1 octobre 2022, 13:04

SPHERES

Interview Jonathan, Jesse & Clémence


D’abord un, puis deux, et trois. Nous avons eu la chance d’échanger avec la plupart des membres de SPHERES au fur et à mesure de nos 30 minutes allouées, avec notamment Jonathan son fondateur. Un savant fou qui ne manque aucune occasion de plaisanter entre deux réponses à nos questions, bien loin du sérieux et la technicité que nous inspirent l’écoute de leur dernier album « Helios »​. Un moment très détendu, mais aussi et surtout instructif.
 

SPHERES est un projet récent, on imagine que vous en avez déjà eu de nombreux auparavant ? Quelle est la raison qui vous a motivés à former ce groupe ?
Jesse : Je ne suis pas issu de la scène metal, j’ai commencé lorsque j’avais 15 ans. Avant cela j’étais polyvalent, ça allait du punk au rock. Et encore aujourd’hui j’ai d’autres projets, comme un quartet de jazz ou de variété française. Même si j’ai trois groupes de metal progressif je ne fais pas que cela.
Jonathan : J’avais eu quelques autres projets metal et de rock progressif auparavant. Et à un moment je me suis dit que j’avais envie de corréler les deux. J’ai donc fondé SPHERES en 2017 en ayant comme direction artistique des influences proches de TOOL, OPETH, GOJIRA, MASTODON et Devin Townsend. Ayant un studio à la maison, j’avais commencé à maquetter des morceaux, ce qui nous ramène à 2019 lorsque nous avons sorti « Iono » notre premier album. Nous en avons fait la promotion un peu partout en France, mais aussi en Belgique, aux Pays-Bas et en Suisse.

Votre nouvel album se nomme « Helios »​, et comme tu viens de le dire, vos influences sont nombreuses. Est-ce que vous êtes partisans de ne pas écouter de musiques lorsque vous êtes en phase d’écriture ? 
Jesse : Personnellement, plus j’ai de sources d’inspirations, plus il y a de la polyvalence, plus mon jeu est alimenté.
Jonathan : Totalement d’accord. Je pense par exemple au pont de "Take Me Higher, Ailleurs" sur « Helios », j’avais écrit une pré-production de batterie qui suivait tout simplement la guitare. Jesse m’a dit comment l’améliorer et j’ai trouvé cela génial.

Jonathan, à notre avis tu contribues énormément à la composition non ?
Jonathan : J’ai la chance d’être ingénieur du son et d’avoir la "caisse à outils" pour m’amuser. Je suis guitariste et chanteur, sans être batteur je suis capable de faire des pré-productions. Dans la création de nombreux morceaux, à part "Algorithmic Sentience" qui a été écrit par Olivier, je réalise la maquette et je l’envoie à tous les membres du groupe. J’ai vraiment besoin des autres, et heureusement qu’ils sont là ! Je ne suis pas du tout guitariste soliste, et Olivier a proposé des soli qui sont somptueux. Clémence aussi a ramené des parties de lead en tapping sur "Spiritual Journey" qui ne me seraient pas venues à l‘esprit. En tout cas, j’ai du mal à me dire que je vais écrire et avoir de l’inspiration, cela ne marche pas comme ça. J’aime bien avoir mon espace chez moi, isolé, et faire une première mouture. Olivier à le même fonctionnement, il va ramener le squelette et on fera ensuite des arrangements.

Par rapport à votre premier album « Iono »​ avez-vous changé ce processus ?
Jonathan : Cela s’est fait exactement pareil, c’est d’ailleurs leur point commun. Je pense en revanche que « Helios » a une direction artistique plus claire. Peut-être que le projet manquait de maturité, ou peut-être que c’était moi. La musique progressive c’est une construction, mais il ne faut pas que cela devienne une excuse pour partir dans tous les sens. A l’époque, nous avions eu plein de très bons retours dans la presse, mais en filigrane je voyais apparaitre deux choses, dont j’ai pris acte et que j’ai corrigées par la suite. Certains médias disaient qu’ils sentaient un potentiel, mais la direction artistique n’était pas établie et aboutie. J’ai décidé de le faire plus metal en accordant les guitares plus bas pour qu’elles sonnent bien dur. J’avais déjà énormément de passion pour le dark-synth et la synth-wave, on avait commencé à en mettre sur des morceaux comme "Stellar", mais presque avec pudeur, du style « oui je le fais, non je ne le fais pas ». Donc cette fois nous avons décidé d’en mettre pour que le projet soit hybride, à savoir metal progressif, synth-wave et dark-synth. C’est la direction que nous avons suivie et je trouve cela bien, j’ai rejoint les critiques que certains journalistes nous avaient faites. Et la seconde était que la voix méritait un peu de travail, je l’ai donc énormément travaillée.

En tant qu’ingénieur du son, la musique est donc ton métier, au niveau de la production avez-vous fait appel à des personnes externes à SPHERES ?
Jonathan : Je ne vais pas te mentir, si demain nous avions les moyens de prendre Francis Caste pour faire les batteries par exemple, ou un grand nom pour le mixage, on le ferait. Maintenant on a des contraintes financières. Je pense être assez dégourdi, et nous avons tout le matériel à la maison, et des albums j’en ai déjà enregistré pour les autres. Ce n’est en plus pas facile de porter en même temps les casquettes de compositeur, arrangeur, chanteur et guitariste à la fois. Et je n’ai pas la capacité de solo d’Olivier, ni même le jeu de batterie de Jesse. Je pense quand même que c’est un atout d’avoir cette possibilité. Sinon je m’arrête au mixage, car le mastering c’est Brett Caldas-Lima du Tower Studio qui s’en est occupé. Pour le prochain album j’aimerais bien prendre une tierce personne pour enregistrer, et une autre pour mixer.

Comme vous utilisiez votre propre matériel et que par conséquent vous n’aviez aucune contrainte de temps, penses-tu que l’album aurait été différent si vous aviez enregistré dans un autre studio ?
Jonathan : Intéressant comme question. C’est le coté que j’aime bien à la maison, mais on ne peut pas tout faire. Si tu veux vraiment de belles batteries, on ne peut pas faire cela dans mon appartement de 40 m², il y a des contraintes physiques. Mais pour le chant et les guitares c’est un vrai confort, et nous avons vraiment pris le temps. Avec Clémence on a un gros travail de recherche pour trouver les bonnes lignes de basse. Pour te dire la vérité, quinze jours après la fin du mastering, j’ai rappelé le gars pour lui dire que je n’étais pas satisfait de certaines voix, et que j’allais les refaire. J’ai fait cela dans la journée ; le matin je me suis dis que cela n’allait pas, à 15h00 je lui envoie ma prise de voix, il le repasse dans les machines et à 18h00 c’était terminé. C’est beau d’arriver à faire cela, tout le monde ne peut pas, sauf si tu es Axl Rose...
Jesse : Le fait que Jonathan soit dur avec lui-même fait que le résultat est vraiment bon, dans ce cas précisément ce fut vraiment utile. A un moment aussi il y a une voix qui est doublée, et sans cela il n’y aurait pas eu le même charme.

Est-ce que cet album à un fil conducteur, un thème ?
Jonathan : On ne va pas parler d’album concept dans le sens où chaque chanson doit raconter une seule et même histoire comme un livre. En revanche il y a clairement un thème dans l’album, tous les titres traitent de la dystopie. En live nous ne sommes pas obligés de faire la set-list dans un certain ordre. Par exemple, le premier titre "Algorithmic Sentience" a été directement inspiré par l’ouvrage de science-fiction Altered Carbon où l’on imagine un monde dont l’humanité est tellement développée, qu’on arrive à sauvegarder la conscience humaine sur disques durs que l’on peut ensuite charger ad vitam aeternam dans des enveloppes corporelles. Mais que seul les plus riches peuvent s’offrir donc, la lutte des classes continue. Pour "Spiritual Journey" c’est proche de Matrix, sauf que les gens choisissent volontairement d’être dans une matrice, à savoir se déconnecter de la réalité pour vivre dans un monde artificiel. "Pandemia" traite de la collapsologie, malgré son titre provocateur. "Social Credit System" est très inspiré de 1984 de George Orwell et Le Meilleur des Mondes d’Aldous Huxley.


Est-ce qu’il y a un morceau qui vous a plus marqués qu’un autre ?
Jesse : Je dirais entre "Take Me Higher, Ailleurs" pour son coté ballade mais dont quelques vagues le rendent épique. Et "Pandemia", parce que c’est un vrai voyage avec énormément de thématiques différentes, on part sur quelque chose qui t’arrache la figure et devient par la suite plus "lover".
Jonathan : Ça serait le chœur avant le final de "Pandemia", cette gamme est très lugubre. J’ai vraiment mis plusieurs couches à la Devin Townsend ou QUEEN, j’aime vraiment les orchestrations de voix.

Quand on regarde votre historique de concerts on se dit que vous appréciez cela. Est-ce que pour toi ce serait concevable d’avoir un groupe sans faire de live ?
Jonathan : Chacun voit midi à sa porte, personnellement je n’en aurais jamais assez. Ma plus grosse charge d’adrénaline est sur scène. Ce qui est un peu frustrant avec toute cette période de bérézina, c’est que cela a retenu beaucoup d’albums. C’est un peu la bousculade depuis la rentrée de septembre, ce n’est donc pas facile de trouver des dates. Je n’ai qu’une hâte, c’est que l’on retrouve un rythme normal. Paradoxalement, j’avais plus de facilité à planifier des dates à la sortie de « Iono » en 2019 par rapport à maintenant, alors que nous étions moins connus avec un album moins mature. Actuellement j’ai des réponses de programmateurs qui me disent qu’ils nous connaissent, mais qu’ils n’ont pas de places ou qu’ils ont des problèmes de prévente.


Est-ce que sur vos set-lists actuelles vous avez des chansons du premier album ?
Clémence : Nous avons trois morceaux du premier album que nous jouons ; "Television Nation", "The Thing" et "Stellar". Ce sont eux qui collent le plus avec la direction artistique du dernier album, et qui permettent de mettre une continuité dans le projet. Ils montrent aussi l’évolution, car on ne les joue pas de la même façon, ils sont plus graves, et justement cela donne une nouvelle lecture qui rentre bien en synergie avec « Helios ».
Jonathan : Pour le premier album nous étions accordés en drop D et le nouveau est en drop C, quand nous sommes en live nous n’allons pas nous réaccorder. Et c’est vrai que cela donne un coté plus massif.

Le nouvel album est sorti le 23 septembre, quel est votre plan d’attaque pour le promouvoir ?
Jonathan : Le 12 octobre nous allons lancer le second single "Algorithmic Sentience". Le 23 septembre nous avons eu notre release-party au Dr Feelgood. Nous avons diffuser les clips, il y a eu un showcase avec un set réduit et aussi du merchandising, des interviews, et bien sûr des rencontres avec le public. La vraie date c’est le 29 octobre à l’International.

Pour terminer, SPHERES s’écrit forcement en majuscule ? Ou en minuscule c’est aussi possible ?
Jonathan : Oui tu peux, à la base c’est pour une question de référencement qui n’est pas facile. Comme on chante en anglais, la relation entre les deux c’est d’avoir un nom en anglais, so we are SPHERES ! Donc pour éviter la confusion, on aimait bien l’idée des majuscules. Aussi, j’ai choisi un nom qui me plaisait pour ses références littéraires et artistiques.

Spheresofficial.bandcamp.com

Blogger : Jérôme Graëffly
Au sujet de l'auteur
Jérôme Graëffly
Nourri dès son plus jeune âge de presse musicale, dont l’incontournable HARD FORCE, le fabuleux destin de Jérôme a voulu qu’un jour son chemin croise celui de l'équipe du célèbre magazine. Après une expérience dans un précédent webzine, et toujours plus avide de nouveautés, lorsqu’on lui propose d’intégrer l’équipe en 2011, sa réponse ne se fait pas attendre. Depuis, le monde impitoyable des bloggers n’a plus aucun secret pour lui, ni les 50 nuances de metal.
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