10 septembre 2022, 13:38

PARKWAY DRIVE

"Darker Still"

Album : Darker Still

Depuis « Ire » (2015) et surtout « Reverence » (2018), qui ont marqué une rupture avec ses quatre précédents albums, PARKWAY DRIVE, alors groupe de metalcore/hardcore pur jus parmi tant d’autres, est devenu l’un des géants du metal moderne et alternatif les plus "bankable" du moment. Avec, en prime,  l’énorme attente qui pèse sur les épaules du quintet depuis lors quant au prochain album... Or, la pandémie est passée par là, repoussant aux calendes grecques la suite de la tournée du groupe qui devait faire halte au Zénith de Paris (date qui aura finalement lieu le 27 septembre), mettant un coup d’arrêt à l’ascension fulgurante des Australiens, en les plongeant dans un abîme de doutes et de noirceur...

« Darker Still », la septième  offrande de PARKWAY DRIVE a été créée dans cette ambiance, entre questionnements et souffrances. On y retrouve le style ultra puissant du groupe, reconnaissable entre mille, mais on y décèle également des nuances fort appréciables qui prouvent que PARKWAY DRIVE cherche à évoluer pour ne pas rester sur ses acquis.  "Ground Zero" s’ouvre comme une comptine avec la voix claire de Winston McCall sur fond de notes égrainées comme celles d’une boîte à musique, avant de se transformer en morceau catchy et mélodique, doté d’un riff taillé pour le live et d’un refrain rapidement mémorisable. Un titre, somme toute, assez classique du répertoire du groupe. "Like Napalm" est bien plus rentre-dedans et, comme son titre l’indique, va mettre le feu dans le pit lors des concerts à venir, avec son tempo plus rapide. Les guitares de Jeff Ling et Luke Kilpatrick sont en harmonie, la section rythmique de Jia O’Connor et Ben Gordon assure une assise heavy à souhait, tandis que Winston éructe à s’en péter les cordes vocales. "Glitch", premier single à avoir été dévoilé, est lourd, mélodique, et rappellerait presque METALLICA, période « Load » et « Reload ». Normal qu’il ait fait grincé des dents... Mais cela prouve que PARKWAY DRIVE cherche à avancer et ne pas se cantonner au metalcore auquel il est affilié. "The Greatest Fear" est, quant à lui, dans la droite lignée de ce que les Australiens proposent depuis 2015 : un morceau puissance XXXXL, avec une rythmique lourde, des soli et riffs acérés et un refrain sans pitié qui s’insinue dans le crâne. Ultra efficace !

"Darker Still" commence avec une guitare acoustique et un sifflement façon western, où l’on croirait presque voir les vautours planer au-dessus de cadavres en décomposition. Sombre et torturée, cette chanson possède une belle progression, de superbes soli, et Winston McCall s’y livre avec une émotion rare. Certes, c’est une ballade qui évoque une fois encore METALLICA et son fameux "Nothing Else Matters", mais elle est plus noire et plus poignante dans son propos, avec ses « Until I die, Until I die » (« Jusqu’à ce que je meure ») déchirants hurlés par le chanteur sur la fin. Certains vont détester, d’autres vont adorer.  Mais on ne peut nier que le groupe a décidé résolument de sortir des sentiers battus, même si c’est dans le but avoué de toucher un plus large public. Les musiciens se donnent la liberté de faire ce que bon leur plaît, et d’être en osmose avec leurs désirs profonds. A contrario, "Imperial Heretic" est un hymne pour les stades, tel que le groupe les maîtrise. Sans surprise mais plaisant avec ses « Ohohohoh » qui seront repris en chœur en live.

La suite de l’album recèle les moments les plus surprenants, à commencer par "If A God Can Bleed", sur lequel le chanteur prend une voix d’outre-tombe, mi- parlée / mi- chantée, qui insuffle une ambiance menaçante, sur un rythme pesant. Et la transition avec "Soul Bleach" est absolument terrassante : « If a God can bleed, then I’ll bleed you out. Just like... » puis « POISON ! » hurle le Winston sur "Soul Bleach". Ce morceau est une bombe ! Probablement l’un des meilleurs de cet album. On y retrouve l’ADN des premiers méfaits du groupe, un titre bourrin, ultra puissant, énervé et particulièrement jouissif avec son « If you don’t kill me then, fucker, you’d better RUN » (si tu ne me tues pas alors, enfoiré, tu ferais mieux de COURIR »), craché comme un glaviot par un Winston McCall remonté comme un coucou. Une merveille !

S’en suit le très étrange "Stranger", qui porte bien son titre, un court morceau à l’ambiance extrêmement angoissante et malsaine qui sert d’introduction à "Land Of The Lost", aux relents indus et martiaux. Une chanson qui distille une ambiance lourde, guerrière et menaçante. Rythmes pesants, riffs tranchants comme la lame d’une dague sanguinolente, break hurlé sorti du plus profond des tripes et refrain efficace. "The Heart Of The Darkness" referme l’album et en impose sévère dès son intro inquiétante, qui gronde comme un orage prêt à s’abattre et tout ravager sur son passage. Une chanson complexe qui propose cinquante nuances de noirceur, sur lequel le groupe se lâche complètement, avec en point d’orgue les éructations finales du chanteur : « Fury be my victory » (« Que la fureur soit ma victoire ») qui font dresser les poils. Le champ de bataille émotionnel s’en retrouve complètement dévasté après le passage d’une telle tempête. Mais après la déconstruction vient la reconstruction.

Avec « Darker Still », PARKWAY DRIVE ne s’est pas contenté de reproduire le même schéma à l’infini, mais a réussi précisément à reconstruire sa musique à son image : celle d’un groupe qui, depuis vingt ans, a commencé dans son garage à Byron Bay, pour ensuite écumer toutes les salles et les stades de la planète, à force de travail et de volonté (retrouvez le live-report du concert à l'Olympia de Paris en 2019 ici). Cinq personnalités qui ont mûri, avec les tensions internes inhérentes à chaque groupe, mais avec toujours la volonté de se renouveler. Il plane sur cet album une tension dramatique et une profondeur émotionnelle teintée d’ombres et de lumière qui reflètent à merveille l’état d’esprit des Australiens. Certes, « Darker Still » risque de diviser. Mais n’est-ce pas la marque des grands lorsqu’une œuvre ne laisse pas indifférent ?

Blogger : Sly Escapist
Au sujet de l'auteur
Sly Escapist
Sly Escapist est comme les chats : elle a neuf vies. Malgré le fait d’avoir été élevée dans un milieu très éloigné du monde artistique, elle a réussi à se forger sa propre culture, entre pop, metal et théâtre. Effectivement, ses études littéraires l’ont poussée à s’investir pendant 13 ans dans l’apprentissage du métier de comédienne, alors qu’en parallèle, elle développait ses connaissances musicales avec des groupes tels que METALLICA, ALICE IN CHAINS, SCORPIONS, SOUNDGARDEN, PEARL JAM, FAITH NO MORE, SUICIDAL TENDENCIES, GUNS N’ROSES, CRADLE OF FILTH, et plus récemment, NIGHTWISH, TREMONTI, STONE SOUR, TRIVIUM, KILLSWITCH ENGAGE, ALTER BRIDGE, PARKWAY DRIVE, LEPROUS, SOEN, et tant d’autres. Forcée d’abandonner son métier de comédienne pour des activités plus «rentables», elle devient tour à tour vendeuse, pâtissière, responsable d’accueil, vendeuse-livreuse puis assistante commerciale. Début 2016, elle a l’opportunité de rejoindre l’équipe de HARD FORCE, lui permettant enfin de relier ses deux passions : l’amour des notes et celui des mots. Insatiable curieuse, elle ne cesse d’élargir ses connaissances musicales, s’intéressant à toutes sortes de styles différents, du metalcore au metal moderne, en passant par le metal symphonique, le rock, le disco-rock, le thrash et le prog. Le seul maître-mot qui compte pour elle étant l’émotion, elle considère que la musique n’a pas de barrière.
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