15 août 2022, 13:26

LES ACTEURS DE L'OMBRE

Les dernières sorties passées à la loupe : HYRGAL, MIASMES, 1/2 SOUTHERN NORTH & PEURBLEUE

Blogger : Clément
par Clément


Après avoir fait parler de lui en début d'année avec notamment les albums de PENSEES NOCTURNES, DÉHÀ ou WESENWILLE (dont vous retrouverez les chroniques dans ces mêmes colonnes), Les Acteurs de l'Ombre ont lâché au cours de ces dernières semaines estivales plusieurs sorties de haut vol. Les quatre dernières en date sont réunies ici avec un menu particulièrement réjouissant sous le signe du metal extrême dans tous ses états. Et il y en a, comme à chaque fois... pour tous les goûts : allez, c'est l'heure de passer à table !
 

HYRGAL « Hyrgal »
Troisième album de l’un des groupes les plus emblématiques du label, « Hyrgal » marque également l’arrivée de Remi Serafino (DISSIDENT, CRUSHER) derrière les fûts et de Matthias Nagy à la guitare. Clément Flandrois officie toujours en maitre de cérémonie secondé par Alexis Chiambretto à la basse, avec cette fois-ci un côté sauvage, incontrôlable auquel il nous avait rarement habitué jusqu’ici.
Le doublé d’ouverture "Diablerie"/"Légende Noire" en est d'ailleurs la plus vile illustration et devrait faire son petit effet auprès des plus enragés d’entre vous. Mais HYRGAL sait toujours y faire lorsqu’il s’agit d’envoyer des tourbillons de riffs épiques qui se marient à merveille à des plans plus atmosphériques qui lui confèrent une force unique, "Vermines" et "Fureur Funeste" en tête de gondole : voilà sa marque de fabrique à n’en point douter !
​Tout comme ces rythmiques guerrières couronnées de quelques mid-tempos qui font des merveilles sur l’explosion finale "Au Gouffre". De la belle ouvrage !
Enregistré, mixé et masterisé au studio de la Crypte par Clément Flandrois, Rémi Serafino et Xavier "Tryf" Burnier, ce nouveau méfait devrait faire craquer un bon nombre de nuques tant son black metal envoûtant se révèle une nouvelle fois sans compromis.

 

MIASMES « Vermines » EP
Ce trio français formé l'année dernière autour de G. (ex-RITUALIZATION, ANTAEUS live), K. (ex-COMO MUERTOS) et C. propose un black metal qui prend sa source chez DARKTHRONE, AURA NOIR ou CARPATHIAN FOREST.
MIASMES ne prend pas de gant ici en optant ici pour une approche résolument old-school, de celles qui fait de grosses tâches de gras indélébiles sur les bords. Sale, méchant, malodorant et malpoli, « Vermines » balance cinq glaviauds en vingt-trois minutes pour en régurgiter un monument de noirceur et de vice. Et même si la recette est bien connue tant elle a déjà fait ses preuves, inutile d’en faire des caisses : chaque riff suinte la pils, la crasse et la sueur par tous les pores.
Chaque coup de manche, de cymbale ou de baguette n'est que prétexte à rendre un vibrant hommage au black metal dans sa forme originelle, le compteur bloqué quelque part au début des années 90.
Affublé d’une production percutante, ce premier EP de MIASMES illustre avec rage ses thèmes de prédilection, ici la déchéance humaine, la mort et l’apostasie. Mais il résonne surtout comme un appel à l'amour du cuir et de la descente de Kro par hectolitre. Burps !

 

1/2 SOUTHERN NORTH « Narrations Of a Fallen Soul »
Changement radical de registre avec ce "one-woman band" formé par une certaine IDVex (alias Ifigeneia Derizioti) ici à la manœuvre pour la guitare et à la basse sur ce premier album très surprenant.
Secondée par Chelys Lyre (textes, thérémine, synthés) et Philippos Lyrintzis (batterie), celle-ci propose ici un style aux confins du doom et du black qui n’en portent que les stigmates pour s’adonner à une musique plus sombre et incantatoire portée par ses vocalises, exceptionnelles.
Mélodiques, riches en atmosphères, les soixante-sept minutes de cette invitation au voyage qu’est « Narrations Of a Fallen Soul » réussissent à transporter l’auditeur dans des contrées jusque-là rarement fréquentées et c’est en premier lieu grâce à la voix de cette artiste.
Chaleureuse, enjouée, étrange, elle porte en son ADN une sensibilité qui happe autant qu’elle peut surprendre lors des premières écoutes ; avec cette impression de flottement, de détachement des turpitudes du monde des humains qui en fait toute sa grâce. Bénéficiant en bonus d’une production riche, fourmillant de mille détails, signée George Dimitrakopoulos aux Bandapart Recording Studio de Kalamata, l’album se voit ici illustré de main de maître par Paschalis Zervas et Wolframgrafik.
Une expérience déroutante, certes, aux premières écoutes… puis envoûtante sur toutes les suivantes.

 

PEURBLEUE « La Cigüe »
Alors qu’il officie déjà au sein d’ENTERRE VIVANT avec son comparse Erroiak, Sakrifiss s’est cette fois-ci acoquiné avec JC EX à la composition et aux instruments au cœur du projet PEURBLEUE. Et le moins que l’on puisse dire c’est que le youtubeur au visage masqué d’un morceau de jean troué s’éloigne ici du black metal traditionnel pour se frotter aux froides sonorités dark ambient et industrielles sur ce premier album.
Bourré de dissonances et de nappes bruitistes qui le rapprocherait des derniers travaux de XASTHUR ou LURKER OF CHALICE, l’album s’apparente à un véritable labyrinthe truffé d'indices retors, de fausses pistes et de frénésies rythmiques.
Un puzzle à l'apparente simplicité en surface mais aux structures torturées dont le but avoué est de faire régner la confusion. Une confusion, un malaise savamment entretenus par l’emploi de cette voix fantomatique qui déclame et profère de façon inquiétante.
A l’image également de cette pochette qui entretient le doute, la peur ou de cette production volontairement abrasive qui ajoute une lourdeur suffocante à l’ensemble. Sans nul doute, « La Cigüe » est une sombre réussite pour qui osera poser ses deux oreilles sur cet album... aux allures d’aller simple et sans retour vers les abysses.

Blogger : Clément
Au sujet de l'auteur
Clément
Clément a connu sa révélation métallique lors d'un voyage de classe en Allemagne, quelque part en 1992, avec un magazine HARD FORCE dans une main et son walkman hurlant "Fear of the Dark" dans l'autre. Depuis, pas une journée ne se passe sans qu'une guitare plus ou moins saturée ne vienne réjouir ses esgourdes ! Etant par ailleurs peu doué pour la maîtrise d'un instrument, c'est vers l'écriture qu'il s'est tourné un peu plus tard en créant avec deux compères un premier fanzine, "Depths of Decadence" et ensuite en collaborant pendant une dizaine d'années à Decibels Storm, puis VS-Webzine. Depuis 2016, c'est sur HARD FORCE qu'il "sévit" où il brise les oreilles de la rédaction avec la rubrique "Labels et les Bêtes"... entre autres !
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