En vingt ans d’une carrière riche autant en albums qu’en concerts à travers le globe, EPICA a su faire du metal symphonique un genre innovant, apprécié tant pour son côté musical que pour sa part de théâtralité. Un an après la sortie de « Omega » et son pendant live, ainsi que trois EPs, le groupe revient toujours aussi inspiré avec sept nouveaux titres regroupés sous le nom magique de « The Alchemy Project ». Forte d’une pochette accrocheuse et visuelle réalisée à nouveau par Heilemania, ce qui caractérise cette nouvelle offrande, ce sont les invités qui ont pris part à l’écriture et à l’interprétation des chansons. En effet, chacune d’entre elles donne la parole à des musiciens plutôt venus du metal extrême, jugez-en par vous-mêmes.
Tout commence avec l’extrêmement orchestral et symphonique "The Great Tribulation" dont le côté death et brutal nous rappelle évidemment les membres de FLESHGOD APOCALYPSE qui officient sur ce premier morceau imposant, lourd, blasté mais progressif à la fois, atmosphérique par moments. On peut même se demander si c’est EPICA qui partage l’affiche avec FLESHGOD APOCALYPSE ou l’inverse tant la symbiose est idéalement conçue. "Wake The World" fait, lui, intervenir le plus classique claviériste d’URIAH HEEP Phil Lanzon et la charismatique voix heavy de KAMELOT et SEVENTH WONDER Tommy Karevik. C’est un titre de metal symphonique dans la pure tradition EPICA mais dont bien sûr l’influence des claviers donne une chaleur et une patte 70's très inspirante. Une ballade extrêmement addictive et galvanisante.
Une berceuse qui n’en a que le nom suit : "The Final Lullaby" avec les avantgardistes norvégien SHINING. Un morceau musclé bien que mélodique, avec des passages au saxophone ! Entre jazz, fusion et metal, un beau panel de musiques cinglantes tout en harmonie. Le final onirique décalé est ici très à propos. Quand les sirènes Simone Simons, l'ex-DELAIN Charlotte Wessels et Amalie "Myrkur" Bruun sont réunies, cela donne un titre tout en fluidité et très envolé : "Sirens-Of Blood And Water". Aérien, atmosphérique, une main de fer dans un gant de velours, le chant de ces dames est bien irrésistible, comme le veut la légende.
"Death Is Not The End" se veut bien plus brut avec la coopération vocale de Björn "Speed" Strid de SOILWORK et du guitariste Frank Schiphorst. Des soli solides, des riffs presque dissonants, des claviers omniprésents, on est dans le grandiloquent, le dramatique même. "Human Devastation" quant à lui, est plus simple, plus linéaire mais tout aussi efficace avec les guitares cinglantes de GOD DETHRONED et la voix death d’ABORTED en la personne de Sven de Caluwé. Un titre très death, sans concession, agressif et rapide. L’efficacité de l’extrême en somme.
"The Miner" enfin termine l’EP de façon bien plus enchanteresse avec la participation cette fois de Asim Searah (DAMNATION PLAN), Niilo Sevänen (INSOMNIUM) et le batteur de POWERWOLF Roel Van Helden. On retrouve à nouveau un metal symphonique et mélodique à la EPICA emmené par les qualités heavy/death des artistes précédemment cités dont le mélange permet à « The Alchemy Project » de se clore dans un déluge de riffs et de belles ambiances au clavier au gré de voix pures et divines.
Avec « The Alchemy Project », EPICA montre qu’ils sont loin d’avoir explorer tous les horizons du metal. Les invités présents sur l’album sont autant d’influences et d’idées à utiliser et à s’approprier pour un metal symphonique toujours plus riche et intéressant. Bravo !