22 octobre 2022, 18:00

RED MOURNING

Interview Alexandre, Sébastien & J.C.

RED MOURNING fait partie de ces formations qui contribuent à bousculer le genre metal depuis de nombreuses années. La noirceur bluesy tintée d’une influence sudiste tourmentée est une nouvelle fois au rendez-vous sur ce « Flowers & Feathers », encore plus difficilement classable que ses prédécesseurs. Et c’est une nouvelle fois Francis Caste qui est aux manettes, artisan engagé ayant façonné au fil du temp l'identité unique du groupe qui est définitivement scellée avec cette dernière œuvre. Du Bayou à Paris il n’y a qu’un pas...
 

Depuis la sortie de votre précédent album « Under Punishement's Tree » en 2018 quels ont été les événements marquants pour RED MOURNING ?
Sébastien : Nous avons enregistré notre nouvel album ainsi qu’un cinq titres acoustiques qui se nomme « Unchained ». Il est disponible virtuellement pour l’instant et nous sommes actuellement en train d’enregistrer une suite. Ce sera aussi un EP acoustique parmi nos morceaux, nous avons déjà les instrumentaux et il nous reste les voix à faire.
J.C. : Il devrait sortir au début de l’année prochaine, donc nous n’avons pas chômé !
Sébastien : Nous avons aussi tourné trois clips dont deux sont déjà sortis, le prochain ne va pas tarder. On réfléchit à un quatrième pour l’année prochaine.
J.C. : Nous avons fait une ribambelle de festival cet été, après la pandémie c’était le retour sur scène, pour nous c’était un petit événement en soi.

Effectivement votre nouvel album « Flowers & Feathers » vient de paraître, quels sont les premiers retours que vous avez pu observer ?
Alexandre : Plutôt très cool !
J.C. : Il y a l’aspect évolution de la musique, qui est un processus continu dans le groupe. Et on constate que les gens l’on bien noté avec cet album qui est apprécié. Il est considéré comme étant varié, ce qui est bien car c’est ce qu’on essaye de faire.

C’est de nouveau Francis Caste qui l’a produit, faire appel une nouvelle fois à ses services était pour vous une évidence ?
Sébastien : Oui pour nous tous. Après, c’était la première fois qu’Alexandre travaillait avec Francis. Pour nous cela fait cinq albums avec lui, il y a en plus l’EP que nous avons enregistré chez notre batteur, mais c’est Francis qui l’a mixé et enregistré les voix. C’était une évidence car il fait partie du processus de finalisation de l’album, on arrive avec des maquettes assez abouties, qu’on pense presque définitives. Il arrive toujours à nous trouver des choses, à ajouter ou enlever, qui magnifient les chansons.
J.C. : Pour moi oui aussi. Francis est un gars hyper créatif, c’est un artiste qui joue de plein d’instruments différents. Donc, il nous challenge, il nous tire vers des choses originales. C’est cool parce qu’il en sort un résultat intéressant, et en plus c’est quelqu’un de sympathique.
Alexandre : Pour moi c’était une première avec lui, c’était aussi la première fois que j’enregistrais dans un vrai studio, ce qui fut une très bonne expérience personnelle. Par rapport à mes précédents groupes plus centrés sur le groove et le thrash metal, cela m’a permis de découvrir d’autres horizons. J’ai vraiment beaucoup appris depuis 5 ans avec RED MOURNING, qui possède un genre très éclectique et difficilement classifiable, en me diversifiant sur le côté acoustique par exemple, mais aussi sur scène et en répétition.

Lors de notre dernière rencontre J.C., en 2018, tu nous expliquais que vous aviez expérimenté avec Francis, aviez-vous encore une fois cet objectif avant de lancer les hostilités ?
J.C. : Oui, et de toute façon de lui-même il nous met cela sur le tapis. C’est quelqu’un qui ne va pas juste appuyer sur le bouton "record", au bout de cinq albums maintenant on se connait et il sait de quoi on est capable. Nous n’acceptons pas tout non plus ! Mais neuf fois sur dix c’est une bonne idée.

Selon vous, faire un album sans Francis signifierait un changement de direction pour RED MOURNING ?
Sébastien : Pas radicalement je pense, cela changerait essentiellement dans les détails. Car dans l’expérimentation il y a une grosse part qui est de notre fait. On arrive en studio avec des maquettes qui sont déjà très avancées, donc la structure des morceaux est déjà faite en amont. Même si on changeait d’ingénieur du son, l’identité de RED MOURNING ne serait pas totalement changée. Après au niveau du son, je ne suis pas sûr que tout le monde soit capable de faire cela...
J.C. : L’impact du producteur est notable sur un album, sur ce qu’on garde et ce qu’on met en avant. Parce que sinon on pourrait le faire tout seul. Mais non, c’est une personne avec sa personnalité, ses goûts artistiques, son équipement préféré, ses prises de risque, sa capacité à gérer les musiciens lorsqu’il faut reconcentrer le groupe ou faire baisser la pression. Je pense que cela aurait un impact non négligeable, sans remettre en cause qui nous sommes et ce que l’on joue, mais le produit final serait différent.

Quels sont les éléments différents avec son prédécesseur ? Par exemple j’ai remarqué que l’harmonica est plus discret que d’accoutumé, vous confirmez ?
J.C. : Oui il est moins présent sur cet album, et peut être qu’il ne sera plus la prochaine fois ? Je ne sais pas encore. On ne met pas de l’harmonica pour en mettre, il y a des morceaux qui s’y prêtent plus et d’autres moins.
Sébastien : Il y a plus de plages calmes au sein de morceaux très metal. Par exemple le titre "The Coming Wind" qui a des riffs assez lourds n’a pas forcement de chants gueulés. De plus, les couplets sont des arpèges avec des lignes de chant et de basse très mélodiques, la batterie aussi est un peu plus aérienne. Concernant les plages acoustiques, ce qu’on avait tendance à faire sur les précédents albums c’est qu’elles étaient traitées comme des interludes, et là nous avons poussé le coté chanson. Ce ne sont pas non plus des ballades, mais ce sont des morceaux blues avec des expérimentations acoustiques. On s’est vraiment affranchi d’une "timidité" de métalleux, on veut vraiment faire la musique qu’on a envie de faire, peu importe si on change d’étiquette.


J.C. est-ce que c’est toi qui a été entièrement en charge d'écrire les paroles ? Au niveau inspiration sur quoi es-tu parti ?
J.C. : J’ai écrit neuf chansons sur dix, l’autre c’est Aurélien notre batteur qui a tout composé de A à Z, y compris la ligne de chant. J’ai écrit les textes au fil de l’eau et ce en fonction des ressentis, des émotions, des rencontres, des éléments de la vie, des questionnement personnels ou des observations autour de moi. Forcément, c’est une approche très introspective. Je vais essayer de retranscrire de façon imagée, c’est-à-dire avec des allusions et des allégories. L’objectif pour moi est de faire quelque chose que j’apprécie dans d’autres musiques. Au lieu de me raconter une histoire, on ouvre les portes pour projeter mon imagination, et je vais m’approprier la musique ainsi que les paroles, que je puisse les faire parler pour moi. Autant sur cet album que le précédent.

Y a-t-il une sorte de fil rouge sur « Flowers & Feathers » ?
J.C. : C’est toujours les mêmes thématiques et fondamentaux qui reviennent chez moi. Sur cet album j’ai parlé du temps qui passe, ce que cela va effacer... La question de l’identité, ce qu'il reste d’une personne ou d’une société... La folie aussi.
Sébastien : C’est très abstrait, la clé de la compréhension des textes c’est J.C. qui la détient, après tu peux interpréter comme tu le veux. De temps en temps il y en a qui nous interpellent beaucoup, et quand on a une ébauche d’explication on est en général très loin de ce qu’on imaginait.

Vous me disiez à l’instant que vous avez repris les concerts cet été, je vais citer notamment le Kave Fest ou le Mennecy Metal Fest, mais surtout le HEellfest sur la Hellstage, qu’avez-vous pensé de cette expérience sûrement brulante ?
Sébastien : 37° degrés à 19h00...
J.C. : En fait il faisait 37 degrés à l’ombre, et nous on était en plein cagnard ! On s’est donné à fond et on a passé un super moment, mais me concernant j’ai mis plusieurs jours à m’en remettre. Le Hellfest pour un groupe de metal il n’y a quasiment pas mieux.
Sébastien : Il y avait plus de monde qu’on espérait, le HellCity Square est un lieu de passage.

Vous êtes dans une bonne dynamique, avez-vous d’autres dates en prévision ?
J.C. : Les temps sont durs... on a un certain nombre de dates acoustiques en discussion. Sinon on est en train d’en monter une en février à Paris pour lancer cet album, c’est toujours en cours de discussion. Il y en a d’autres plus ou moins en discussion mais c’est compliqué, il y a toujours les effets de la COVID qui se font ressentir. Actuellement les déplacements sont encore plus chers, donc rentabiliser un concert c’est encore plus compliqué.
Alexandre : Il y a certes l’aspect finance, mais il faut savoir aussi que la scène metal est un marché complément saturé, la demande est très forte.


​Durant ces dernières années, nous n'avons pas eu l’impression que vous ayez fait énormément de concerts, outre la COVID, il a une autre raison ?
Alexandre : A part le Mennecy à ma connaissance, le Rock Metal Camp, le Hellfest et le Kave Fest sont des dates reportées. Ce sont des concerts qu’on aurait dû faire en 2020.

Vous revendiquez votre attachement au blues, pouvez-vous me citer quelques artistes ou des albums qui ont influencé et marqué à jamais l’identité RED MOURNING ?
J.C. : Il y a un gros fan de blues dans le groupe et c’est moi. Après chacun apprécie plus ou moins, c’est une musique assez variée, comme le metal. En termes d’artistes j’ai grandi avec B.B. King et Muddy Waters, cela fait partie de mon ADN musicale.
Alexandre : Personnellement j’ai beaucoup été inspiré grâce à mon père par le rock progressif, le punk, la new wave, un peu de blues et au jazz rock. Je n’ai pas baigné dans le blues pur comme c’est le cas pour J.C. mais il y avait quand même des albums de John Lee Hooker qui traînaient, j’ai quand même été familiarisé avec ce genre de musique. Le metal c’est arrivé après, pendant l’adolescence, et ce fut la porte ouverte au n’importe quoi (rires)
Sébastien : Moi pas du tout, et même encore maintenant le blues pur ce n’est pas un genre musical qui m’intéresse énormément ou que j’écoute, personnellement je suis assez fan de musique épique. Après, il y a des groupes que j’aime beaucoup qui ont été influencés par le blues, comme THE HANDSOME FAMILY ou ME AND THAT MAN le groupe de Nergal de BEHEMOTH. J’ai grandi dans une ambiance de chanson française, avec Polnareff, Brel ou Brassens. Après avec SCORPIONS et DIRE STRAITS, puis j’ai découvert METALLICA quand j'étais en sixième. J’ai tendance à aimer la musique moins épurée que le blues.
J.C. : Moi ça sera le coté blues et hardcore. Chacun apporte ses influences, ses goûts et ses envies. Metal, rock, blues, folk, c’est un vrai mélange et on est loin d’écouter la même chose, cela nourrit la richesse du groupe.
Sébastien : Si j’écoute THE HANDSOME FAMILY ou ME AND THAT MAN c’est à force de côtoyer les membres du groupe. J’imagine que J.C. ne se serait peut-être pas intéressé à CONVERGE sans moi. Alex et Aurélien nous ont aussi fait découvrir des groupes.
Alexandre : C’est important de rester curieux quand on fait de la musique, et ne pas rester sur ses acquis pour évoluer.

Pour les 20 ans de RED MOURNING l’année prochaine avez-vous prévu un événement particulier ?
Alexandre : Nous n’avons rien de prévu, mais peut être que le prochain EP acoustique sera l’occasion de faire quelque chose de spéciale.
J.C. : Nous allons organiser une répét’ (rires). C’est cool de regarder en arrière et d’être fier de ce qu’on a fait. Moi-même j’écoute de temps en temps nos albums, mais on se projette vers l’avenir.

RedMourning

Blogger : Jérôme Graëffly
Au sujet de l'auteur
Jérôme Graëffly
Nourri dès son plus jeune âge de presse musicale, dont l’incontournable HARD FORCE, le fabuleux destin de Jérôme a voulu qu’un jour son chemin croise celui de l'équipe du célèbre magazine. Après une expérience dans un précédent webzine, et toujours plus avide de nouveautés, lorsqu’on lui propose d’intégrer l’équipe en 2011, sa réponse ne se fait pas attendre. Depuis, le monde impitoyable des bloggers n’a plus aucun secret pour lui, ni les 50 nuances de metal.
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