J’ose rarement me risquer sur les albums de thrash, un genre si prolifique ayant tant de groupes talentueux que l’on ne sait où tourner la tête. Toutefois mes aventures au Hellfest m’ont amené à découvrir sur scène un groupe britannique de grande classe qui m’a retourné les neurones sensoriels. XENTRIX est un vieux de la vieille, étalant son thrash old-school aux quatre coins du globe depuis 1988, je m’en veux un peu de ne pas avoir parlé de lui avant. Acte de contrition avec mon avis sur sa dernière production, « Seven Words ».
XENTRIX est un groupe sous influences, dès "Behind The Walls Of Treachery", on se sent revenir dans le thrash de la Bay Area des années 80. Sur une rythmique résonnant lourdement, les guitares prennent leur temps pour monter en puissance, envahir l'espace jusqu’à une explosion de riffs violents et dévastateurs, façon TESTAMENT. Le son bénéfice d’un mixage carré et adapté d'Andy Sneap, on déguste chaque instant d’accélération jusqu’aux soli héroïques. Changement de cap avec un "Seven Words" ultra rapide, qui ne perd pas de temps et met le chaos en musique avec une technicité incroyable. On parle là réellement de thrash originel, tel que METALLICA le sculptait en 1986. D’ailleurs la voix du nouveau chanteur de XENTRIX, Jay Walsh, qui est arrivé sur le précédent album « Bury The Pain », a un côté Hetfield indéniable. Les fans de thrash européen à la KREATOR auront leur compte également avec un "Spit Coin" bien rageur dans ses frappes rythmiques et aux soli fait de dentelle électrique. Un titre délicieux.
XENTRIX lâche du riff qui tâche sur le bourrin "The Alter Of Nothing", puis imprime une allure martiale et rampante à "Everybody Loves You When You’re Dead", un titre des plus jouissifs, taillé pour le live. "Reckless With A Smile" alterne les tempos. "Ghost Tape Number 10" est hypnotique et agressif, à mi-chemin entre MEGADETH et ANTHRAX, complètement sauvage et hennissant. Un morceau qui m’a captivé par son rythme et ses riffs déchaînés, avec un rendu mémorable. Enchaînement parfait dans les guitares sur "My War", hyper offensif, et "Kill And Protect", qui fait osciller des sons grooves et hypnotiques avant de s’envoler sur des ailes enduites de métal huileux, sortant des "g-riffs" acérées.
Dernière ligne droite, "Anything But The Truth" fait résonner des fûts énormes avec en contrepoint la puissance des grattes et une voix bien grave, puis c’est le titre-bonus, une reprise de "Billion Dollar Babies" d’Alice Cooper. Une relecture thrash des plus subtiles et réussies.
XENTRIX a réussi son offrande à l’autel du thrash metal. Un régal.