Même si BELPHEGOR a accusé une petite baisse de régime sur ses deux derniers albums (« Conjuring The Dead » et « Totenritual » ), le groupe autrichien fondé par Helmuth Lehner en 1992 reste une institution en matière de black/death revanchard. Ces trente années passées au service de la bête n’ont jamais démenti l’investissement total du guitariste/chanteur, qui a toujours su s’entourer d’excellents musiciens au passage, pour parfaire son œuvre diabolique. Et le moins que l’on puisse dire c’est qu’il a parcouru depuis sa toute première démo, parue en 1993, un sacré bout de chemin en s’imposant comme l’un des fers de lance du metal extrême. Il faut dire qu’avec douze albums dans sa besace, en y incluant « The Devils », le bougre a démontré qu’il fallait compter sur lui et ses sbires.
C’est donc presque cinq ans après un « Totenritual » mi-figue mi-raisin, que BELPHEGOR revient hanter nos platine une nouvelle fois pourvu de son black/death brut et viscéral. Avec un line-up vissé autour du duo Helumth/Serpenth ici enrichi par la superbe prestation du batteur David Diepold (OBSCURA), le groupe a su prendre son temps pour composer un album aux allures de come-back tonitruant. Illustré par Seth Siro Anton et produit de main de maître par Jens Bogren, « The Devils » affiche un programme alléchant autour de 9 morceaux calés en 42 minutes chrono. Il n’en faut pas beaucoup plus pour diagnostiquer ici une envie de sortir des sentiers battus comme rarement BELPHEGOR s’y était risqué. Attention, pas de méprise : aucune trace de bidouillages électroniques et encore moins d’envolées progressives ne sont ici à l’ordre du jour. Non, mais des expérimentations comme "Glorifizierung des Teufels" et ses atmosphères lugubres, "Damnation - Höllensturz" qui s’aventure sur des terres moyen-orientales ou "Creature Of Fire" qui s’amourache de voix féminines de toute beauté sur des ambiances tribales. "Virtus Asinaria - Prayer" n'est pas en reste et possède quant à lui un côté hypnotique, massif qui en laissera plus d’un sur son fessier. Que les fans du groupe se rassurent, les autres morceaux sont plus "classiques" et comportent la patte du groupe avec des mélodies frissonnantes doublées d’accélération meurtrières. Et je ne vous parle pas de ce medley qu’est "Blackest Sabbath" brutal à souhait qui remet l’album « Blutsabbath » à l’honneur en fin de parcours, disponible sur tous les formats sauf la version CD standard, excepté l'édition japonaise. Que demande le peuple ?
Le message est clair : BELPHEGOR est bel et bien vivant et il a encore des choses à dire, plus de trois décennies après sa formation du côté de Salzbourg. Il livre ici neuf morceaux épiques truffés de breaks audacieux qui font passer la douloureuse comme une lettre à la poste. Et cette nouvelle cuvée réussit le tour de force de donner à ses fans tauliers ce qu’ils espèrent de sauvagerie garantie tout en régalant de sa fougue les plus récemment convertis. Sincère et dévoué, ce douzième album est à l'image de son créateur, Helmuth : sans compromis.
