Un samedi soir d’hiver. J’ai la flemme de bouger, mais ce serait un tort d’écouter mon égo accro à Netflix. Au club de la Laiterie rendez-vous est donné aux nostalgiques du punk français et de la Oï. Je colle de la poudre temporelle de fée sur mes Doc Martens, j’enfile mon vieux cuir, et je trotte gaiement jusqu’au Club. La salle sera bondée pour saluer le passage exceptionnel de KOMINTERN SECT, 40 ans après ses premiers méfaits sonores.
Premier round avec les Strasbourgeois 16 KAT. 20 ans d’existence, des premières parties remarquées pour des groupes punk tels SHAM69. On démarre la soirée dans un joyeux bordel musical. On sent d’emblée l’influence du punk New Yorkais, avec une rythmique rapide pour "péter les plombs". Les RAMONES en particulier sont leur grosse influence, nous avons droit à une excellente reprise de "l Don’t Want To Grow Up" frenchisé. Les lignes de basses à la MOTÖRHEAD sont également à l’honneur, le public se régale avec des compositions comme "Héroïne". Autre clin d’œil à des groupes majeurs de la scène française historique, PARABELLUM est plusieurs fois repris, chacun dans la salle vibrant à l’idée de retourner à "Cayenne".
Place au groupe tant attendu. Dans le Club se croise toute la faune des nuits rock, des années 80 à aujourd’hui. Punks et skins, apaches et loulous bohème, et votre serviteur qui redevient un titi des rues. Nous démarrons forcément "Tous Ensemble". Accueil chaleureux et pogos joyeux, KOMINTERN SECT est dans la place. Si les années ont ajouté quelques rides aux balafres, quelques bouées d’amour pour la bière aux corps jadis dégingandés, le son est celui de la folie rock des temps anciens. Les riffs retentissent. C’est vite le feu dans la fosse. La célébration de la liberté sans collier avec "Comme un Chien", extrait du dernier album en date, « Des Jours plus Durs que d'Autres ». Un disque très représenté et qui fait son effet. Une demie douzaine de morceaux de cette production, la moitié du set sera également composée du « Dernier Combat ». Tout un programme, tout un message.
Le concert est l’occasion de balancer des hymnes à présent séculaires. "Les Années d’Acier" résonnent à nouveau, avec un refrain repris sauvagement par tous à grands coups de « ho, ho, ho, hoooo ». Soirée placée sous le signe de la temporalité et de la fraternité dans la musique, KOMINTERN SECT alterne oldies et nouveautés, le tout récent "Filles de France" ayant autant sa place il y a 40 ans qu’aujourd’hui, ode à la tolérance, un refus de la misère des castes, hurlé par une "Nation Païenne". La Oï comme exutoire. "Dans les Tribunes" comme ailleurs résonne un chant populaire, une envie toujours vivace de revendiquer ses "Rêves de Liberté", en versant son sang et sa sueur sur scène, mais aussi dans la fosse. Les titres qui se succèdent ramènent inexorablement à un "Dernier Combat", les fans sont déchaînés, "Unis par le Vin", même si ce soir c’est plutôt la cervoise qui coule à flot entre chaque refrain fédérateur, mais il est clair que l’ambiance est "Plus Fort Que Tout", oubliés nos 50 piges, nous sommes à nouveau les jeunes keupons des fêtes improvisées.
KOMINTERN SECT nous offre un rappel tout en convivialité, de "On est encore Là" jusqu’à "Pour la Gloire", donnant jusqu’à sa dernière goutte d’énergie. Un concert empreint de nostalgie, de fureur, mais également de volonté. Celle d’être encore là, dans les cœurs et dans les chœurs des spectateurs. Ce fut inoubliable, chacun se félicitant d’y avoir assisté et d’y avoir surtout... participé, à grand renfort de « la la la laaa ».