20 octobre 2022, 23:55

CAVE IN + STAKE

@ Béthune (Le Poche)

Sold out ! Pour la venue de CAVE IN, le Poche de Béthune affichait complet ! Le groupe américain, au parcours marqué par le décès, à l'âge de 40 ans, du bassiste Caleb Scofield en 2018, a acquis un statut quasi légendaire, séduisant autant les amateurs de hardcore que les fans de metal, de rock planant, de grunge, de punk ou de stoner. En près de trente ans d’une carrière impeccable, la formation du Massachussets s’est bâtie une solide fan-base... ravie d’assister à un concert de ses idoles dans une salle aussi intime.


La soirée débute avec STAKE que, honte à moi, je ne connaissais pas alors que la formation existe depuis 2011. Je ne risque toutefois pas de l’oublier tant sa prestation a été bluffante. Après une longue intro, les Belges arrivent dans une configuration originale, due à la taille de la scène, avec la batterie au milieu, au même niveau que les autres musiciens. Après un premier morceau où alternent calme et furie, les quatre gaillards se déchaînent, emmenés par leur guitariste-chanteur au look de hipster sous acide – petite moustache, cheveux longs et, surtout, survêtement rose flashy – qui demande sans cesse au public de s’approcher, va au contact des premiers rangs, lève au ciel son instrument ou se noie, un peu en retrait, dans le chaos de sa musique.

Le quatuor vibre au rythme de son sludge/post-rock ponctué des cris de son leader, presque en transe et très vite en sueur. Le batteur, démonstratif lui aussi, impose une cadence souvent effrénée qui se marie avec un groove entraînant, sur des riffs répétitifs. Apparaît ainsi une tension qui finit par exploser en un orage de colère, comme sur "Deadlock Eyes" schizophrène. Il se dégage de ces 45 minutes une énergie folle, qui frise parfois la démence absolue Il n’y a pas à dire, STAKE, c’est saignant !


CAVE IN livre un concert centré sur son dernier disque, le monumental « Heavy Pendulum », dont sont tirés sept des douze titres de la set-list. Déjà magnifique dans son salon, cet album riche et varié est sublimé en live, même si les vocaux sont quelque peu noyés sous les guitares ; dommage, tant leur variété est l’une des forces des Américains. Ce bémol s’oublie bien vite devant l’enthousiasme et la sincérité des musiciens, à l’image d’un Stephen Brodsky, le sourire aux lèvres, qui avance vers le micro, puis recule pour laisser sa guitare le guider, avant de s’approcher de spectateurs avides de communion.

Le remplaçant de Caleb Scofield, Nate Newton, occupe une place de choix, au centre de ses camarades. Il multiplie les poses de métalleux, assure les vocaux les plus hargneux, et, brandit la basse de feu son prédécesseur en fin de cérémonie, avant l’hommage sincère qui lui est rendu : la longue et bouleversante power-ballad "Wandering Angel" qui débute par une partie acoustique déchirante avant de prendre un envol qui évoque SOUNDGARDEN puis de s’achever dans une beauté instrumentale. Émotion dans la salle.


Avant cet instant de grâce, le show avait débuté par le triptyque initial de "Heavy Pendulium", à l’énergie parfaite pour lancer les hostilités : le quasi thrash "New Reality, Blood Spiller", entre hardcore et grunge, tendance ALICE IN CHAINS, suivis de "Floating Skull", gimmick vicieux de guitare et solo heavy. Trois titres au taquet, sans respiration, comme une série de coups précis et dévastateurs.

Cet enchaînement passé, Stephen Brodsky s’adresse à la salle, radieux. "The End Of Our Rope Is A Noose" crée une ambiance spatiale, avec des halos blancs projetés sur les murs. Après un détour par l’album « Antenna » avec le mélodique "Joy Opposites" nimbé de lumières rouges, le groupe montre son côté plus rock avec la paire d’as "Careless Offering", invitation d’une basse épaisse à dodeliner et à taper du pied, et "Blinded By A Blaze", sublime composition, puissante et émouvante, entre CONVERGE et, encore, SOUNDGARDEN.

Place ensuite à l’explosion "Halo Of Flies", qui voit le public se déchaîner et un intrépide se lancer dans un crowd-surfing d’autant plus méritoire que la scène du Poche n’est pas surélevée ! L’énergie est toujours là lors du rappel avec l’ultra efficace "Big Riff", seul extrait du génial « Jupiter », qui précède le tubesque "Sing My Loves", conclusion parfaite d’une heure trente de bonheur.
 

Blogger : Christophe Grès
Au sujet de l'auteur
Christophe Grès
Christophe a plongé dans l’univers du hard rock et du metal à la fin de l’adolescence, au tout début des années 90, avec Guns N’ Roses, Iron Maiden – des heures passées à écouter "Live after Death", les yeux plongés dans la mythique illustration du disque ! – et Motörhead. Très vite, cette musique devient une passion de plus en plus envahissante… Une multitude de nouveaux groupes a envahi sa vie, d’Obituary à Dark Throne en passant par Loudblast, Immortal, Paradise Lost... Les Grands Anciens – Black Sabbath, Led Zep, Deep Purple… – sont devenus ses références, comme de sages grands-pères, quand de jeunes furieux sont devenus les rejetons turbulents de la famille. Adorant écrire, il a créé et mené le fanzine A Rebours durant quelques années. Collectionneur dans l’âme, il accumule les set-lists, les vinyles, les CDs, les flyers… au grand désarroi de sa compagne, rétive à l’art métallique.
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