Le trio KING BUFFALO, originaire de Rochester, dans l'état de New York, a sorti son cinquième album intitulé « Regenerator ». Il est le dernier de la "trilogie pandémique" que le groupe a composée au cours du confinement mondial. Il fait suite à « The Burden Of Restlessness » sorti en juin 2021 et « Acheron » commercialisé la même année en décembre. « Regenerator » propose sept nouveaux titres. Si c’est le guitariste/chanteur Sean McVay, qui s’est chargé de l’enregistrement et du mixage, c’est avec ses compères Dan Reynolds (basse et synthétiseurs) et Scott Donaldson (batterie) que les titres ont été composés. L’ensemble a été masterisé par Bernie Matthews.
A l’image des précédents albums, « Regenerator » s’inscrit profondément dans l’essence de KING BUFFALO. Les trois musiciens continuent avec ce dernier volet à explorer les profondeurs de la musique psychédélique moderne en mélangeant des rythmes progressifs, accompagnés d’ambiances atmosphériques et de riffs électriques. A l’écoute de cet album, l’auditeur averti est rapidement conforté dans le sentiment que KING BUFFALO s’inscrit comme l’une des plus brillantes étoiles de la galaxie du rock underground actuel comme l’illustre la pochette réalisée par Mike Del Rosario.
L’album commence par la chanson titre "Regenerator". Son introduction aux synthétiseurs fait office de préparation à l’état d’hypnose nécessaire à toute expérience psychédélique. Elle débouche sur un rythme dynamique et entraînant du trio guitare/basse/batterie sur lequel Sean McVay vient déposer son chant pour rapidement laisser place à un solo de guitare lunaire qui tire le morceau sur plus de 9 minutes et demi de plaisir auditif. Plus classique, "Mercury" se développe sur un groove dynamique entrecoupé de riffs incisifs qui sonnent comme des explosions sonores. Avec l’entraînant "Hours", la première partie de « Regenerator » se termine de fort belle manière. "Interlude" offre une jolie transition en arpège et voix. Tout en retenue, "Mammoth" se développe dans un esprit très bluesy. En enchaînant sur "Avalon", nous revenons à une ambiance plus solaire tout en restant dans la retenue, même si le refrain dégage plus d’énergie. L’entrée au "Firmament" conserve cet esprit groovy avant de déboucher crescendo sur un riff incisif qui sonne comme une sorte de libération.
Avec ce « Regenerator », ce qui est remarquable, c’est cette constance que le groupe réussit à reproduire à l’infini. En explorant un univers musical dense et infini sans jamais tomber dans l’ennui, tout en réussissant merveilleusement à se renouveler, le groupe parvient une fois de plus à exploiter avec brio les ruptures qui lui permettent de tirer avec talent le meilleur parti des riffs répétitifs et entraînants basés sur un groove imparable. Cette maîtrise se transcende lorsqu’elle est transportée sur scène car ceux qui ont eu la chance de les voir ou de les découvrir lors de leur récente tournée européenne ont pu faire le constat d'un groupe qui maîtrise totalement et parfaitement son sujet. S’il fallait définir la quintessence du style stoner actuel en quelques groupes, à n’en pas douter KING BUFFALO ne pourrait pas en être objectivement écarté.