tranche d’avec les précédents par son approche moins fantaisiste, à Don Brautigam. Ce dernier n’étant pas un illustre inconnu puisqu’il est à la manoeuvre sur des albums comme « Master Of Puppets », « The Razors Edge », « Dr. Feelgood » ou « Persistence Of Time », rien de moins que cela ! Sur le papier, le groupe semble donc décidé à passer un cap, il signe pour cela avec Atlantic Records après avoir publié quatre albums chez le mythique label Megaforce et s’engage dans une voie musicale nettement moins nerveuse que sur ses albums précédents. « The Ritual » explose ainsi les compteurs avec une durée de plus de cinquante-cinq minutes et le pavé se classe dans le Billboard avec pas loin de 500 000 exemplaires vendus. Le single "Return To Serenity" ayant pour sa part largement contribué à cette performance.


Côté son, le verdict se profile dès l’entame de l’album avec un doublé "Electric Crown" / "So Many Lies" percutants, doublés d’une grosse prestation de Chuck Billy au crachoir. Les riffs sont certes moins teigneux qu’à l’accoutumée mais ce qu’ils perdent en vitesse est compensé par une force de frappe implacable. Le tout est plus "accessible" certes... mais la recette fait mouche. Le groupe s’inscrit dans une lignée plus mélodique ( le sombre "The Ritual", "As The Seasons Grey"), heavy à souhait ("The Sermon", "Deadline" ou le final "Troubled Dreams") ou la ballade (ce fameux "Return To Serenity" de toute beauté !). Les seules traces de son passé musclé sont encore présentes sur "Agony", pour le reste c’est bel et bien un autre groupe aux ambitions nouvelles qui se dandine sur la platine. Et cela fonctionne : les solos d’Alex Skolnick restent d’actualité avec un touché remarquable et la prestation de Louie Clemente derrière les fûts, même si elle se fait moins démonstrative que sur les premiers albums, affiche un répertoire plus posé qui lui sied à merveille. Derrière, Eric Peterson œuvre dans l’ombre avec une contribution à l’écriture de la majorité des morceaux, s’inscrivant dans cette dynamique nouvelle clairement orientée plus "grand public". Comme toujours, le contexte de la découverte d'un disque joue à plein pour son appréciation des années plus tard. C'est pourquoi « The Ritual »  est, pour moi, un album incontournable du clan californien. Le meilleur, certainement pas, mais celui qui compte le plus... pour sûr •
 

Blogger : Clément
Au sujet de l'auteur
Clément
Clément a connu sa révélation métallique lors d'un voyage de classe en Allemagne, quelque part en 1992, avec un magazine HARD FORCE dans une main et son walkman hurlant "Fear of the Dark" dans l'autre. Depuis, pas une journée ne se passe sans qu'une guitare plus ou moins saturée ne vienne réjouir ses esgourdes ! Etant par ailleurs peu doué pour la maîtrise d'un instrument, c'est vers l'écriture qu'il s'est tourné un peu plus tard en créant avec deux compères un premier fanzine, "Depths of Decadence" et ensuite en collaborant pendant une dizaine d'années à Decibels Storm, puis VS-Webzine. Depuis 2016, c'est sur HARD FORCE qu'il "sévit" où il brise les oreilles de la rédaction avec la rubrique "Labels et les Bêtes"... entre autres !
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