14 septembre 2022, 18:41

BEHEMOTH

"Opvs Contra Natvram"

Album : Opvs Contra Natvram

Chroniquer un album de BEHEMOTH sans réutiliser les mêmes termes que pour les précédents disques relève d'une réelle habileté littéraire. Pas spécialement que « Opvs Contra Natvram » ressemble point par point à son prédécesseur « I Loved You At Your Darkest », mais il est clair que les maîtres du blackened death polonais reprennent la recette musicale qui fonctionne bien pour la pousser encore plus loin dans le théâtral, le grandiloquent, l'orchestral, bref la démesure sur ces dix nouveaux morceaux.

Le talentueux et charismatique Nergal joue de son rôle de grand blasphémateur en usant et abusant d'une image sombre et diabolique, ce qui rend l'ensemble des tableaux à la fois intrigant et attirant, mais peut aussi provoquer l'effet inverse du fait que les détails de la symbolique associée soient poussés à l'extrême. L'extrême : c'est ce que le leader recherche de toute façon. Provocation, débat, dualité, affrontement, Adam Darski en est l'incarnation. Donc, que ce soit au niveau de la musique, des paroles, du design global, BEHEMOTH voit les choses en grand et ne lésine pas sur le noir et blanc. Pas de demie mesure, la totalité de « Opvs Contra Natvram » tranche dans le vif. Les riffs death de "Malaga Vvlgata", "Disinheritance" ou "Thy Becoming Eternal" sont de véritables rouleaux compresseurs de violence et de rapidité, avec un son pur, brut, intense. Le très lourd "The Deathless Sun", le plus rythmé "Off to War !" ou le puissant "Neo-Spartacvs" sont dans la droite lignée de ce que nous présente le groupe depuis une dizaine d'années maintenant à savoir, des morceaux imposants, structurés et savamment orchestrés.

L'ultime titre de l'album, "Versvs Christvs" est un hymne à lui seul, avec sa voix susurrée sur piano funeste suivi de riffs dissonants et percutants sur rythmes cadencés. Tellement prenant, impossible d'en détacher l'oreille. Il semble alors que BEHEMOTH ait à nouveau sorti un album parfait. Mais c'est peut-être là que la bât blesse. Oui « Opvs Contra Natvram » est un bon album et on ne peut sortir que galvanisé par son dernier morceau mais au final, peu des morceaux se démarquent. Le single "The Deathless Sun" peut-être ? A part ça, impossible de citer un passage vraiment marquant. On se trouve même parfois décontenancé par une orchestration et des chœurs trop présents ou trop mis en avant. Le côté symphonique plaisant arrive parfois à saturation. Le black death que BEHEMOTH a construit semble s'étioler. A vouloir faire trop dans l'extrême, le groupe tombe parfois dans le too much et nous laisse un goût amer, une sensation d'extase non atteinte. Pourtant, tous les ingrédients sont là. Est-ce qu'on en exige toujours plus ? Oui. Ou peut-être qu'avec tous les moyens déployés, on s'attend à la perfection ? Chacun pourra se faire une idée.

« Opvs Contra Natvram » est un album de BEHEMOTH. Ce pourrait être un bon résumé, ni plus, ni moins. Avec quelques passages complètement hypnotisants mais un ensemble somme toute assez classique. Les amateurs de grosses orchestrations se sentiront comblés, les fans les plus roots risquent de se sentir lésés. Mais il en faut pour tous les goûts. Ce qui est sûr c'est que BEHEMOTH ne fait pas les choses à moitié, et ça, c'est tout à son honneur.

Blogger : Aude Paquot
Au sujet de l'auteur
Aude Paquot
Aude Paquot est une fervente adepte du metal depuis le début des années 90, lorsqu'elle était encore... très jeune. Tout a commencé avec BON JOVI, SKID ROW, PEARL JAM ou encore DEF LEPPARD, groupes largement plébiscités par ses amis de l'époque. La découverte s'est rapidement faite passion et ses goûts se sont diversifiés grâce à la presse écrite et déjà HARD FORCE, magazine auquel elle s'abonne afin de ne manquer aucune nouvelle fraîche. SLAYER, METALLICA, GUNS 'N' ROSES, SEPULTURA deviendront alors sa bande son quotidienne, à demeure dans le walkman et imprimés sur le sac d'école. Les concerts s'enchaînent puis les festivals, ses goûts évoluent et c'est sur le metal plus extrême, que se porte son dévolu vers les années 2000 pendant lesquelles elle décide de publier son propre fanzine devenu ensuite The Summoning Webzine. Intégrée à l'équipe d'HARD FORCE en 2017, elle continue donc de soutenir avec plaisir, force et fierté la scène metal en tout genre.
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