28 octobre 2022, 19:24

DARKTHRONE

"Astral Fortress"

Album : Astral Fortress

Dans moins de quatre années, les vétérans et presque vénérables co-inventeurs du mouvement bestial, misanthropique et originel du black metal, DARKTHRONE fêteront dignement quatre interminables décennies au service d'un changement musical à la limite du supportable pour certains et pour d'autres, une évolution sincère et authentique à la fois. Le duo norvégien porté par le multi-instrumentiste Nocturno Culto et son comparse batteur de feu Fenriz, voguent d'album en album vers un style unique sobrement revendiqué, à savoir un stellar eclectic old metal adoubé par de puissants riffs instrumentaux primitifs et lancinants, des atmosphères glaciales et vintage à outrance sur une voix écorchée et souterraine des plus farouchement reconnaissables et méconnaissables de prime abord. 

Ce dix-neuvième album sort à peine un an après un « Eternal Hails...... » (2021) des plus caverneux et méticuleux et seulement quelques mois après la réédition de leur deuxième chef-d'œuvre  « A Blaze In The Northern Sky » (1992) pour un trentième anniversaire culte à souhait. C'est un véritable testament élémentaire et cadeau complémentaire hors du temps sous figure d'hommage contestataire envers leur prolifique période en l'honneur absolu du true norwegian black metal sous sa forme la plus pure, ténébreuse et inspirée d'autrefois. Aux côtés de leurs illustres confrères de naguère, MAYHEM, EMPEROR, IMMORTAL, SATYRICON et ARCTURUS viscéralement en tête de proue, on pourra aussi constater avex du recul, le virage immersif et dispersif effectué par certains de leurs membres respectifs pourtant farouchement dédiés à leur art primaire. 

DARKTHRONE nous propose puissamment un melting-pot musical incandescent mâtiné de consonnances polymorphiques black, thrash, doom et heavy metal, sous perfusion inopinée de nappes hypnotiques de synthétiseurs et de lignes perfectibles de mellotron, le tout dans une atmosphère non tempérée, underground et de résistance supposée. Il est à noter que l'on retrouve de manière disparate la lourdeur de compositions/reprises déroutantes, imposantes et foisonnantes deformations comme CHROME DIVISION (side-project rock/metal de Shagrath de DIMMU BORGIR) et BOMBERS (side-project d'Abbath, ex-IMMORTAL et ABBATH). 

L'enregistrement brut, froid et désinvolte se veut décomplexé et s'articule autour de sept morceaux passablement tronqués voir évidés à l'exception faîte de l'interminable "The Sea Beneath The Seas Of The Sea" et de la ballade electro-acoustique "Kolboltn, West Of The Vast Forests" réalisée en référence à leur ville natale. De but en blanc, « Astral Fortress » puise allègrement dans les racines profondes ancrées tant au sein d'albums comme « Arctic Thunder » (2016) que « Circle The Wagons » (2010) tout en évitant étonnamment les éléments crust/punk et speed metal de ce dernier d'ailleurs. 

DARKTHRONE a été, est et sera toujours une énigmatique réponse artistique anti-conformiste, déjouant les pronostics d'une vitalité perdue ou d'une carrière en demie-teinte à l'image déconcertante mais magistralement assumée de leur pochette d'album qui comprend également celle de « Panzerfaust » (1995) en patch cousu. Elle fera certainement hurler de honte des plus psycho-rigides aux plus avant-gardistes de ses si nombreux fans épris davantage de black metal perfide que de rock avide. Mention anecdotique néanmoins pour le mentor du groupe autrichien ABIGOR, désirant rester vicieusement attaché à tout jamais à l'essence substantiellement perdue après l'avènement suprême du black metal avant 1995. 

Que l'on se le dise, depuis la parution de l'incompréhensible et répréhensible « F.O.A.D. » (2007), DARKTHRONE est inorexablement devenu en quinze ans le MOTÖRHEAD iconique du black metal non conservateur, renouvelé et fédérateur d'un message unique et universel qui pourrait être scandé en norvégien : « Vi kalles DARKTHRONE og vi spiller Rock'n'Roll ! » (« On s'appelle DARKTHRONE ​ et on joue du Rock'n'Roll ! ») bien qu'il ne se produise plus sur scène depuis presque toujours...

Blogger : Charles CesÂme Zampol
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Charles CesÂme Zampol
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