15 juin 2022, 21:17

WHITE WARD

"False Light"

Album : False Light

L'Ukraine, vous en entendez parler en ce moment. Ce n'est pas la guerre que nous allons évoquer ici mais bien de l'un de ses groupes les plus remarqués de la scène black metal : WHITE WARD. Après le succès entièrement mérité de l'excellent « Love Exchange Failure » en 2019, le quintet revient avec son troisième album tout aussi brillant : « False Light ». Le concept est quelque peu différent mais l'ensemble est captivant d'inspiration, de mélodies et de férocité.

Pour commencer, là où « Love Exchange Failure » présentait un artwork urbain et nocturne, « False Light » est son pied de nez avec la photo d'une maison/grange délabrée au milieu d'un champ de blé ensoleillé. On s'attend donc à une atmosphère différente, plus chaleureuse mais aussi plus énigmatique. C'est le cas dès les premières notes de l'imposant "Leviathan" et ses treize minutes d'un black metal progressif, parfois blasté, parfois atmosphérique. L'intro sombre suivie d'un saxophone sur riffs pêchus donne tout de suite le ton d'un post-black sophistiqué. Que ce soit les passages lourds et mid-tempo à la voix hurlée, les moments ultra-rapides, les riffs cinglants, les soli envolés et les breaks guitare acoutique/saxo, tout s'accorde pour captiver un auditoire happé par le tourbillon créatif WHITE WARD. Le plus court "Salt Paradise", acoustique et au chant clair incantatoire, est d'une profondeur immense alors que "Phoenix" se veut plus moderne, electro et sombre. Du dark-jazz/post-rock de toute beauté qui laisse rapidement la place à un black metal furieux et rythmé, entrecoupé de breaks cosmiques et ambiancés. Le mélange est détonnant et pourtant il fonctionne, tout comme sur "Silence Circles" aux voix hurlées et claires alternées. L'intermède instrumental psychédélique "Echoes In Eternity" ne manque pas de rappeler tout l'avant-gardisme dont le groupe est le fervent et habile défenseur. "Cronus" est quant à lui plutôt gothic-rock à la voix claire puis outrageusement lourd et compact, brutal et rapide. WHITE WARD a trouvé le parfait équilibre entre tension et émotion, entre violence et sérénité et fait vivre à son public une véritable expérience extatique. Le titre éponyme de quatorze minutes est comme un voyage de l'ombre à la lumière ou inversement avec un mélange de death musclé, de black suraigu, de dark-jazz au saxo réconfortant et de soli heavy. C'est divinement bien fait et on se laisse facilement emporté vers des horizons encore inexplorés. Enfin "Downfall" vient terminer « False Light » avec un piano minimaliste, des samples atmosphériques et un passage parlé qui en dit long sur la condition humaine, ses croyances, son environnement, bref sur une modernité qui nous échappe et nous brûle à vif.

A nouveau, WHITE WARD nous emmène pour un voyage introspectif au gré d'un black metal aussi progressif qu'inventif. Les atmosphères dépeintes sont sombres et la musique est riche. Les Ukrainiens sont passés maîtres dans l'art de l'innovation dans le metal extrême et ils nous montrent que rapidité et atmosphère sont compatibles au point de véhiculer un message puissant et fédérateur,sans gâcher l'effet de surprise qui se dégage à chaque coin de riff. Un bijou post-black.

Blogger : Aude Paquot
Au sujet de l'auteur
Aude Paquot
Aude Paquot est une fervente adepte du metal depuis le début des années 90, lorsqu'elle était encore... très jeune. Tout a commencé avec BON JOVI, SKID ROW, PEARL JAM ou encore DEF LEPPARD, groupes largement plébiscités par ses amis de l'époque. La découverte s'est rapidement faite passion et ses goûts se sont diversifiés grâce à la presse écrite et déjà HARD FORCE, magazine auquel elle s'abonne afin de ne manquer aucune nouvelle fraîche. SLAYER, METALLICA, GUNS 'N' ROSES, SEPULTURA deviendront alors sa bande son quotidienne, à demeure dans le walkman et imprimés sur le sac d'école. Les concerts s'enchaînent puis les festivals, ses goûts évoluent et c'est sur le metal plus extrême, que se porte son dévolu vers les années 2000 pendant lesquelles elle décide de publier son propre fanzine devenu ensuite The Summoning Webzine. Intégrée à l'équipe d'HARD FORCE en 2017, elle continue donc de soutenir avec plaisir, force et fierté la scène metal en tout genre.
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