VIRGIL, du haut de ses six années d’existence au sein de la scène hexagonale, a déjà pu prouver qu’il avait des choses dire en matière de metal extrême. « Divina Infernum », son premier album paru en 2020, constituait en effet une relecture convaincante de ce deathcore sombre et velu pratiqué par THY ART IS MURDER, CARNIFEX ou MAKE THEM SUFFER. Un deathcore à cheval sur le black et le death, moderne dans l’exécution, doté d’une grosse production qui ne laissait guère planer de doute sur ses intentions : faire mal. Et deux ans plus tard, l’objectif reste en tout point identique avec un mixage encore plus puissant signé Simon Herbaut (THE LUMBERJACK FEEDBACK) et un mastering réalisé par Olivier t'Servrancx (AS THEY BURN...). Les deux sbires ayant ici troussé un son qui va laisser des séquelles sur les cochlées les plus fragiles.
Démarrant sa moisson de riffs mitraillettes avec le doublé "Black Feathers" / "Eterntiy", VIRGIL annonce une nouvelle fois la couleur en remettant à l’honneur ce style brutal, sans la moindre concession. Ici caractérisé par dix parpaings (l’intro "Acheron" et les deux minutes apaisées de "Charon" ne rentrant pas dans ce décompte sauvage) qui tombent sans crier garde sur des esgourdes affamées. Les rythmiques syncopées s’acoquinent une nouvelle fois avec des blasts savoureux et la triplette "Hunt" / "Martyr" / "Mother" qui constitue la colonne vertébrale du disque achèvera à coup sûr de convaincre les plus réticents. Pas de surprise pour la suite si ce n’est que le groupe démontre un savoir-faire intact dans le troussage de gros breaks couplés à des accélérations meurtrières qui viennent compléter cette déculottée d’environ trois-quarts d’heure. Pas d’erreur sur la marchandise pour sûr puisque le deathcore prodigué ici est d'une précision et d’une brutalité sans faille, ne négligeant pas pour autant la mélodie qui tombe pile-poil et l'ambiance apocalyptique en bonus.
« Acheron » invoque une puissance de feu imparable et des breaks classiques, certes, mais meurtriers ! Comme si VIRGIL se plaisait à casser le rythme sur celui-ci pour décupler la force de frappe de l'ensemble. Alors oui, à l’heure de faire les comptes, ce disque de deathcore, il faut bien le classer quelque part, prend peu de risques. Mais en ces temps où le style reste relativement discret, les albums de cette trempe dans le genre se faisant rares (LORNA SHORE, SHADOW OF INTENT et FIT FOR AN AUTOPSY ayant aussi tiré leur épingle du jeu cette année), cet « Acheron » a bel et bien toute sa raison-d'être sur les étagères des amateurs du genre.