1 septembre 2022, 18:36

MEGADETH

"The Sick, The Dying… And The Dead!"

Album : The Sick, the Dying... and the Dead!

Avant d’écrire quoi que ce soit, replaçons les choses dans leur contexte. MEGADETH n’est pas le genre de groupe avec lequel on plaisante lorsque vient le moment de faire une chronique. Membre du club BIG 4 aux côtés de METALLICA, SLAYER et ANTHRAX et fort d’une carrière discographique qui frôle les quarante ans, il a su au fil des décennies et des albums parus surprendre, agacer, se faire encenser (« Rust In Peace ») autant qu’haïr (« Cryptic Writings », « The World Needs A Hero » notamment). A l’image de nombre de ses congénères ayant quelques kilomètres au compteur et un nombre certain de disques dans la besace, l’attente entre deux albums se compte désormais en un nombre d’années conséquent. Il est loin le temps des LED ZEPPELIN ou autre SAXON dont les deux premiers albums respectifs n’avaient été espacés que de quelques mois. De toute façon, il faut bien se dire que le tour de la question en cinquante ans a été fait et que l’urgence n’est plus de mise pour des formations du rang auquel appartient MEGADETH. Ajoutons enfin qu’il y a suffisamment d’autres groupes pour nous faire patienter entre deux livraisons afin de nous faire une raison sur ces quelques longueurs. Ça, c’est dit.

Pour le groupe créé par le chanteur et guitariste Dave Mustaine, il faut remonter à 2016 pour se remémorer « Dystopia », premier disque en compagnie du guitariste Kiko Loureiro (ex-ANGRA) et dernier avec la paire rythmique constituée du bassiste David Ellefson, depuis tombé en disgrâce, et du batteur Chris Adler (ex-LAMB OF GOD). Pour celui-ci, « Dystopia » aura été l’unique contribution studio, remplacé par Dirk Verbeuren, ayant quitté en 2016 les rangs de SOILWORK. La valse des musiciens chez MEGADETH étant une valse à mille temps, mille et un changements ont eu lieu au fil de ces dernières années. Depuis "l’affaire Ellefson", James Lomenzo (déjà bassiste de MEGADETH entre 2006 et 2010) a été rappelé sous les drapeaux par le général Mustaine mais ce sont les lignes du bassiste Steve DiGiorgio que l’on peut entendre sur « The Sick, The Dying... And The Dead! », les parties de basse ayant été réenregistrées à la demande de Dave Mustaine, toujours par rapport au motif de séparation étant survenu. Vous suivez toujours ? Mouais, j'ai un doute... Attaquons-nous maintenant au plus important : la musique !

Seizième de cordée dans la liste de ses albums, « The Sick, The Dying... And The Dead! » se veut dans la droite lignée de son prédécesseur. Agressif, rapide, s'il ne groove pourtant pas comme il nous a parfois été donné d’entendre le gang californien (sur « Thirt3en » en 2011 ou « Super Collider » en 2013 pour ne parler que des plus récentes productions), ce nouveau disque assoit toujours un peu plus le über-leader Mustaine sur son trône de metal. Pour son retour, MEGADETH a frappé fort avec le single "We’ll Be Back" et sa vidéo digne de grosses productions cinématographiques. La hargne et la vitesse d’exécution de son thrash incisif font mouche une fois de plus, renvoyant nombre de groupes à leurs études et à leurs sneakers à languettes. Et ce n’est pas le missile air-sol "Night Stalkers" justement, avec comme invité le chanteur de BODY COUNT, Ice- T, qui viendra minimiser ce constat. Pour la référence, cette composition est un hommage au 160th SOAR (pour Special Operations Aviation Regiment (Airborne)), une unité d'hélicoptères de l'armée américaine appelée pour les opérations spéciales et dont le surnom sur son blason est justement Night Stalkers. Toutes aussi "in your face", on rangera auprès d’elle "Célebutante" et "Mission To Mars" (quelle montée en puissance !), hymnes de bravoure à l’atmosphère heavy furieusement 80’s sur lesquels la patte MEGADETH n’en est pas moins bien présente. Le morceau qui donne son nom à l’album, s’il n’est pas original dans son déroulé, n’est rien de moins qu’une nouvelle démonstration du savoir-faire de MegaDave & Co. et les personnes attentives se rappelleront en entendant « Bring out your dead, bring out your dead... » qui ouvre ledit morceau, de la même chose sur "Entrance To Hell" que l’on retrouve sur l’album « The Last Spire » de CATHEDRAL, paru en 2013. « Amenez vos morts ». Pour la mini-leçon d’Histoire, c’était ce que l’on entendait dans les rues au moment de la peste noire au XIVe siècle afin de procéder au ramassage des corps. Ou, sur une note plus gaie et cinéphile, le point de départ d’une scène hilarante du film Monty Python and the Holy Grail sorti sur les écrans en 1975. Mais trêve de digression.

Morceau de choix du disque démarrant d’une façon apocalyptique, "Dogs Of Chernobyl" au sujet sans équivoque et dont les paroles se veulent glaçantes (« I see your face wherever I turn, there is blood on my lips and my eyes start to burn » / « Je vois ton visage, où que j’aille, j’ai du sang sur les lèvres et mes yeux se mettent à brûler »). Une chanson que l’on imagine sans mal sur le définitif « Rust In Peace » tant elle colle à cette veine d'apocalypse nucléaire. Jusqu’ici, tout sur ce disque est estampillé "MEGADETH 100% Proof" et peu importe ce que certains lui reprochent, le groupe a une identité sonore et rythmique qui lui est propre et il serait vain d’affirmer que ce n’est pas l’apanage des grands. Oui, MEGADETH fait du MEGADETH mais personne d’autre ne pourrait s’y coller et le faire aussi bien, alors... Précédée par "Psychopathy", une courte introduction instrumentale, "Killing Time" nous ramènera une dizaine d’années en arrière quand "Soldier On!" fera l’effet d’une grenade à plâtre : beaucoup de bruit pour peu de dégâts. Cette dernière compte en effet trop de vieux artifices pour convaincre pleinement. On mettra pourtant à son crédit le final où l’on entend Dave Mustaine entonner un encouragement à ses troupes en mode marche militaire, repris en chœur derrière lui. Le rendu se veut fun avec notamment un « I got no job and I got long hair » / « Je n’ai pas de travail et j’ai les cheveux longs », ironique au possible. Et c’est comme ça qu’on l’aime Dave. « Fashion faux-pas ! » me souffle ensuite Cristina ? Probablement car, anecdotique et dispensable, "Junkie" voit le père la morale Mustaine vilipender les vilaines personnes dépendantes à diverses substances. Mais dites-moi, Mr. Mustaine, n’avez-vous pas été vous-même l’une de ces personnes, dans une autre vie dirons-nous ? Sans commentaire. L’album qui nous a été envoyé ne comprenant pas les deux titres bonus, nous ne pourrons poser un avis sur "Police Truck", une reprise des DEAD KENNEDYS et "This Planet’s On Fire (Burn In Hell)", autre reprise mais cette fois de Sammy Hagar que l’on peut entendre sur l’album « Street Machine » paru en 1979 et sur laquelle Sammy en personne donne à nouveau de la voix. Pour les collectionneurs complétistes enfin, certaines versions à l’achat contiennent également un titre live en sus, au choix selon l’enseigne ou plateforme, "Take No Prisoners" ou "The Conjuring".

S’il fallait en faire une synthèse rapide, on dirait que les fans de MEGADETH vont adorer « The Sick, The Dying... And The Dead! » et que les détracteurs du groupe vont le détester. On n’en veut pas à ces derniers, encore faut-il étayer et être objectif un tant soit peu. On n’y coupera pourtant pas de toute façon mais on peut arguer pour la défense préventive de MEGADETH et ce nouvel album que de nombreux groupes ont un jour tenté dans leur carrière (ou tenteront d’y arriver) de composer une somme de chansons comme celles-ci, qui comptent tant de hauts pour si peu de bas. Et à l’approche de ses 62 ans, Dave Mustaine n’a pas à roussir, à rougir pardon, d’en être l’auteur. Ah, si METALLICA pouvait encore tirer de telles bastos... (rire-sardonique-donne-du-grain-à-moudre-aux-haters).

Blogger : Jérôme Sérignac
Au sujet de l'auteur
Jérôme Sérignac
D’IRON MAIDEN (Up The Irons!) à CARCASS, de KING’S X à SLAYER, de LIVING COLOUR à MAYHEM, c’est simple, il n’est pas une chapelle du metal qu'il ne visite, sans compter sur son amour immodéré pour la musique au sens le plus large possible, englobant à 360° la (quasi) totalité des styles existants. Ainsi, il n’est pas rare qu’il pose aussi sur sa platine un disque de THE DOORS, d' ISRAEL VIBRATION, de NTM, de James BROWN, un vieux Jean-Michel JARRE, Elvis PRESLEY, THE EASYBEATS, les SEX PISTOLS, Hubert-Félix THIÉFAINE ou SUPERTRAMP, de WAGNER avec tous les groupes metal susnommés et ce, de la façon la plus aléatoire possible. Il rejoint l’équipe en février 2016, ce qui lui a permis depuis de coucher par écrit ses impressions, son ressenti, bref d’exprimer tout le bien (ou le mal parfois) qu’il éprouve au fil des écoutes d'albums et des concerts qu’il chronique pour HARD FORCE.
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