14 octobre 2022, 23:59

AGNOSTIC FRONT + CHARGER + SPIRITWORLD + LAST HOPE

@ Strasbourg (La Laiterie Club)

Il est des rendez-vous qui n’étaient pas prévus. La date du groupe AGNOSTIC FRONT dans une ville allemande à 100 kilomètres de là est reprogrammée 20 jours avant dans la capitale alsacienne. Avec quatre groupes sur l’affiche, de styles très différents, on peut parler de mini-festival. Alors j’y fonce...

Début des hostilités avec LAST HOPE qui envoie un hardcore new-yorkais pur jus, sauf que le groupe est bulgare. Fer de lance du mouvement dans son pays, les riffs sont assassins, le chant guerrier à la TERROR, la rythmique rapide. Le public encore disparate est pourtant conquis. Mini-moshpits de-ci, de-là, la chaleur monte vite. Je retiens quelques titres qui marquent au fer rouge nos membres agités. "GFY" ou encore "Peacemaker". La soirée commence très bien. La foule se densifie et la bonne humeur est palpable. Une jeune Foxy Brown sortie des seventies avec ses "pattes d'eph" transforme le pit en dancefloor et est acclamée. Au bout de 30 minutes de set, l’ambiance est bien installée dans le Club de la Laiterie.


Deuxième groupe. Deuxième grosse surprise. Les cinq membres de SPIRITWORLD se pointent dans une ambiance country vêtus en cowboys colorés, costumes cousus de patch avec catcus et têtes de morts flashy et entament "Moonlit Torture". C’est la baffe sonique. Nous sommes cueillis par des riffs de thrash saignant et un chant hardcore que complète un bassiste toujours prompt à growler. Mon dieu quelle puissance, quel rythme enlevé, la salle est en furie ! Et Foxy Brown groove toujours... SPIRITWORLD avec ses "Unholly Passages" nous livre un set de 30 minutes aussi brûlant et brutal que du SEPULTURA, avec une petite touche de Far West oublié, nos nuques sont mises à rude épreuve. De "Bringer Of Light" jusqu’au furieux final "Pagan Rhythms", l’Ouest américain redevient sauvage et tous se sentent "Johnny Thrash". La découverte du soir mesdames et messieurs.


Troisième groupe à l’affiche. CHARGER, que j’ai potassé les jours précédents, est un trio qui exécute un classique fast'n'roll. "Stand Fight Or Die" ouvre le set de 40 minutes en résumant parfaitement l’esprit du groupe. Omniprésence de la basse martelée et de son chanteur à la voix bitumeuse, guitare heavy metal issue des 80's et batterie secouée façon punk british sur "Black Motor", à qui on pense ? MOTÖRHEAD, vous vous en doutiez. Attention, c’est ultra efficace, je vous recommande l’album « Warhorse » sorti au printemps, idéal pour tracer la route à vélo, l’essence étant trop chère pour sortir la Dodge... Charger. Malheureusement l’audience est un peu moins enthousiaste après la déferlante thrash-cowboy, c’est dommage car je trouve CHARGER très convivial et puissant. Le show se déroule dans son ambiance gazoline enflammée jusqu’au final Lemmyesque, "Summon The Demon". Un groupe très sympa que je recommande.


Place à la vedette de la soirée. Introduction Morricone légendaire, les desperados de la Grosse Pomme gagnent la scène. Vinnie Stigma avec sa crête et ses mimiques de lutin facétieux annoncent un show endiablé et bon enfant. Ouverture avec "AF Stomp", l’ambiance se pose, la centaine de fans est déjà en transe. Puis Roger Miret avec sa trogne d’évadé de la prison de Rikers entame le classique "The Eleminator". C’est d’emblée le circle-pit général et ce ne sera pas le dernier. J’ai pu voir AGNOSTIC FRONT au Hellfest devant des milliers de spectateurs. C’était bon. L’occasion m’est à présent offerte de profiter d’un show incroyablement intimiste, où je suis collé à la minuscule scène et peux chanter le refrain de "Dead To Me" dans le micro du bassiste. Bonjour l’échange de postillons, la classe ! Comme si nous étions au CBGB. Comme si nous étions réellement "Only In America".


Pendant une petite heure, c’est la déferlante, avec une succession d’hymnes hardcore tels "My Life My Way". Tous chantent à s’en péter les cordes vocales les refrains du pilier de la scène NYHC, moi le premier.  Vinnie descend chanter dans la fosse, puis s’adonne au crowdsurfing et exhibe avec fierté sa guitare portant son nom. Une dizaine de girls sont interpellées et montent sur scène exécuter un circle-pits improbable autour du guitariste. C’est le feu, c’est la fête, ça danse et sa chante à l'unisson. Strasbourg devient le "Old New York" des années 80 et nous clamons fort "Gotta Go". Vous vous souvenez de Foxy Brown ? Elle vient danser sur scène son disco punk devant un Roger estomaqué et les autres membres du groupe, sous les acclamations de tous, sur scène et dans la salle.


Ça défile vite. Trop vite. Des hits, en 40 ans, AGNOSTIC FRONT en a écrit tant. "For My Familly", "Police State". Roger rappelle qu'il a battu son combat tout récemment deux fois contre le cancer, qu'il est un battant et il remercie les fans qui se sont cotisés pour payer ses frais médicaux. L'esprit hardcore, l'esprit hardcœur. On en voudrait pour toute la nuit, mais c’est déjà le final. Incontournable, la reprise légendaire des RAMONES qui a ouvert la voie au rock débridé à New York, c'est le "Blitzkrieg Bop" avec en guest star un loulou présenté comme le fils de Johnny Ramone et que Vinnie frappe en rigolant avec une guitare gonflable. Dernière folie rock’n’roll survitaminée et le rideau tombe. « Hey ho, let’s go... To bed ».

Ce fut une soirée qui sentait bon le rock, la sueur... et les décibels.
 

Blogger : Christophe Scottez
Au sujet de l'auteur
Christophe Scottez
Chris est ethnologue à ses heures perdues, vétéran des pogo joyeux en maillots de core. Un explorateur curieux, grand amateur de riffs et de chants sauvages. Il a grandi dans les glorieuses années 80, bercé par les morceaux canoniques d’ACCEPT, SCORPIONS, MOTLEY CRUE et autres GUNS N ROSES. Traumatisé par le divorce entre Max Cavalera et son groupe, ainsi que par un album des Mets un peu «chargé» en n’importe quoi, Chris a tourné 10 ans le dos au hard rock. Puis, un jour, il a par hasard découvert qu’une multitude de nouveaux groupes avait envahi la scène … ces nouveaux sauvages offraient des sons intéressants, chargés en énergie. Désireux de partager l’émo-tion de ce style de metal sans la prétention à s’ériger en gardien d’un quelconque dogme, il aime à parler de styles de metal dit classiques, mais aussi de metalcore et de néo-metal. Des styles souvent décriés pour leurs looks de minets, alors que l’importance d’un album est d’abord le plaisir sonore que l’on peut en tirer, la différence est la richesse du goût. Mais surtout, peut-on se moquer de rebelles coquets alors que les pères fondateurs du metal enfilaient des leggins rose bonbon et pouponnaient leurs choucroutes peroxydées ?
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