C’est à 13h précise le samedi 10 septembre que le groupe local X-RATED FDH monten sur scène pour délivrer 30 minutes de heavy-rock. Avec leurs maquillages évoquant un monde dystopique, les musiciens auront peine à enflammer le public peu nombreux en ce début d'après-midi. Ce n’est pas le masque du guitariste et chanteur sur "Zombie" qui fera la différence et c’est presque malheureusement dans l’indifférence que le groupe quitte la scène.
C’est probablement grâce au remplacement de THE MERCURY RIOTS que RED BEANS AND PEPPER SAUCE, bénéficie de 55 minutes pour présenter son classic-rock teinté de 70’s. C’est donc sous le soleil que Jessyka Aké foule les planches de la scène qui trône traditionnellement devant le Château de la Princesse. Après les premiers accords de "My Land", qui font écho à AC/DC, il est clair que nous allons passer un grand moment où l’osmose entre les musiciens et la chanteuse ne laisse aucune place à une musique déconstruite, mais bien à une prestation délivrant un blues-rock brut et sans concession. Bien que la set-list fasse la part belle à son dernier album en date, le quintet de la région de Montpellier fait voyager le public pendant près d’une heure dans son univers musical qui a vu la sortie de son septième album fin septembre. Le public ne s’y trompe pas et c’est sous des applaudissements nourris et unanimes que le groupe acève son set. Cette nouvelle édition tant attendue est belle et bien lancée et le RED BEANS AND PEPPER SAUCE à mis la barre très haut.
Ce sont les Allemands WOLVESPIRIT qui ont la lourde tâche d’au moins faire aussi bien. Découverts sur cette même scène en 2017, le groupe n’avait depuis pas quitté le territoire teuton et c’est donc chez nous qu’il a décidé de revenir transmettre son message d’un monde nouveau. Avec sa formation passée à sept membres et proche de la parité, c’est une prestation chaotique, à l’image de la pochette de son dernier album « Change The World », que nous subissons. Une offensive sonore qui aurait été probablement plus supportable si elle avait été instrumentale. Espérons que la suite ne nous réserve pas d’autres déconvenues du genre, car le week-end risque d’être long... Très long.
Le temps du changement de plateau, ce sont les Gardois LAZULI qui, espérons-le, vont réussir à nous faire entendre le chant entêtant des cigales sous le soleil du Nord. Une fois en place et prêt, la Léode sonne un faux départ et génère au groupe du stress pendant quelques minutes. Mais tout rentre dans l’ordre et bien que l’instrument essentiel à l’univers zen du groupe vive quelques moments difficiles à cause de la pénurie actuelle qui le prive d’un microprocesseur tout neuf, il tiendra malgré tout l’intégralité du concert. Pendant 1h10, le public se laisse transporter par la douceur d’une musique qui a conquis les scènes internationales du rock progressif malgré un milieu peu favorable à la langue de Molière. Fort de dix albums, nos ambassadeurs nous proposent un concert en deux temps. Une première partie dédiée à conter le voyage de Dieter Böhm, qui fait l’objet de leur avant-dernière œuvre, « Le Fantastique Envol de Dieter Böhm », avant une seconde partie tout aussi poétique qui se termine par une superbe interprétation de percussions à neuf mains. Cet exercice autour de leur marimba est un moment unique où le public se laisse emporter dans une communion contagieuse.
C’est entre les deux dates allemandes de leur tournée européenne que les Californiens LITTLE CAESAR viennent rendre visite à la France pour leur unique date dans notre pays. Le moins que l’on puisse dire, c'est que le groupe emmené par Ron Young est en forme. Entouré de ses vieux compères Loren Molinare à la guitare et Tom Morris à la batterie, le trio fondateur, complété de Mark Tremalgia à la seconde guitare et Pharoah Barrett à la basse, arrivé dans le groupe respectivement en 2017 et 2015, sont manifestement heureux d’avoir repris la route pour visiter le vieux continent. Pendant une heure, ils n’auront aucun mal à nous faire voyager dans leur univers hard rock 80’s en faisant la part belle aux deux premiers albums, « Little Caesar » (1990) et « Influence » (1992), sans toutefois oublier le dernier en date, « Eight » (2018), et ses prédécesseurs, « American Dream » (2012) et « Redemption » (2009).
Après un après-midi ensoleillé, c’est au tour de SORTILÈGE d'entamer une soirée qui aurait dû commencer avec les Australiens ELECTRIC MARY qui ont dû renoncer à leur venue en Europe. Fer de lance du heavy metal à la française du milieu des années 80, SORTILEGE fait partie d’une période où le metal tricolore sonnait trop souvent comme une exception dans l’univers de la musique heavy metal internationale. Après un concert correct sans être convaincant au Hellfest, on peut se demancer si le début de soirée ne risque pas d'être long, sauf pour quelques anciens. Eh bien, il n’en est rien. C’est avec bien plus de conviction que le groupe égrène sa set-list et on se laisse aisément captiver par ce "Phœnix" qui renaît de ses centres par on ne sait quel obscure "Sortilège" imaginé par le "Délire d’un Fou", venu "D’ailleurs", "Mourir pour une Princesse" dans le bien-nommé Parc du Château à Raismes.
A la tombée de la nuit, les Toulousains SIDILARSEN vont enflammer la soirée avec leur metal-rock-electro. Ce sont les nerfs "A vif" que le groupe déboule sur la scène où trône deux écrans qui, pendant 1 heure et 15 minutes, vont illustrer un propos engagé délivré par le duo fondateur, David "Didou" Cancel et Benjamin "Viber" Bury. Dans un monde où les protagonistes de la guerre froide s'affrontent dans un gigantesque "Money Game", nous assistons à une prestation proche du meeting politique où l’orateur s’"Interdit de se Taire". Si nous sommes bien conscient qu’inévitablement, "On va tous Crever", dans l’empire de la "Start up Nation", le Raismes Fest ressemble à cet instant, à une sorte de village gaulois en ébullition au terme d’un "Powerful Day" qui illustre "L’Ardeur du Vivant". C'est sur ces derniers mots, à méditer, « Tant que l'humain s'adresse à l'homme, nous sommes des milliards contre une élite. Impossible qu'ils nous évitent », que SIDILARSEN nous invitent à traverser la France pour les retrouver au Bikini de Toulouse/Ramonville afin de célèbrer les 25 ans de carrière du groupe en compagnie de BLACK BOMB A et SHAÂRGHOT pour un SidiFest le 22 octobre.
Malgré un discours combatif qui porte l’espoir, ce sont bien les ténèbres qui se sont abattues sur le site. Il revient maintenant aux Anglais THE DARKNESS de terminer la soirée avant un repos bien mérité afin de commencer une journée dominicale de concerts le lendemain. Si pendant les 90 minutes qui lui sont attribué le groupe va faire le show, il faut bien avouer qu’il peine à mobiliser. Il est vrai qu’après une journée aussi relevée, il est difficile de s’imposer. Le fait de s’être fait un nom grâce à une ascension éclair au début des années 2000 et d’avoir derrière les fûts Rufus Tiger Taylor, fils de Roger Taylor de QUEEN, ne fait pas tout. Si la nuit est propice à un jeu de lumières qui donne de la couleur à la prestation scénique, celle-ci repose essentiellement sur la personne de son chanteur et guitariste Justin Hawkins dont l’attitude et le chant n’est pas sans rappeler un certain Freddie Mercury. Toutefois ne rêvons pas, la valeur des compositions bien qu’inspirées par QUEEN et AC/DC est loin de faire mouche pour certains...
Bien que le groupe OCTANE possède le record de programmations consécutives au Raismes Fest, ce n’est que la première fois qu’il foule cette scène. Contrairement à ce que l’actualité le laisserait penser, OCTANE n’est pas une poche de gaz échappée d'un pipeline en provenance de Russie, mais tout simplement de Mayenne. Après deux albums sous la forme d'un quatuor, c’est en trio qu’il revient pour un nouveau disque, sorti le 8 octobre. Ce sont d’ailleurs six des chansons de ce dernier que le groupe nous fait l’honneur de jouer au cours de cette demi-heure qui lui était impartie. Bien qu'ils aient décidé de se séparer de leur voix féminine, ils ne manquent pas d’efficacité en live, bien au contraire. Plus équilibrée, cette formule en trio est convaincante et lance de fort belle manière cette deuxième journée de concerts.
C’est avec son vieux compère Vern Vennard que nous avons la chance de découvrir Zak Perry. Les deux texans sont accompagnés par un line-up français qui comprend Julien Mahieu à la batterie et Lucas Boudina à la basse. C’est avec attention que le public écoute durant 45 minutes l'américain tombé amoureux de la France au point d’y avoir posé ses valises en 2017. Pas besoin de mise en scène, ici la musique est juste une question de pureté, de justesse et de sincérité. Le public ne s’y trompe pas et Zak Perry & THE BEAUTIFUL THINGS est juste l’expression de cette synergie qui se met tout naturellement en place lors d’un concert du groupe. Coiffé de son chapeau à la manière d'un Ted Nugent, de ses Ray-Ban et de sa coiffure qui rappelle Iggy Pop, son look donne une parfaite image de sa musique. On se laisse agréalblement emporter au point de regretter que le set ne soit pas plus long. Pour s’en convaincre, il suffit de jeter une oreille sur son dernier album, « Waking Up The Vultures » sorti en avril dernier.
C’est de Grande-Bretagne que nous viennent ces cinq SONS OF LIBERTY pour partager son rock sudiste. Bien que le look des musiciens et leur musique ne fassent aucun doute sur leur héritage culturel, ils ne réussiront pas à nous embarquer sur les traces des grands noms du genre. Nous assistons donc pendant trois-quarts d’heure à une sorte de répétition générale sans conviction. A se demander si les deux ans de pandémie n’ont pas miné l'enthousiasme de ce jeune groupe qui a sorti son premier album en 2019 et ici pour présenter son second, arrivé il y a maintenant plus d’un an, « Aces & Eights ».
L’Alsace ne cultive pas que des vignes pour faire du vin blanc. Elle est aussi un vivier culturel musical dont certains ne manquent pas de surprendre. KNUCKLE HEAD est de ceux-là. Né de la rencontre de Jock et Jack, on pourrait se croire au pays de la country dans un remake de Easy Rider. Bien avant que le duo ne monte sur scène, le décor est planté. Une croix trône au centre de la scène, un micro orné d’un crâne de bélier. Au milieu d’un écrin de verdure qui a malgré tout survécu à la sécheresse, nous voilà propulsés dans un désert aride au pays de la country. Tout commence par une musique mélancolique en guise d’introduction, Jack et son look à la Zakk Wylde fait son entrée, suivi de Jock qui s’installe derrière son kit de batterie on ne peut plus minimaliste placé de profil sur le côté gauche de la scène. D’entrée, on comprend que leur dark-country ne va pas nous enfoncer dans une léthargie plaintive. Sur la lancée de la chanson titre de leur album « Holsters and Rituals », les deux compères vont interpréter avec conviction l’intégralité de leur album. Si le groupe semble clivant, la partie du public qui se laisse convaincre le fait savoir par de nombreux cris et applaudissements. Sans aucun doute une des meilleures prestations de cette édition 2022.
C’est en 2018 que le guitariste Laurence Archer (STAMPEDE) décide de ressusciter GRAND SLAM qu’il avait rejoint lorsque Phil Lynott l’avait créé juste après avoir mis fin à THIN LIZZY une première fois. Après avoir composé quelques chansons originales pour compléter le travail réalisé en 1984 avec Mark Stanway (MAGNUM) aux claviers, il enregistre « Hit The Ground » en 2019. Avec Mark Dyer dont le timbre de voix rappelle celui de Lynott, nous pourrions nous attendre à ce que la formation de musiciens expérimentés nous fasse passer un excellent moment. Mais même si le professionnalisme est au rendez-vous, c’est une prestation bien fade qui est proposée et il nous tarde de passer à la suite...
Que diable sommes-nous venus faire dans cette galère ? I, II, III, IV, n’est pas LED ZEPPELIN qui veut. Si les quatre albums de LUCIFER ressemblent à cette célèbre suite discographique, la prestation qui nous est proposée est insipide. Emmené par sa chanteuse Johanna Sadonis secondée par Gaz Jennings (ENTOMBED) derrières les fûts, LUCIFER déroule un rock occulte dans la veine de BLACK SABBATH sans jamais provoquer la moindre étincelle.
Le temps commence à être long et on espère bien que THE QUIREBOYS va relancer la machine. Malheureusement, après le départ récent de Spike son chanteur emblématique et malgré les lignes de chant assurées par le guitariste Guy Griffin, la prestation devient rapidement soporifique. Toutefois, on peut reconnaître qu’assis à discuter avec un ami, qui lui-même fan du groupe cherchait à tuer le temps, cette prestation en musique de fond était plutôt sympathique. Une chance au final que les Londoniens aient accepté de laisser la tête d’affiche à MYRATH car il était fort à parier que c’est devant un public plus que clairsemé que THE QUIREBOYS aurait clos cette édition.
Se voyant offert la clôture du Raismes Fest 2022, MYRATH est venu avec l’intégralité de son show qui propose un décor des Mille et une Nuits dans lequel le groupe va dérouler un concert d’une heure et demie pour le plus grand bonheur des fans de son metal progressif oriental. Pour le public présent, c’est l’occasion de voir en live le spectacle grandiose que le groupe donne depuis 2019 et la sortie de son cinquième album, « Shehili ». A intervalles réguliers, une danseuse et un cracheur de feu alternent leurs apparitions sur scène donnant ainsi l’impression que dans cette ambiance, les cinq musiciens jouent au beau milieu d’un palais où se produit un banquet dont nous sommes les invités. MYRATH, à retrouver le 29 octobre au Ready For Prog Festival de Toulouse, au Bascala de Bruguières, a mis les petits plats dans les grands pour refermer cette belle édition tant attendue du renouveau de cette traditionnelle édition de fin d’été du Raismes Fest.