Quinze jours avant le Tyrant Fest, le Poche de Béthune accueillait le cinquième "Tyrant Reloading" avec deux valeurs sûres du black metal français, REGARDE LES HOMMES TOMBER et BLISS OF FLESH. Amis des rituels noirs, des groupes qui jouent sans adresser le moindre mot au public, bienvenue dans la cave nordiste !
L’intense concert des Calaisiens se divisent en trois temps, en trois déflagrations continues séparées de pauses mélodiques où les musiciens quittent le devant de la scène. Servi par un son de bonne facture, le black/death asséné est d’une efficacité redoutable où se mêlent blasts toniques, riffs tortueux et mélodies troublantes. Nercurat, haut noir sans manche comme ses camarades avant de se mettre torse nu, immense bracelet à clous dans la plus pure tradition, est le phare du groupe. Charismatique, le regard souvent hanté, il multiplie les gestes lents et symboliques à destination d’un public attentif, captivé par les mouvements saccadés du chanteur.
Tantôt dans le hurlement, tantôt dans l’incantation, il s’empare d’une couronne barbelée et la pose sur son crâne, point d’orgue d’une cérémonie païenne exécutée avec brio par un groupe sûr de sa force... et que l’on sera ravi de revoir au Tyrant Fest le dimanche 13 novembre.
Encens et chandeliers, murmures et sons étranges, REGARDE LES HOMMES TOMBER arrive dans une atmosphère inquiétante, où la fumée enlace les notes troublantes et solennelles de "L’Ascension", intro qui donne son nom à l’incandescent album que les Nantais portent en live depuis sa sortie en 2020. A genoux, dos au public, le groupe laisse la musique imprégner les murs en brique du Poche avant que le cri de T.C., veste en cuir noir et capuche, ne lance le magnifique "New Order" à la batterie démoniaque, aux riffs obsédants.
Outre un collier maudit de perles noires et brûlantes – les blasts de "Renegade Son" – le groupe sculpte des bijoux fins et précieux portés par la guitare subtile de A.M., qui attire les projecteurs sur le début de "The Incandescent March", l’un des deux titres, avec "A Sheep Among The Wolves", tirés de « Exile ». "Stellar Cross", composition quasi progressive et théâtrale, brille aussi de cette finesse intelligente qui plonge les spectateurs dans leurs pensées les plus sombres. Reste à franchir "Le Bord du Gouffre" , quand scintillent les flammes dans les braseros, pour conclure un concert à l’intensité émouvante.
