10 juin 2022, 22:45

HEART ATTACK

Interview Kévin Geyer

Notre rendez-vous avec HEART ATTACK revêtait une certaine importance, et ce après avoir décrété que son nouvel album « Negative Sun » était un vrai coup de cœur. Et pour preuve (et sans jeu de mots hasardeux), celui-ci est toujours auprès de notre coeur dans une playlist qui nous accompagne partout où nous allons. Une vraie aubaine de pouvoir échanger avec Kévin sur ce petit bijou made in France.
 

Vous aviez prévu de sortir votre nouvel album « Negative Sun » plus tôt, qu’est-ce qui a retardé l’échéance ?
Ce n’est pas forcement la pandémie mais le changement de label. On a cherché pendant un an, et nous n’arrivions pas à en trouver un qui nous intéresse. J’ai envoyé des centaines de mails à plusieurs labels de différents niveaux, et j’avais toujours des réponses négatives. Avec la pandémie, les labels ont moins d’argent à investir dans les petits groupes, et vu que nous en sommes un du sud de la France... même s’ils aimaient ce qu’on faisait et bien cela ne s‘est jamais concrétisé.

Vous avez donc récemment signé avec Atomic Fire Records, est-ce tu peux revenir sur cette rencontre ?
C’est par un contact en commun. C’est en tournée que nous avons sympathisé avec lui. Il avait totalement adoré le groupe, surtout « The Resilience » et encore plus le nouveau. Ce contact on l’a gardé jusqu’au jour où Markus Staiger, qui a été le créateur et patron de Nuclear Blast Records pendant 30 ans, l’a appelé pour lui demander un groupe français et il lui a donner HEART ATTACK. Il a pété un plomb tellement qu’il a adoré ce qu’on faisait, il y a eu un grand moment d’émotion de voir qu’une personnalité de l’industrie du metal aussi importante adore ce qu’on fait. Et c’est comme cela qu’on a commencé à tisser des liens avec Atomic Fire Records. La première fois que je l’ai eu au téléphone il m’a dit « je vous veux dans mon label et pas autrement », c’était fou ! On a fait une grande fiesta avec tous les amis qui nous soutiennent depuis nos premiers concerts dans les bars.

Est-ce que « Negative Sun » a été pour autant plus difficile à concevoir que les précédents ?
Au contraire, avec Chris nous sommes les deux principaux compositeurs et ce qui est bien avec notre façon de travailler actuelle, c’est qu’on sait exactement dans quel domaine nous sommes spécialistes. Par exemple, Chris ne fera jamais un riff et moi un siolo de guitare. Donc quand on arrive en studio, nous avons tout un système qui fait qu’on avance bien. Après cela dépend aussi des humeurs de chacun, il y a des périodes où l’on va ralentir, car on va moins se comprendre ou moins être ensemble, mais ce n’est jamais très long. Donc la composition s’est très bien passée, en tout cas c’est déjà arrivé que ce soit plus difficile.

​Le clip de "Wings Of Judgement" a été tourné à l’opéra de Nice, c’est très rare qu’un lieu aussi "sacré" ouvre ses portes à un groupe de metal, comment cela a abouti ?
J’ai tout simplement contacté Bertrand Rossi le directeur de l’opéra, et je lui ai expliqué mon projet qui était de faire un hommage au monde de la culture, en difficulté avec la pandémie. On voyait plein de copains autour de nous qui arrêtaient leur travail dans le spectacle pour devenir électricien ou autre... et cela faisait de la peine de les voir quitter leur boulot de cœur. Avec le groupe et l’opéra, mon but était d’allier nos forces en ajoutant quelqu’un qui fait du hip-hop ainsi qu’une danseuse classique, et ce pour rendre hommage au monde de l’art, de la culture et de la musique en général qui se bat face à la pandémie. Il a été très fan de l’idée, à un point qu’on va carrément y organiser notre release-party, donc un énorme concert à l’opéra. Quand tu rentres dans ce lieu tu as l’impression d’être dans une église, c’était un grand moment de se retrouver là-bas.


Le clip "Septic Melody" a lui été tourné dans les arènes romaines de Fréjus, je vais te poser la même question concernant la facilité d’accès à un tel lieu ?
Cela a été très facile, j’ai juste envoyé un mail. En fait j’ai envoyé des demandes à plusieurs arènes dont  celles de Nîmes, mais impossible. Celles de Fréjus nous tenaient à cœur car on a joué plusieurs fois au Rat’s, et eux nous ont acceptés directement ! C’est même Béatrice Attard, responsable à la mairie, qui nous a invités et s’est occupée de nous bénévolement toute la journée, un dimanche en plus.

J’imagine que pour vous il y a aussi une certaine fierté de mettre en valeur la richesse culturelle de votre région ?
Bien sûr, nous avons toujours essayé de privilégier le sud de la France dans nos compositions ou nos enregistrements. Nous ne sommes jamais allés à Nantes ou Paris, il y a des gens extrêmement compétents dans le sud, alors on aime bien travailler avec eux. On adore notre région, nous y avons des coins extraordinaires et on voulait en parler. D’ailleurs dans avant dernier clip, "The Messenger", tu vois un endroit clé encore plus impressionnant que les premiers (les grottes de Saint-Césaire, NDLR). Ce titre se démarque un peu des autres car il n’est absolument pas thrash, au contraire il est plus lourd, sombre et avec des influences totalement différentes.


Le personnage au perfecto qui se trouve sur la pochette de « Negative Sun » est présent dans le clip de "Septic Melody", qui est-il ? Sa symbolique semble être importante...
C’est une bonne question, merci de la poser car il y a des heures de travail derrière pour trouver ce personnage et son apparence. Dans le clip de "Septic Melody" qui se déroule dans les arènes de Fréjus avec ce gars masqué et en perfecto, tu le retrouves effectivement sur la pochette et on va le revoir dans plusieurs clips qui vont arriver, et on pourra aussi le retrouver sur scène. C’est donc une personnification de ce qui se passe dans les paroles de l’album, dans lesquels on parle du côté le plus sombre et le plus violent de l’être humain. Et "Septic Melody" est un très bel exemple de ce que symbolisent les paroles, il y a un personnage principal qui est face à l’adversité, à des événements extrêmement difficiles ; on va lui annoncer une maladie grave, il va perdre sa femme, il va se faire virer, bref des choses que malheureusement on peut vivre. Sauf que son caractère humain va ressortir de façon agressive. Et tout au long du clip tu peux voir des personnages avec ce masque, ils représentent la personnification des idées noires que tu peux avoir quand tu vis des choses difficiles, qui peuvent te faire basculer et te faire péter un plomb. C’est vraiment le personnage clé de l’album.

Autre remarque, le dernier titre de l'album est "Jesus He Knows Me" de GENESIS, une telle reprise pour un groupe de metal ce n'est pas commun...
C’est Chris Cesari qui a eu cette idée, il a toujours adoré GENESIS et moi plutôt Phil Collins. C’est une influence qu’on voulait assumer, cela ne se voit pas forcement de prime abord mais le coté progressif des années 70 et 80 on l’a vraiment dans cet album, et tous les autres. En plus de cela, nous étions dans une période un peu morose avec le confinement et compagnie, on avait envie de passer un moment fun avec les potes, de se retrouver dans le studio pour se marrer en faisant quelque chose d’un peu plus détente avec cette reprise qui est un monument pop. On se disait que c’est un peu plus original que de faire une reprise lambda de metal, ou carrément du Lady Gaga comme tous les autres font.

Tu as évoqué le confinement, est-ce que cette période a été compliquée pour vous ?
Cela a été une période pas facile, comme beaucoup de gens, mais aussi une période enrichissante pour l’album. Car cela nous a donné une agressivité et une colère qu’on avait envie d’évacuer, comme un exutoire. Je ne pense pas que « Negative Sun » serait aussi sombre, noire, et bourrin dans le death metal sans cette période.

Quels sont vos prochaines dates de concert ?
Le prochain c’est le Hellfest le 17 juin, ensuite le Sylak Open Air le 7 août, il y aura TESTAMENT et plein d’autres groupes à l’affiche. Comme évoqué précédemment, on va jouer à l’opéra de Nice pour notre release-party le 3 septembre, nous avons invité LES TAMBOURS DU BRONX. Sinon nous sommes en train de travailler sur la prochaine tournée, nous avons plein de dates en option mais on voudrait faire une grosse tournée en 2023, dont des dates à l’étranger.

Vous n’essayez pas cette année ? Malgré un booking archi complet il y a beaucoup d’annulations, ce qui est au passage très contradictoire...
Oui il y a un embouteillage de groupes qui devaient jouer en 2020 et 2021 qui arrivent et c’est très compliqué, donc on ne cherche même pas pour 2022. Après si on nous en propose une on prendra. Sinon je pense que ce phénomène d’annulation concerne surtout les festivals car il y a moins de préventes, les gens ont perdu l’habitude et ils sont passés à d’autres occupations ou loisirs, comme le sport, mais je pense aussi que cela va revenir. J’ai moi-même été pas mal de temps branché boxe, ce que je ne faisais pas avant par manque de temps. Mais il m’a fallu deux concerts pour que cela reparte, et que la passion soit de retour à 100%. Le Hellfest et les festivals de cet été vont faire du bien, je ne m’inquiète pas du tout.

Cela vous laisse de la marge, comment vous vous préparez à cette grosse tournée ?
En ce moment on est en train de travailler avec une nouvelle équipe pour le son et les lights, car nous créons un spectacle avec une nouvelle imagerie. Nous avons reçu hier les backdrops et les visuels pour la scène. Donc en gros on travaille sur autre chose qu’un groupe de potes jouant entre eux, le but étant de passer le niveau au-dessus en termes de son et d’équipement, par exemple maintenant on va jouer avec des oreillettes.


Votre nom HEART ATTACK c'est à la fois simple et efficace, qui a eu l'idée en premier ?
C’est moi, et je précise que je ne fais pas tout dans le groupe (rires). Chacun apporte sa pierre à l’édifice et chacun est indispensable. Concernant notre nom j’avais 16 ans et j’étais au lycée, on écoutait tous QUEEN à fond et notamment l’album « Sheer Heart Attack », d’où le nom tout simplement.

Tout à l’heure tu as cité GENESIS et maintenant QUEEN, as-tu d’autres noms qui ont particulièrement compté pour toi ?
Dans cette veine je vais te dire SUPERTRAMP, c’est le premier concert que j’ai vu de ma vie. Je les ai toujours écoutés, un de mes morceaux préféré de tous les temps c’est "School". Dans les autres qui ont changé ma vie, et comme beaucoup de métalleux ça va être METALLICA. Quand j’ai acheté « Master Of Puppets » j’avais 16 ans et cela m’a mis une gifle et m’a influencé pour toute la vie, puisque cela m’a donné envie de faire de la guitare et d’être dans un groupe. Sinon il y a GOJIRA, et GHOST dont je trouve les deux derniers albums fabuleux. Il y a beaucoup de formations dans le metal que j’adore, mais aussi beaucoup de rappeurs dans le rap US, le classique ou la pop des années 90. En fait je suis assez ouvert d’esprit en termes de musique.

Qui écrit les textes chez HEART ATTACK ?
C’est William, il a besoin de s’exprimer. Il est super fort dans ce domaine et il a de très bonnes idées. Personnellement je vais avoir de l’inspiration pour la composition et les riffs, je vais me poser dans mon salon avec ma guitare et je vais jouer ce qui me plaît, en puisant mon inspiration dans tous les styles de musique. J’adore composer quand je suis dans un état émotionnel extrême, en colère ou triste, c’est dans ces moment où je trouve du réconfort dans la guitare, et les meilleures idées. Quand il ne se passe rien dans ma vie et que je n’ai aucun problème, je vais avoir moins de facilité à composer.

On ne peut que vous souhaiter une bonne continuation avec ce nouvel album...
Merci à toi et à HARDFORCE d’être présents, cela fait plaisir qu’un média renommé s’intéresse à nous. Il y en a plein d’autres, sans les citer, qui malheureusement ont l’habitude de s’intéresser qu’aux têtes d’affiche, on va retrouver les reporteurs aux bars quand les petits groupes sont en train de jouer, et ce malgré le potentiel extraordinaire que nous avons en France. Soutenez la scène locale et française, allez en concert et prenez vos préventes car c’est compliqué pour les festivals ! •
Facebook.com/heartattackmetal
 

Blogger : Jérôme Graëffly
Au sujet de l'auteur
Jérôme Graëffly
Nourri dès son plus jeune âge de presse musicale, dont l’incontournable HARD FORCE, le fabuleux destin de Jérôme a voulu qu’un jour son chemin croise celui de l'équipe du célèbre magazine. Après une expérience dans un précédent webzine, et toujours plus avide de nouveautés, lorsqu’on lui propose d’intégrer l’équipe en 2011, sa réponse ne se fait pas attendre. Depuis, le monde impitoyable des bloggers n’a plus aucun secret pour lui, ni les 50 nuances de metal.
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