25 juillet 2022, 20:27

MOTOCULTOR 2022

Interview Pierre Agapit (chargé de production du festival)

Blogger : Clément
par Clément


En France on n'a pas de pétrole… mais on a des festivals ! Et force est de constater qu’en 2022, nombre d’entre eux font à nouveau l’actualité après deux années de silence imposées par la pandémie. Derrière cette machine de guerre qu’est le HELLFEST et sa double édition gargantuesque, d’autres événements hexagonaux drainent eux aussi les masses avides de décibels. Le MOTOCULTOR est l’un d’entre eux. Et depuis sa première tenue en 2007 du côté de Saint-Avé, celui-ci a su gagner ses lettres de noblesse au fil des années pour proposer une édition 2022 toujours plus riche et variée. Jugez plutôt : POWERWOLF, KREATOR, BEHEMOTH, DARK TRANQUILITY, TESTAMENT, SICK OF IT ALL ou encore LEPROUS y seront présents en têtes d’affiche. Aux côtés d’une centaine d’autre groupes qui régaleront petits et grands. Pierre Agapit, membre de l’équipe organisatrice, a pris le temps avec HARD FORCE de faire un saut dans le passé et un bond dans le futur à quelques semaines du début des hostilités.


Pierre, c’est tout d’abord un joyeux anniversaire que nous avons envie de te souhaiter puisque le festival va fêter ses 15 ans cette année. Dans quel état d’esprit abordes-tu cette nouvelle édition ?
Merci ! Eh oui, la première édition du MOTOCULTOR s'est déroulée il y a déjà quinze ans. Que le temps passe vite ! Me concernant, je suis serein mais dans le jus puisqu’il reste encore beaucoup de pain sur la planche. De nombreuses nouveautés vont être mises en place et nous souhaitons valoriser chacune d’entre elles au mieux, comme le déploiement d’une quatrième scène. Mais ce n’est pas tout ce que nous allons proposer, il y aura également un camping plus grand pour accueillir les bénévoles et les festivaliers sur les lieux. Nous sommes confiants sur l’adhésion du public avec plus de 50% des pass 4 jours déjà vendus (NDLR : chiffre qui est monté à 80% et 75% pour les pass 3 jours, le 20 juillet, ). Voilà qui démontre qu’il y a de l’attente derrière cette nouvelle édition et cela nous permet de tenir le cap parce que de nombreuses personnes sont derrière nous et que nous avons leur soutien. Nous ne lâcherons rien !

Avant d’aller plus loin, revenons sur cet article paru en 2017 dans le journal Le Monde sur lequel le journaliste expliquait que le MOTOCULTOR pouvait être considéré comme le petit frère du Hellfest, c’est plutôt flatteur non ?
Oui, c’est flatteur même si le MOTOCULTOR est un festival qui cultive sa propre identité. Nous souhaitons à tout prix qu'il demeure un événement à taille humaine où la convivialité et le partage sont des valeurs essentielles. Ces valeurs qui sont inscrites dans notre ADN sont plébiscitées par le public depuis les toutes premières éditions. Le HELLFEST brasse quant à lui un public très varié avec une affiche large pour satisfaire le plus grand nombre de festivaliers... et c’est très bien comme cela. Le MOTOCULTOR attire, évidemment, moins de monde mais je ne considère pas cela comme notre talon d’Achille. Au contraire puisqu’à mon sens l’on n’y vient pas par hasard, sur un coup de tête. C’est une expérience, une ambiance différente que nous voulons y proposer.

J’aimerais revenir avec toi sur trois éditions du MOTOCULTOR qui ont laissé leur empreinte : tout d’abord celle de 2010 avec une programmation d’envergure malgré une affluence relativement faible (ENTOMBED, SODOM, MADBALL, ULTRA VOMIT, LOUDBLAST...)...
Je n’étais pas encore dans l’équipe à cette époque, donc il faudrait que tu puisses poser la question aux principaux intéressés. Il faut cependant garder à l’esprit que cette année-là a marqué un tournant puisqu’il s’agit de la première édition qui s’est tenue en plein air. Pour apprécier le bond en avant que cela représentait avec une telle affiche, il faut revenir aux prémices du festival en 2007 qui tenait plus du délire entre potes dans une salle que d’un véritable festival comme celui que tu peux connaître aujourd’hui.

2013 marque le déménagement sur le site de Kerboulard, à Saint-Nolff...
Celui-là, je l’ai connu en tant que festivalier puisque c’était le premier MOTOCULTOR auquel j’ai assisté avec ANNIHILATOR, ENSLAVED et EXODUS notamment en haut de l’affiche. Le site de Kerboulard à Saint-Nolff est un site parfait à ce titre. Cela n’est pas un hasard puisque l’organisation a depuis toujours voulu valoriser et optimiser l’aménagement du site pour faire en sorte que le public soit toujours mieux accueilli. De ce côté-là, l’objectif est atteint je pense.


2019 marque un passage de cap avec une édition historique où le festival passe la barre des 40 000 spectateurs sur 3 jours...
42 000 exactement ! C’est un peu plus de 10 000 personnes supplémentaires par rapport à l’année précédente. Si je ne devais retenir qu’une seule chose c’est que ce public, de plus en plus nombreux, se reconnaît dans la programmation que nous avons proposée. D'autant que cette année-là, nous avions ouvert le spectre musical sur les musiques celtiques et traditionnelles avec la participation, par exemple, de l’opéra rock Excalibur dès le jeudi. J'imagine que ce type d'initiative est attendue par le public, quelque chose qui propose une identité culturelle affirmée, une saveur différente...

Tu parlais de valeurs comme la convivialité ou la proximité tout à l’heure, penses-tu que celles-ci pourraient disparaître si la barre des 50 000 participants était dépassée par exemple ?
Je pense plutôt que ces valeurs sont liées à la localisation du site, l’ambiance qui s’en dégage. Regarde, il y a bien des festivals en Allemagne qui ont lieu sur des terrains démesurés, avec une affluence exceptionnelle et, surtout, une ambiance incroyable ! La scénographie, l’ADN du festival ou la programmation qui met à l’honneur des groupes méconnus sont les ingrédients essentiels du cocktail à mon sens. Je vois aussi que notre public est constitué d’habitués qui viennent chaque année en voulant savourer quelque chose de différent de ce que les autres festivals peuvent offir.

Les éditions 2020 et 2021 ont été éprouvantes avec l’annulation et report en masse de concerts et festivals, comment les as-tu vécu à titre personnel ?
Ces deux années ont été compliquées pour nombre d’entre nous. Yann Le Baraillec, fondateur du festival, avait tenté de déplacer des montagnes en maintenant l’édition 2021. Ce qui n’a pu se faire comme tu le sais. Cette instabilité, ce chaos fait qu’en 2022 nous avons plus que jamais envie d’en découdre et de célébrer une édition exceptionnelle ! Nous avons en tout cas fait le maximum pour cela même s’il reste encore beaucoup de choses à réaliser pour proposer quelque chose d’unique.

La soirée spéciale du jeudi, la "Thursday Rockin’ Night" avec CLUTCH, THE HIVES ou THE LIBERTINES en est un bon exemple...
C’est exactement ça ! Avec un tel plateau, nous espérons séduire un public différent puisque les Suédois THE HIVES côtoieront les LIBERTINES de Pete Doherty et Carl Barât. N’oublions pas non plus SLIFT, CLUTCH ou encore les mythiques YOUNG GODS qui s’ajouteront à cette soirée exceptionnelle : ça promet !

On imagine que le temps de l’annonce d’un crowdfunding en février 2017 où la barre des 50 000€ était annoncée est désormais révolue puisque c’est au final plus de 66 300€ qui ont été récoltés. Comment se portent les finances aujourd’hui ?
Oui, 2017 était une année noire. D’ailleurs ce crowdfunding avait été lancé pour avoir la trésorerie qui permettrait de continuer l’édition d’après et non de réduire la dette. Mais nous avons sorti la tête de l’eau, les éditions 2018 et 2019 ont été couronnées de succès. Nous avons de quoi être optimistes aujourd’hui puisque que les CNM et SACEM ont soutenu le festival qui est considéré comme un acteur culturel majeur sur la scène metal, ce qui nous a ouvert des droits à des subventions significatives. Pour tout te dire, l’intégralité de la dette a été épongée et nous sommes sur une édition du MOTOCULTOR qui repart de zéro, dans des conditions idéales. C’est un bien beau cadeau d’anniversaire !

J’aimerais revenir sur ces fameuses soirées "Warm Up" qui ont mis à l’honneur au mois de mai des groupes comme CIRCLES OF CHAOS, BEER BREATH, GOROD, OTARGOS, SOMAH, KICKED TO HEAVEN et bien d’autres. Peux-tu nous en dire un peu plus sur l’objectif de ces soirées ?
Bien sûr, cette tournée "Stayin’ Alive Tour" s’est déroulée sur six dates, à Lille, Paris, Angers, Rennes, Vannes et Niort du 17 au 22 mai derniers. Son objectif était d’assurer la promotion du festival et en même temps de mettre en avant des groupes pour qui l'équipe de l'organisation a eu un coup de cœur. Nous avons réussi à mettre sur la même affiche des groupes confirmés comme GOROD ou OTARGOS sur certaines dates avec des formations locales pour proposer une affiche de qualité, et ce, quel que soit le lieu. A chaque fois nous avons travaillé main dans la main avec des acteurs locaux comme l’association CROM à Angers ou le Chat Noir à Lille. Il est important pour nous que ces moments soient accessibles pour tous avec des tarifs entre 5 et 15€ selon le plateau proposé. Nous n’oublions pas d’où nous venons et ces soirées sont des moments privilégiés pour rencontrer notre public, nos bénévoles qui ont un même point commun : ce sont des passionnés de musique avant tout ! Comme nous...

Allez finissons en beauté, si tu avais un unique vœu à formuler pour cette édition, lequel serait-il ?
Que ce MOTOCULTOR se déroule comme nous l’imaginons, ce serait la plus belle des victoires après deux années de disette. J’espère aussi que les bénévoles seront au rendez-vous car c’est grâce à eux que le festival peut se tenir dans les meilleures conditions, nous avons d’ailleurs à cœur de les accueillir dans de bonnes conditions pour qu’ils vivent ce festival comme les autres. Nous avons connu comme bien d’autres deux années difficiles et je peux te garantir que toute l’équipe de l’organisation est motivée comme jamais. Nous avons beaucoup travaillé pour que cette édition soit véritablement un moment de fête et de partage. Je vous donne donc rendez-vous du 18 au 21 août à Saint-Nolff pour vivre ensemble l'expérience MOTOCULTOR !

Retrouvez la billetterie du MOTOCULTOR FESTIVAL OPEN AIR en suivant ce lien : Motocultor2022
www.motocultor-festival.com

  

  

Blogger : Clément
Au sujet de l'auteur
Clément
Clément a connu sa révélation métallique lors d'un voyage de classe en Allemagne, quelque part en 1992, avec un magazine HARD FORCE dans une main et son walkman hurlant "Fear of the Dark" dans l'autre. Depuis, pas une journée ne se passe sans qu'une guitare plus ou moins saturée ne vienne réjouir ses esgourdes ! Etant par ailleurs peu doué pour la maîtrise d'un instrument, c'est vers l'écriture qu'il s'est tourné un peu plus tard en créant avec deux compères un premier fanzine, "Depths of Decadence" et ensuite en collaborant pendant une dizaine d'années à Decibels Storm, puis VS-Webzine. Depuis 2016, c'est sur HARD FORCE qu'il "sévit" où il brise les oreilles de la rédaction avec la rubrique "Labels et les Bêtes"... entre autres !
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