10 septembre 2022, 18:48

MISS MAY I

"Curse Of Existence"

Album : Curse Of Existence

Avec l’arrivée d’un soleil automnal je me suis dit que j’avais bien besoin de décibels. Du bruit pour ressentir la Vie. Comme une bonne fortune le nouvel album de MISS MAY I « Curse Of Existence » m’est arrivé dans les mains... ou plutôt dans les oreilles. Et ça faisait 5 ans qu’on n’avait pas de nouvelles des petits gars de l’Ohio.

Alors que les jours et la puissance du soleil rétrécissent à une vitesse indéniable, chez MISS MAY I de manière inverse la puissance se concentre en 4 minutes de rage rugissante qui va s’élargir tout au long de l’album. Une rythmique accélérée et remarquable porte "Unconquered", le premier et jouissif extrait. Les riffs griffent frénétiquement le sable humide de notre été qui s’enfuit dans une dernière marée. MISS MAY I lâche une salve d’adieux furieux aux jours insouciants qui s’en vont. Levi Benton ouvre la "voix" avec ses screams deathcore à la limite de la rupture. Le titre est toutefois également porteur de la finesse mélodique coutumière du groupe. Beau, puissant et mélancolique. L’image d’une fin d’été comme je disais.

« Maybe i’m the only one who could save me, from the Monster I become »
Dans le metalcore y a toujours cette intimité introspective.

On ne baisse pas le rythme avec "Earth Shaker" gorgé en vitamines "core". Toujours rapide, grondant et parsemé de breaks aériens, des liens sont tissés entre la terre tressautant sauvagement et les cieux lumineux. La dualité du genre est magnifiée par MISS MAY I, et cela ne date pas d’aujourd’hui. Représentant d’un metal moderne énervé et porteur d’une pleine conscience de son époque, il y a un partage des sens sonores comme sur ce "Bleed Together" qui voit le groupe s’enflammer. Des musiciens talentueux, un Levi qui partage avec Alyssa White-Gluz un organe hors du commun. Je parle des cordes vocales évidemment. "Into Oblivion" envoie des charges de guitares saturées et un refrain proches du death mélodique d'ARCH ENEMY. Il serait intéressant de voir les deux groupes partager l’affiche un jour.

"Hollow Vessel", feu d’artifice de sons résolument metal pour une prouesse technique de voix multiformes. Il ressort de cet album une continuelle débauche d’énergie. MISS MAY I est un groupe qui ne se repose pas sur ses lauriers, qui prolonge son plaisir d’exécuter, de déformer et de remodeler son style, en offrant toujours plus de riffs, de martèlements rapides et de soli aiguisés, une chute libre, une "Free Fall", vertigineuse. "Born Destroyers" est tout en symbolique, avec son alchimie de sonorités extrêmes, violentes, désespérées, suppliantes.

C’est avec un réel plaisir que l’on laisse se dérouler les chansons, qui déboulent et bousculent. On se lâche encore plus (si si, c’est possible) sur "A Smile That Does Not Exist" qui ouvre ce 7e album, un déchirement de bruit émotionnel. La grâce dans le gras. Un "Savior Of Self" avec un petit plus, le morceau flirtant avec un improbable metalcore symphonique comme nous l’a offert récemment ARCHITECTS. Du sang et de la sueur, du metal en mode "Bloodshed". De la gravité en pleine ascension. Et jusqu’au bout ce jaillissement de riffs et de cris. Enorme moment.

MISS MAY I est de retour, ces 5 années d'absence ont permis au groupe de recharger ses batteries, et de nous composer un « Curse Of Existence » de haute volée. Force des sons lourds et nuances des chœurs mélodiques, la dualité du genre est au rendez-vous. Des titres parfaits pour enflammer les scènes. Un disque qui se place dans le haut de la discographie du groupe, mais aussi du genre.
MISS MAY I, une horde sauvage "in-core-uptible".

Blogger : Christophe Scottez
Au sujet de l'auteur
Christophe Scottez
Chris est ethnologue à ses heures perdues, vétéran des pogo joyeux en maillots de core. Un explorateur curieux, grand amateur de riffs et de chants sauvages. Il a grandi dans les glorieuses années 80, bercé par les morceaux canoniques d’ACCEPT, SCORPIONS, MOTLEY CRUE et autres GUNS N ROSES. Traumatisé par le divorce entre Max Cavalera et son groupe, ainsi que par un album des Mets un peu «chargé» en n’importe quoi, Chris a tourné 10 ans le dos au hard rock. Puis, un jour, il a par hasard découvert qu’une multitude de nouveaux groupes avait envahi la scène … ces nouveaux sauvages offraient des sons intéressants, chargés en énergie. Désireux de partager l’émo-tion de ce style de metal sans la prétention à s’ériger en gardien d’un quelconque dogme, il aime à parler de styles de metal dit classiques, mais aussi de metalcore et de néo-metal. Des styles souvent décriés pour leurs looks de minets, alors que l’importance d’un album est d’abord le plaisir sonore que l’on peut en tirer, la différence est la richesse du goût. Mais surtout, peut-on se moquer de rebelles coquets alors que les pères fondateurs du metal enfilaient des leggins rose bonbon et pouponnaient leurs choucroutes peroxydées ?
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