27 février 2023, 19:00

GODSMACK

Interview Sully Erna


​Un nouvel album de GODSMACK est paru le 24 février et s’il s’agit du huitième du groupe de Boston, il semble qu’il faille profiter de ce « Lighting Up The Sky » tout en émotion et en sincérité. 
Sully Erna, chanteur et leader de la formation nous parle des projets et de l’avenir de GODSMACK, dont la carrière va prendre un tournant assez inattendu, à découvrir dans cet entretien d'une grande authenticité...

 

Musicalement, « Lighting Up The Sky » est un album très puissant. Comment pourrais-tu le qualifier par rapport à vos précédentes réalisations ?
Il fait un peu office de concept-album, même s'il n'a pas été écrit en ce sens. Il traite du voyage d'un homme dans une vie ordinaire, avec les hauts et les bas qu'il peut rencontrer. En fait, c'est juste ma propre histoire. Tout, du fait de tomber amoureux au moment où tu es trahi, du moment où tu trouves à nouveau l'inspiration et tu te retrouves, est écrit dans cet album. Et même une réflexion sur ce voyage. Si je pouvais parler à un moi, plus jeune, qu'est-ce que je me dirais ? Qu'est-ce que je dirais à ce garçon, quels conseils lui donnerais-je ? Est-ce que je ferais les choses différemment ou pas ? C'est ça, l'album dans son intégralité est simplement une réflexion sur le bon et le mauvais qui peut arriver tout au long d'une vie.

Et es-tu fier de ce que tu es devenu ? De plus en plus célèbre, avec GODSMACK et donc aussi personnellement ? Est-ce que tu dirais au jeune Sully qu'il deviendrait si renommé ? T'y attendais-tu quand tu as commencé ta vie de musicien ?
J'ai toujours voulu faire ce métier et, bien sûr, quand j'étais enfant, je rêvais de devenir célèbre avec mon groupe, mais ce n'était pas la réalité. Ce rêve est devenu réalité grâce à un travail acharné et continuel. C'est à la fois satisfaisant et gratifiant. Donc, si je pouvais me donner quelque conseil que ce soit, ce serait simplement de faire exactement ce que j'ai fait. Car en changeant les plans, je ne serais peut-être pas devenu ce que je souhaitais être et notre carrière ne serait peut-être pas la même. Je n'ai aucun regret.

Sur le plan de l'inspiration, celui de l'expérience, est-ce que c'est plus facile de faire un huitième album que ça ne l'était pour le premier ?
C'est un peu compliqué à dire parce qu'en fait, le premier album (NDR : « Godsmack » sorti en 1998), on ne l'a pas vraiment écrit en tant que tel. On composait juste des chansons pour le plaisir. Mais ensuite, les attentes nous concernant étant devenues plus grandes, on se devait alors d'écrire de nouveaux albums, ce qui change un peu la donne. Mais pour le coup, pour ce huitième album, nous avons tiré parti de la COVID et de la situation mondiale. On a pu prendre le temps de s'asseoir autour d'une table et de parler de l’album tranquillement, sans pression. Et grâce à cela, on a pu se concentrer sur notre envie de trouver les meilleures chansons qu’on pouvait écrire. Je trouve que cet album est très satisfaisant, pour les nouveaux comme pour les anciens fans.

Tu parlais de la COVID, est-ce que ces quelques dernières années un peu sombres que l’on a vécues ont eu une influence sur la façon dont tu as écrit les chansons ?
Non, je ne dirais pas que ça a influencé les chansons mais avoir du temps pour nous et pour vraiment peaufiner les titres a vraiment été appréciable. Il faut voir le positif en toute chose.
 

« Même si l’album n’était pas imaginé ainsi, force est de constater que lorsque j’ai mis les chansons bout à bout, elles ont commencé à raconter une histoire »


​Il y a une chanson sur l’album qui s’intitule "Growing Old" et qui traite du fait de vieillir. Est-ce que tu penses qu’avec l’âge, tu prêtes plus attention à ce qui t’entoure et est-ce que cela t’inspire encore plus pour écrire des paroles ?
Oui, bien sûr. En vieillissant, on prête plus attention à sa mortalité. On comprend que sa vie est vraiment courte et qu’on doit en profiter à fond. Cette chanson est un message à ma fille, pour lui dire que je suis toujours là pour elle, que je suis fier qu’elle devienne une femme et que j’espère qu’elle trouvera l’amour. Je veux qu’elle soit la meilleure version d’elle-même possible. Mais j’espère qu’elle n’oubliera pas son papa en route et je lui rappelle que je suis là maintenant mais que je ne serai pas toujours auprès d’elle, donc il faut qu’on vive de bons moments ensemble, car je vieillis !

Est-ce que tu aimerais qu’elle devienne musicienne à son tour ?
Non, pas nécessairement. Elle peut choisir le chemin qu’elle désire, je suis sûre qu’elle sera géniale, quelle que soit sa voie, et pas nécessairement celle de la musique. Mais elle adore déjà la musique.

Il y a aussi "Surrender" qui est très puissant, très efficace et qui deviendra forcément un hymne. Est-ce que tu peux nous dire ce qui a déclenché l’écriture de cette chanson un peu particulière qui traite des relations humaines ?
Eh bien, je me rends compte en vieillissant et en prenant de l’expérience que parfois, on se dispute avec les autres pour des futilités. Des fois, il est mieux de "se rendre”, car on n'a plus la force de se battre. Il vaut mieux honorer les relations que tu entretiens et apprendre de ces liens...

Il semble que les paroles aient autant d’importance que la musique sur « Lighting Up The Sky », non ?
Oui, tout à fait. Même si l’album n’était pas imaginé ainsi, force est de constater que lorsque j’ai mis les chansons bout à bout, elles ont commencé à raconter une histoire. Je me suis rendu compte que l’album raconte une histoire complète du moment où tu tombes amoureux, tu partages du temps avec l’autre, tu perds ton amour en étant trahi mais tu retrouves ensuite un nouveau souffle, tu te remets debout et en marche. Tu te rends alors compte quelles sont les personnes et les choses qui sont vraiment importantes dans ta vie et tu t’y dévoues alors.

A l'ère du streaming désordonné, l’ordre des chansons est donc important !
Oui, même si chaque chanson est en elle-même une petite histoire et peut être vécue indépendamment des précédentes et suivantes. Mais quand tu mets toutes les chansons les unes après les autres, tu obtiens un voyage complet dans la vie d’une personne.
 

« Ce n’est pas la fin de GODSMACK mais on referme un chapitre de notre vie pour en ouvrir un nouveau... »


Il y a une rumeur qui dit depuis quelques mois que « Lighting Up The Sky » serait le dernier album de GODSMACK. C’est vrai ?
Oui, je crois qu’il est temps en effet. On a eu une grande carrière et on est très reconnaissants d’être arrivés où nous en sommes aujourd’hui. On a fait plein de tubes et j’essaye de me placer du point de vue de nos fans parfois. Je suis moi-même un fan de musique et quand je vais voir mes groupes préférés en concert, AEROSMITH par exemple, est-ce que je veux vraiment entendre leur nouvel album ou est-ce que je veux voir les chansons qui ont été la bande-son de ma vie ? Comme "Dream On" ou "Walk This Way" ? Ce sont les chansons que les gens veulent entendre le plus en concert. Et j’ai dans l’idée que nous avons créé nos morceaux pour nos fans, donc il faut les satisfaire. Bien sûr, ce n’est pas la fin de GODSMACK mais on referme un chapitre de notre vie pour en ouvrir un nouveau où nous allons nous concentrer sur les concerts avec nos plus grands titres.

Donc vous allez passer plus de temps sur scène et en tournée ?
Absolument, ce sera la récompense pour tout le dur travail que nous avons fait pendant des années. La récompense de la créativité est de jouer les chansons en live et de divertir les gens et c’est ce que j’ai toujours aimé faire. Si les gens ont aimé le groupe pendant toutes ces années, cela me rend heureux de savoir que c’est parce qu’on arrive à les divertir.

Est-ce que vous savez déjà ce que vous allez jouer sur scène ? Cela doit être difficile de choisir les meilleures chansons parmi vos huit albums !
En fait, pour le moment, on va laisser vivre la sortie de l’album et cela ne devrait pas être long avant que les fans nous disent quels sont leurs titres préférés. Après, on choisira quelles chansons sont les plus pertinentes, les plus efficaces en live. On a la chance de pouvoir jouer un set complet rien qu’avec les chansons préférées de nos fans, c’est génial.

Il y a d’ailleurs une chanson qui pourrait faire partie de cette liste, c’est "Truth". Est-ce que l’on peut la considérer comme une chanson d’amour ?
Oui mais peut-être une chanson d’amour perdu, alors. C’est certainement la chanson la plus brute, la plus vulnérable que j’ai écrite dans toute ma vie. C’est parce que j’ai été confronté à cette situation juste au moment de l’écriture de l’album. Je m’y expose vraiment et je pense que ce sera une chanson très difficile à jouer sur scène, car ce n’est pas la même chose d’avoir des sentiments en toi et de les exposer au monde sur scène. Ce sera un moment plein d’émotions. Tout ce que j’ai écrit parlait de ce que j’avais en moi, que ce soit bon ou mauvais, et je pense qu’il est important d’être honnête, donc sur scène j’essaye d’être le plus authentique et le plus transparent possible.

Pourquoi avez-vous décidé de produire à nouveau l’album avec Andrew Murdock, avec qui vous aviez enregistré vos deux premiers albums ?
Eh bien, cela vient du fait que quand on s’est rendu compte que « Lighting Up The Sky » serait probablement notre dernier album, on a pensé que ce serait bien de terminer où nous avions commencé. On a eu beaucoup de succès avec ces personnes au début et on a eu aussi envie de leur rendre hommage, en leur montrant qu’ils signifient beaucoup pour nous, qu’ils ont eu un réel impact sur notre carrière.

Tu sais, beaucoup de fans de GODSMACK ont été déçus après l’annulation de votre date parisienne en octobre dernier… Y a-t-il une chance de vous voir bientôt en France avec des chansons du nouvel album ?
Oui, je l’espère vraiment. Notre but est de tourner dans le plus de pays possible dans le monde, car on sait que c’est important pour les gens. On va vraiment essayer de venir vous voir au plus vite et on apprécie que des médias comme vous soutiennent le groupe, car la France fait partie des endroits où on a besoin d’un peu plus d’aide, d’un peu plus de soutien. J’espère donc que cet album aura du succès chez vous et nous fera encore plus connaître et nous serons alors capable de délivrer un show digne de ce nom. Nous sommes venus en France dans les années 2000 (NDR : en mai 2001 en première partie de LIMP BIZKIT à Bercy, en 2003 avec METALLICA sur le "Madly in Anger with the World Tour" et au Hellfest en 2015 et 2019) et on a vraiment passé du bon temps dans votre pays. J’aime la France, votre culture et la gastronomie. J’ai vraiment hâte de revenir vous voir et je vous remercie pour votre soutien. On espère que l’album vous plaira pour que nous puissions venir vous rendre visite au plus vite.
 

Blogger : Aude Paquot
Au sujet de l'auteur
Aude Paquot
Aude Paquot est une fervente adepte du metal depuis le début des années 90, lorsqu'elle était encore... très jeune. Tout a commencé avec BON JOVI, SKID ROW, PEARL JAM ou encore DEF LEPPARD, groupes largement plébiscités par ses amis de l'époque. La découverte s'est rapidement faite passion et ses goûts se sont diversifiés grâce à la presse écrite et déjà HARD FORCE, magazine auquel elle s'abonne afin de ne manquer aucune nouvelle fraîche. SLAYER, METALLICA, GUNS 'N' ROSES, SEPULTURA deviendront alors sa bande son quotidienne, à demeure dans le walkman et imprimés sur le sac d'école. Les concerts s'enchaînent puis les festivals, ses goûts évoluent et c'est sur le metal plus extrême, que se porte son dévolu vers les années 2000 pendant lesquelles elle décide de publier son propre fanzine devenu ensuite The Summoning Webzine. Intégrée à l'équipe d'HARD FORCE en 2017, elle continue donc de soutenir avec plaisir, force et fierté la scène metal en tout genre.
Ses autres publications
Cookies et autres traceurs

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de Cookies ou autres traceurs pour mémoriser vos recherches ou pour réaliser des statistiques de visites.
En savoir plus sur les cookies : mentions légales

OK