Pour son dernier concert avant la pause estivale, le Black Lab, belle salle de la banlieue lilloise qui existe depuis un an, accueillait KING BUFFALO pour une date exceptionnelle. Les Américains venus de Rochester, New-York, ont en effet joué deux concerts, à peine séparés d’une brève pause. Ils ont ainsi offert plus de deux heures de leur stoner nimbé de heavy et de psychédélisme.
Après une intro futuriste idéale pour se plonger dans l’atmosphère du trio, les musiciens s’installent en toute décontraction. Sean McVay (chant, guitare, synthé) se place à gauche de la scène quand son acolyte bassiste, Dan Reynolds, se dirige vers la droite. Bien en vue, au second plan et au centre, se tient la batterie de Scott Donaldson.
Le groupe, une fois un petit problème de micro réglé sur "Silverfish", son premier titre, emmène le public sur une mer aux vagues hypnotiques, bercée par des mélodies planantes, souvent lancinantes quand se dessinent des boucles de guitare ou se répètent à l’infini des motifs similaires.
Concentré sur ses nombreuses pédales et son clavier, Sean McVay nous berce de sa voix douce et triste quand Dan Reynolds se déplace à petits pas, comme porté par les notes de ses compères qu’il épaissit de ses lignes bien distinctes. Les spectateurs sont attentifs, absorbés par cette toile d’araignée sonique qui emprisonne chacun dans ses rêves, bercé par de somptueuses plages instrumentales – "Loam" qui conclut en beauté le premier set comme il achève l’album « The Burden Of Restlessness ».
Le trio ne se contente pas, loin de là, d’allonger ses chansons en de stériles longueurs. Il sait créer une réelle tension, une montée en puissance qui explose en soli incisifs et en déflagrations bien heavy impulsées par un Scott Donaldson vigoureux ; la tempêtes se déchaîne alors sur des flots devenus houleux.
Les quatre compositions de « Acheron », dernière production du groupe, sublime de mélancolie, sont essaimées durant le concert, perles d’or qui magnifient un collier déjà brillant ; peut-être eût-il été judicieux de les jouer à la suite pour un vertigineux voyage au cœur des Enfers ?
"Cerberus", aux influences bluesy, conclut le récital... mais les fans et les néophytes, subjugués, en veulent plus. "Orion" offre alors une ultime plongée dans le cosmos magnétique de KING BUFFALO.
© Christophe Grès