12 août 2022, 19:28

ARCH ENEMY

Alissa White-Gluz & Michael Amott interview

Journée parisienne très chaude et chargée pour Michael Amott et Alissa White-Gluz en promotion pour « Deceivers », leur nouvel album bien heavy sorti le 12 août dans le monde entier. En 2022, ce nouveau disque est destiné, selon le groupe ARCH ENEMY lui-même, à être le remède le plus efficace contre tous les maux possibles. Le leader du groupe et la chanteuse vous parlent de ce douzième album explosif, de ce qu’ils ont traversé avec l’épidémie et, surtout, de leur retour sur le devant de la scène. Ils se livrent aussi sur des sujets plus personnels... Michael joue sur sa Flying V argentée, entre deux interviews, lorsque je le rejoins dans une des salles des bureaux de Sony Music France.

Vous avez profité un peu de Paris ?
Michael : Nous sommes arrivés en fin d’après-midi, je me suis endormi direct. J’ai un peu profité d’un rooftop.
Alissa : Pas trop, non !
Michael : Nous venions de Londres pour une journée promo. La veille, c’était Berlin. Et avant ça, Los Angeles.

Du non-stop !
Michael : Oui, non-stop ! Mais voilà, nous sommes de retour et bien présents.

Comment se porte ARCH ENEMY en 2022 après de longs mois sombres ?
Michael : Nous sommes bien là ! Nous étions en pause forcée, notamment en ce qui concerne les concerts qui représentent une grosse partie de notre vie. Nous rentrons des Etats-Unis où nous avons tourné. C’était génial. J’ai pu me retrouver, retrouver mon "moi", cette sorte d’identité artistique.

Serait-il facile pour vous de résumer « Deceivers » en quatre mots ?
Alissa : (Rires) Pure Fucking Heavy Metal !
Michael : Pourquoi pas ? Je dirais même si ça sonne cliché : cette dualité entre la lumière et les ténèbres, heavy, un joli moment euphorique. C’est difficile en quatre mots.
Alissa : C’est vrai que si tu regardes attentivement la pochette de l’album, tu as ces quatre expressions émotionnelles.

Justement, la pochette montre différentes émotions. Est-ce la matrice artistique de l’album ?
Michael : Oui, c’est très représentatif. La pochette est le premier contact que tu vas avoir avec un album. Quand tu vas acheter un disque, c’est le premier truc que tu vois. Cela donne envie de l'écouter et donne un sens à ce que tu vas écouter par la suite. Cela représente à la fois ce que tu vas entendre avec ce côté intrigant. C’est cool quand tu l’as en vinyle mais aussi sur ton smartphone. C’est une vraie peinture de notre musique. Il y a ce concept de comédie/tragédie théâtrale avec ces masques. Il y a plein de détails qui représentent aussi ce que nous avons composé.  

Alissa, comment te sens-tu après ces 8 années passées avec ARCH ENEMY ?
Alissa : C’est dingue que cela fasse déjà 8 ans. J’ai l’impression d’être dans le groupe depuis moins longtemps que ça : 3 ou 4 ans ! Bon, en même temps, pour tout le monde, il y a 2 ans que l’on peut mettre de côté (sourire). 2020 et 2021, ça ne compte pas (rires). Je suis heureuse de faire de la musique à nouveau, que l’on ait pu repartir en tournée. Je suis excitée à l’idée que tout redémarre.

Michael, tu étais en Suède durant la pandémie et toi, Alissa, au Québec. Comment avez-vous géré le travail de composition durant cette période, sachant qu’il n’y avait pas de mesures restrictives en Suède et qu’il y en avait au Canada ?
Michael : 
En Suède, il n’y avait pas de problèmes. C’était bizarre. Je n’aime pas trop parler de cette période. Je me sentais bizarre. Les personnes que je connaissais en dehors de la Suède étaient coincées. En Suède, pas de masque, pas de restrictions de déplacement. En 2021, nous avons travaillé au Danemark et avant ça, en Allemagne. Il y avait toutes ces contraintes : masque, quarantaine, test, les documents pour voyager. C’était compliqué et cela nous a coûté de l’argent pour gérer tous les frais à cette période. Nous étions quand même contents d’avoir un nouveau projet musical. Nous ne savions pas quand cet album allait sortir. Nous avions le temps de nous concentrer dessus, de travailler en profondeur les titres. Nous avons attendu pour le sortir que toute la situation sanitaire se stabilise.

Avez-vous enregistré des titres bonus ?
Oui, ce sont des chansons qui n’ont pas été sélectionnées pour « Deceivers ». Il y en a toujours pour chaque album mais cette fois-ci, un peu plus. C’est dû au fait que nous ayons eu plus de temps.  

Vous avez déjà sorti 5 singles. "Handshake With Hell" est très fort avec ses parties de chant clair. Il sonne un peu comme "Reason To Live"... Quelle a été votre stratégie pour le choix de ces titres ?
Nous avons débuté avec "Deceiver, Deceiver" qui est très punchy. C’est bien hard et mélodique. Pour le choix des titres, nous avons une équipe qui nous aide dans l’agencement de tout ce qu'il y à faire. Nous faisons attention à leur opinion. Pour "Sunset Over The" et "House Of Mirrors", c’était dans cette continuité bien heavy. "Handshake With Hell" fonctionne très bien et a un bon impact sur l’auditeur, notamment avec ces lignes de chant clair. J’en suis très satisfait.


​Nous parlions précédemment de ces masques de théâtre et de ces émotions véhiculées sur la pochette. Je vous propose un test : "Un titre, une émotion". Vous êtes d’accord ?
MichaelAlissa : Nous pouvons essayer...

"In The Eye Of The Storm"...
Alissa :
Groovy.

"The Watcher"...
Rapidité.

"Poisonned Arrow"...
Tristesse.

"Spreading Black Wings"...
Démoniaque (rires).

"Mourning Star"...
Mélancolique.

"Exiled From Earth"...
Coupant.

Vous souvenez-vous de votre dernier concert en 2019 ?
Michael :
Je m’en souviens, oui. C’était avec AMON AMARTH, non ? Je ne sais plus (rires, Michael se tourne vers Alissa). Oui, c’était avec eux. C’était un gros concert avec eux le 15 décembre 2019 à Amsterdam. C’était super, comme sur toute cette tournée. Nous nous sommes tous dit au revoir, surtout à notre équipe de roadies. Nous leur avons dit : « Rendez-vous dans un an ! ». En fait, nous ne les avons pas revus pendant deux ans et demi. Nous avions prévu de faire une pause pendant 2020 de toute façon. Les deux précédents albums nous avaient fait tourner pendant très longtemps. C’était comme une grosse tournée. 300 concerts ! Nous avons enchaîné, la set-list s’était transformée sans que l'on s'en aperçoive (rires) ! Avec la pandémie, tout s’est arrêté et ça a été étrange car je me demandais comment les choses allaient reprendre et surtout quand... Début 2020, je suis allé à Mexico en voyage avec Daniel Erlandsson, notre batteur. J’avais réservé un studio et nous avons fait des démos. Il n’y avait pas encore la pandémie, et puis boom ! Je me souviens très bien de ce dernier concert, je peux te l’assurer.

Alors, c’était comment ce premier retour sur scène lors de votre tournée nord-américaine avec BEHEMOTH ?
C’était fabuleux. C’était en Arizona, pas loin de Phoenix. Je n’en revenais pas lorsque la musique d'introduction du concert a débuté. J’étais là avec ma guitare. C’était comme dans un rêve. Je crois que j’avais déjà rêvé plein de fois de cette situation pour ne rien te cacher. C’était tout à fait naturel pour moi de me retrouver là. Même si dans mon esprit, j’avais un peu un sentiment étrange, un peu comme du trac. Mais tu sais, c’est comme faire du vélo, tu n’oublies pas ! C’est naturel pour nous.


Qu’est-il prévu pour le groupe dans un futur proche ?
Une tasse de café (rires).

Quoi d’autre ?
Nous allons terminer cette campagne de presse. Beaucoup d’interviews en phoner, en zoom, en face à face. On va  se retrouver en Allemagne pour répéter. Puis il y aura six festivals : Wacken, SummerBreeze, Reload, Alcatraz... Des concerts en tête d’affiche. Plein de moments extraordinaires pour tout le monde. Nous allons faire des gros concerts, ça fait trop longtemps. Nous serons de retour en Europe à l’automne avec BEHEMOTH et CARCASS. Nous jouerons au Zénith à Paris le 4 octobre, le 5 à Toulouse et le 11 à Lyon. L’année prochaine, nous serons au Japon, en Australie, en Amérique latine, avant de revenir en Europe. Nous croisons les doigts. Les choses ont l’air de se stabiliser.

Certains artistes disent ne plus écouter de musique ou même de heavy metal en dehors des tournées. Et vous alors ?
Michael : Moi, à fond...
Alissa : Moi aussi, c’est le style qui me représente le plus, même si je peux écouter d’autres trucs.

Et toi, Michael, toujours chasseur de vinyles ?
Michael : Oui, pourquoi changer ? Ça ne s’arrêtera jamais. Je suis un "ARCHéologue", j’aime aller chercher toutes mes influences, déterrer des trucs.
Alissa : ARCH-éologue (rires).
Michael : Oui (rires). J’ai une grosse collection depuis que je suis jeune. Je n’ai jamais développé d’autres hobbies : le golf, jardiner... Je me lève, je prends un café, je joue de la guitare tous les jours. Il y en a une dans chaque pièce chez moi. C’est ma routine. J’ai fait ça toute ma vie. C’est complètement naturel. Je m’exerce tous les jours, j’en ai même une dans mes toilettes, je crois que c’est dans cette pièce que je suis le plus créatif (rires).

Alyssa, tu fais quoi, toi, à part de la musique ?
Je suis à l’opposé de Michael, j’ai des milliers de hobbies. Je jardine, fais beaucoup de sport. Je peins, j'écris de la poésie, je fais de la photo de concerts, de la nature. J’aime la mode, je crée des trucs. J’aime beaucoup lire, notamment de la poésie. Pour le fun, j’apprends différentes langues. J’aime travailler le bois : je me suis fait une table il y a quelques années. J’ai plein de passe-temps, j’aime être occupée.


Pour terminer,  j’ai un test psychologique à vous faire...
Ouuuuuhhhh (rires).
Michael : il y a une ambulance qui nous attend à la fin (rires) !

Ce test s’appelle "Chanson émotion". Je vous donne une situation émotionnelle en lien avec une chanson et vous me donnez un titre parlant pour vous. OK ?
Michael et Alissa : allons-y !

La chanson qui vous calme ?
Michael :
C’est une bonne question.
Alissa : Je ne suis pas calme (rires). Allez, je dirai "Almost" de DEVIN TOWNSEND PROJECT.
Michael : De la musique de Glasgow.

La chanson associée à un souvenir positif ?
(Ils réfléchissent tous les deux)
Michael : Il y en a plein. Je dirais KISS. « Destroyer » est l’un des premiers albums que j’ai achetés. J’adore "Detroit Rock City" avec ses harmonies à la guitare. (Michael chante les lignes de guitare pendant qu’Alissa cherche une réponse...)
Alissa : "Spiderwebs" de NO DOUBT.

La chanson associée à un souvenir négatif ?
Michael : Négatif (rires).
Alissa : Je n’écoute pas de trucs négatifs.

Non, plutôt une chanson qui était liée à un évènement négatif de votre vie. Pardon pour la tournure (rires)…
Michael : (rires)
Alissa : Tu nous donneras les résultats de ton analyse psy à la fin ?

Bien sûr !
Alissa : Je te dirai alors une chanson de Justin Bieber qui passait tout le temps au début de la pandémie. Pour moi, c’est un moment de vie négatif. Je n’en pouvais plus d’écouter ce titre pendant cette période. Un pour la période de vie, un pour la chanson.
Michael : Aucune idée, désolé.

La chanson d’amour ultime ?
Michael : "Jawbreaker" de JUDAS PRIEST (rires).
Alissa : Attends, je cherche dans mon smartphone...

La chanson qui vous fait pleurer...
Michael : Je pleure quand j’ai trop bu, parfois. Je te dirais "Always Somewhere" de SCORPIONS. Je la relie à ma vie de musicien sur la route, je suis toujours quelque part.
Alissa : Pour la chanson d’amour : "Michelle Carter" de SKYND.

Une chanson qui te fait pleurer alors ?
Alissa : Je ne pleure pas ! C’est un truc de garçon (rires).

La chanson qui vous rend euphoriques ? Ça peut être l’une des vôtres.
Michael : "Nemesis".
Alissa : J’allais le dire !
Michael : Nous finissons toujours nos concerts avec. Elle a 17 ans. Elle nous connecte avec le public.
Alissa : Elle me met la chair de poule à chaque fois. Je sais que c’est la dernière du set. Chaque concert est différent mais à chaque fois, c’est une véritable expérience.  

Une chanson connue que vous auriez aimé avoir écrite ?
Michael : Il y en a plein ! Probablement, une qui n’est pas dans mon style habituel. Un titre d’Elton John. Je sais écrire du metal, c’est mon job. J’aimerais savoir écrire dans un autre style. Je ne sais pas jouer de piano par exemple. Ce serait extra.
Alissa : Sans prétention, j’aurai aimé écrire "Bohemian Rhapsody" de QUEEN. •

L'interview s'achève alors que nous reparlons en off avec Michael de son addiction au heavy metal old-school et notamment au hard rock français des années 1980...
 

Blogger : Laurent Karila
Au sujet de l'auteur
Laurent Karila
Psychiatre spécialisé dans les addictions, Laurent Karila a collaboré à Hard Force de 2014 à 2023.
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