14 juin 2022, 23:55

GATECREEPER + CAVALERIE + YAROTZ

@ Béthune (Le Poche)

14 juin brûlant au Poche de Béthune avec un plateau qui a attiré de nombreux fans de brutalité musicale.

YAROTZ – pour Yarots terme russe signifiant rage – laisse se dérouler une intro mystérieuse avant de lancer les hostilités d’un "Impunity" féroce, à la batterie remarquable, qui n’est pas sans évoquer CONVERGE, tout comme le sont les deux bombes finales, "BMAP" et "Last Lust". Tout de noirs vêtus, à l’exception du batteur torse nu, souvent plongés dans une agressive lumière blanche, les trois musiciens assènent leurs compositions punk/hardcore avec une conviction non feinte, juste interrompue par de brèves interventions du chanteur/guitariste.Voix grave ou cris, il semble hanté par les notes jouées, le visage expressif, souvent déformé par des grimaces, yeux grand ouverts. Le trio refuse toutefois de se complaire dans une seule ambiance. Dès le cœur du deuxième titre, le tempo ralentit pour créer une sensation d’oppression, de menace propre au post-metal. Ce côté malsain jaillit du palpitant et insideux "Vergogna", précédé de bruits de mer. Le cogneur s’offre même un aussi bref que surprenant solo avant "Gold". Les trente minutes de concert, portées par un son qui rend justice à la puissance du groupe, oscillent ainsi entre furie brute et lourdeur torturée en déclinant dans l’ordre les compositions de leur premier album Erinyes – sauf "Deliverance" et "Phoenix".


CAVALERIE arrive ensuite au galop avec son crust vaguement black metal. Le bassiste/chanteur tente de rameuter la foule (« avancez, avancez ! ») mais, exception faite de deux proches du groupe qui s’agitent par intermittence, le public ne semble guère captivé. Dans ce trio, seul le leader, veste en cuir noir, semble dans son univers. Le batteur s’applique pour conserver le rythme, sans toujours y parvenir, quand le guitariste, concentré et immobile, paraît jouer une musique qui ne le touche pas. Étrange attelage... C’est violent, primitif... et court : 15 minutes et au-revoir !


Pour son premier passage en France, sur la route du Hellfest, GATECREEPER a délivré une parfaite leçon de death metal. Les cinq américains, latinos pour certain, rednecks pour d’autres, ont signé une prestation remarquable qui a enflammé un Poche électrique, avec pogos glissants – le sol était humide – et headbanging commun à la fosse et à la scène, comme sur le génial "From The Ashes" ; un audacieux a même fini porté par la foule ! Les gars de l’Arizona, portés par un son lourd et gras, nous plongent d’emblée avec "Sweltering Madness" et des lights versâtres dans un oppressant marais floridien où rampe OBITUARY. Les growls sont impressionnants, la section rythmique groove à mort ("From The Ashes", à la mélodie qui grignote le cerveau, "Puncture Wounds", "Barbaric Pleasures"), les riffs s'inspirent de l'école suédoise des années 90 (coucou ENTOMBED sur "Craving Flesh") et insistent sur des mid-tempos qui convoquent BENEDICTION. Ajoutons une pincée de hardcore et un court solo strident par ci, par là pour obtenir une recette infernale, old-school en diable certes, mais purement jouissive. Des saillies d'une violence pure – les trois brûlots d’une minute au compteur, batterie psychotique, tirés du récent EP « An Unexpected Reality » – jaillissent à intervalles réguliers pour pimenter ces plats riches en calories. Merci pour le festin, camarades •

Blogger : Christophe Grès
Au sujet de l'auteur
Christophe Grès
Christophe a plongé dans l’univers du hard rock et du metal à la fin de l’adolescence, au tout début des années 90, avec Guns N’ Roses, Iron Maiden – des heures passées à écouter "Live after Death", les yeux plongés dans la mythique illustration du disque ! – et Motörhead. Très vite, cette musique devient une passion de plus en plus envahissante… Une multitude de nouveaux groupes a envahi sa vie, d’Obituary à Dark Throne en passant par Loudblast, Immortal, Paradise Lost... Les Grands Anciens – Black Sabbath, Led Zep, Deep Purple… – sont devenus ses références, comme de sages grands-pères, quand de jeunes furieux sont devenus les rejetons turbulents de la famille. Adorant écrire, il a créé et mené le fanzine A Rebours durant quelques années. Collectionneur dans l’âme, il accumule les set-lists, les vinyles, les CDs, les flyers… au grand désarroi de sa compagne, rétive à l’art métallique.
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