15 janvier 2023, 23:59

ELECTRIC CALLBOY + ANNISOKAY

@ Strasbourg (La Laiterie), le 15/01/2023

Encore un concert un dimanche soir à La Laiterie ? Certains tourneurs sont joueurs en ces temps troublés. Nous pourrions flirter avec de l’abstention. Heureusement, il s’agit d’une affiche annonçant ELECTRIC CALLBOY. Déjà, ils sont allemands, donc les voisins d’outre-Rhin sont aux trois quarts la raison du sold-out affiché par le site. Ensuite, le groupe est devenu en Europe un réel phénomène qui fait parler de lui et attire l'attention, entre les gardiens du temple rock qui crient au scandale devant ces trublions electrocore, les e-woks 2.0 qui détestent l’humour polaire et ironique (le groupe a dû renoncer à son côté Eskimo et se rebaptiser Electric) et le gros stock de curieux devenus fans de cette musique transgenre. Je fais partie de cette dernière catégorie, vous l’aurez deviné.

19:30. Un autre groupe teuton, ANNISOKAY, lance les hostilités avec "Like A Parasite". Il s’agit bien de guerre sonore avec un metalcore pur jus, entre WE CAME AS ROMANS et OF MICE & MEN, des riffs et des cris en somme, et un côté mélodique bien senti. Excellent set de 45 minutes avec un duo de voix growl et chant clair, ce dernier livré par l’un des guitaristes. Les riffs sont modernes, agressifs, la rythmique fait onduler des vagues d'ondes sonores sur nous. Le public est déjà bien réveillé et le frontman vient surfer avec bonheur sur nos têtes tout en poussant sa ligne de chant. Sur la dizaine de chansons, presque tous les albums sont représentés, « Arms » et le petit dernier « Aurora » étant privilégiés, mais ce dernier couvre la moitié du concert. Nous avons droit à une excellente déclinaison du "Duality" de SLIPKNOT, les spectateurs font un très bon accueil à ANNISOKAY. Accueil mérité, plus qu’une première partie pour chauffer la salle, la révélation d’un groupe à suivre. Dernière ligne droite et final de choc avec "Coma Blue" et "STFU" pour un K.O. metal parfait.

Petit entracte puis place aux héros de la soirée. La salle est tellement bondée que je peine à me faufiler pour trouver un endroit où bien voir, les Allemands sont vraiment de grandes perches, je joue des coudes. Après un lancer de confettis joyeux, six drôles de drilles en jogging synthétiques et perruques en pétard investissent la scène. ELECTRIC CALLBOY est dans la place et envoie le légendaire "Pump It Up". L’auditoire avec ses bières en main se trémousse en mode "apérock bic", des Véronique et Davina destroy se déhanchant sur un fond de techno eighties, appuyé de lourds riffs jouissifs. Franchement, c’est une chance d’en profiter en salle, le rendu mêle l’intimité et le spectaculaire.


Pas le temps de souffler, nous allons groover pendant 1h20. Le dernier album, « Tekkno », se taille la part du lion, avec 8 titres, dont "Arrow Of Love" et "Tekkno Trai". A tous ceux qui scandent : « C’est pas du metooolll !!! », je réponds : « Venez voir ELECTRIC CALLBOY en live, car avec ses deux guitaristes furieux et sa rythmique déchaînée, nous franchissons le mur du son, un son bien énervé en riffs percutants ». Les poils de nos avant-bras se dressent puis se fracassent sur la peau. Rythmique techno-house revisitant MODERN TALKING certes, mais c’est pour mieux nous faire décoller sur un metalcore à la CROSSFAITH, vu des growls extrêmes venant défriser nos jolies coupes mulet. Et il y a de la folie pure avec ce morceau écrit en un jour, certainement sur une nappe de bistrot imbibée de Jägermeister, "Castrop X Spandau". Je crois que je n’ai jamais vu les cousins germains autant en extase depuis la présence de leur équipe nationale à une finale de coupe de monde de football.


On passe à la folie supérieure avec "MC Thunder ll" et "Hypa Hypa", véritables brûlots d’electrocore qui déchaînent La Laiterie. J’ai hâte de voir quelle réaction ELECTRIC CALLBOY va provoquer en plein air au Hellfest. Le concert de ce soir est également une occasion ethnologique d’étudier les Allemands dans leur milieu naturel. Loin des clichés, ce peuple a une propension à faire la fête, chanter, danser, rire sur des blagues débiles comme personne. Un Hobbit approuverait. Aucun sérieux et un dosage rythmique hors pair. "Best Day" survient, offrant bonne humeur et facilité sur un refrain nirvanesque. Les deux chanteurs sont d’une excellente insolence et poussent à travers "Parasite" et "MC Thunder" leurs hurlements jusqu’au final explosif. Arrosés de cotillons, nous réclamons forcément un retour du groupe.


ELECTRIC CALLBOY revient nous balancer un "Mindreader" tout en décibels. S’ensuit le désormais classique "Spaceman" au refrain jovial et fédérateur que nous reprenons joyeusement. Demain, c’est lundi, je me lève à 4h, mais pour l’instant, je suis à des années-lumière de la réalité du monde. Et je ne semble pas être le seul. Le groupe nous salue, pour mieux revenir quelques instants plus tard pour l’ultime "We Got The Moves". Un peu qu’ils ont le sens du rythme les gus tout deglingos, ils nous terrassent littéralement. Acclamations bien méritées.

ESKIMO… pardon la censure… ELECTRIC CALLBOY nous a transportés à travers les âges et les genres musicaux. Mais avant tout, ce groupe a un son metal qui offre un show "inui". Je n’ose vous dire le nombre de mousse avalées pour s’hydrater pendant ce concert maousse. C’était ELECTRIC CALLBOY et c’était électriquement très bon !

Photos © Christian Ballard - Portfolio
 

Blogger : Christophe Scottez
Au sujet de l'auteur
Christophe Scottez
Chris est ethnologue à ses heures perdues, vétéran des pogo joyeux en maillots de core. Un explorateur curieux, grand amateur de riffs et de chants sauvages. Il a grandi dans les glorieuses années 80, bercé par les morceaux canoniques d’ACCEPT, SCORPIONS, MOTLEY CRUE et autres GUNS N ROSES. Traumatisé par le divorce entre Max Cavalera et son groupe, ainsi que par un album des Mets un peu «chargé» en n’importe quoi, Chris a tourné 10 ans le dos au hard rock. Puis, un jour, il a par hasard découvert qu’une multitude de nouveaux groupes avait envahi la scène … ces nouveaux sauvages offraient des sons intéressants, chargés en énergie. Désireux de partager l’émo-tion de ce style de metal sans la prétention à s’ériger en gardien d’un quelconque dogme, il aime à parler de styles de metal dit classiques, mais aussi de metalcore et de néo-metal. Des styles souvent décriés pour leurs looks de minets, alors que l’importance d’un album est d’abord le plaisir sonore que l’on peut en tirer, la différence est la richesse du goût. Mais surtout, peut-on se moquer de rebelles coquets alors que les pères fondateurs du metal enfilaient des leggins rose bonbon et pouponnaient leurs choucroutes peroxydées ?
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