26 février 2023, 23:59

KREATOR + MUNICIPAL WASTE

@ Strasbourg (La Laiterie)

Désormais coutumière des concerts mémorables du dimanche soir, la Laiterie de Strasbourg offre ce 26 février une représentation des Allemands KREATOR. Concert moult fois reporté pour cause de covidalypse, les maîtres du thrash vont avoir l’occasion de nous faire exorciser toutes nos frustrations accumulées. De remaniements en remaniements, l’affiche n’offre que deux groupes au lieu de quatre, mais contrairement aux dates avec LAMB OF GOD en tête d’affiche, KREATOR a un temps de jeu élargi dans notre capitale alsacienne.

19 heures. Pour se mettre en appétit, MUNICIPAL WASTE vient livrer son thrash bien speed à une fosse paradoxalement chaude au vu des températures extérieures glaciales. 18 titres pour péter les riffs, le tout en moins d’une heure, je vous laisse faire le calcul de la durée moyenne des titres qui sont extraordinairement courts. Avec leur rythmique rapide et hardcore, on songe souvent aux premiers skeuds de SUICIDAL TENDENCIES. MUNICIPAL WASTE n’étant pas là pour enfiler des perles, c’est de suite la déferlante thrash avec "Demoralizer", extrait du dernier album « Electrified Brain », puis "Mind Eraser" de « Hazardous Mutation ». Le son est lourd, rapide et l’huile des riffs déborde de la scène pour se déverser dans les circle-pits furieux. Les albums stars et surreprésentés seront toutefois « Slime and Punishment », avec notamment le fabuleux et bouillonnant "Breathe Grease" et "The Art Of Partying", classique du groupe, nous en convenons en recevant un "Beer Pressure" en plein dans la poire.


Le thrash de MUNICIPAL WASTE rayonne d’une énergie et d’une bonne humeur si communicative que le public est très réceptif. Les silhouettes tourbillonnent comme des derviches azimutés, laissant craindre un épuisement des troupes avant l’arrivée de la tête d’affiche. C’est une prise de risque que de programmer ces warriors du riff et du rythme en première partie tellement leur set est digne d’être en haut de l’affiche. Nous terminons avec "The Art of Partying" et "Born To Party", final dévastateur qui met tout le monde d’accord sur l’excellence de la fête musicale louder than hell de MUNICIPAL WASTE. Applaudissements. Ovations.


Place aux titans teutons. Enfin pas tout à fait maintenant que le bassiste Frédéric Leclerc œuvre au sein de la formation. La bande son crache "Run To The Hills", puis une ouverture western spaghetti et les thrashers prennent position. "Hate Über Alles", titre phare du dernier album, explose la scène et l’auditoire... et l’audition de ce dernier. Mille Petrozza est en pleine forme, nous harangue et balance ses riffs bien agressifs. Tous hurlent « Kreeeaaatttooorrrr !!! ». Un début de concert d’emblée jouissif. "Hail To The Hordes" retentit dans la foulée, pour un accueil qui laisse échapper des cris de satisfaction dans la fosse. "Enemy Of God" arrive, ce hit canonique du groupe, la puissance balaie tout sur son passage sauvage, les riffs ont pour écho des circle-pits joyeux mais dangereux, votre serviteur se faisant attraper et précipiter à l'intérieur par une farouche valkyrie alsacienne qui semble m’avoir pris en grippe, je tournoie jusqu’à finir piétiné en beauté. Eh oui, je ne serai jamais dans la maîtrise des rites d’initiation métalloïdes. Merci aux deux chevelus qui m’ont ramassé. J’ai vite fui la harpie par la suite.


Toujours dans la force et la beauté, KREATOR nous gratifie d’un somptueux "Midnight Sun" extrait du dernier album, il s’agit d'un petit nouveau dans leur répertoire scénique. Nous assistons à un très beau duo en "metal-e-motion" avec Sofia Portanet. Moment magique qui s’éloigne des standards du groupe et qui se poursuit avec le rageur "Satan Is Real" aux si beaux décibels. Personnellement je trouve que l’agencement des 17 morceaux de ce concert est optimum. Le meilleur de chaque époque. Frédéric de son côté encourage les échauffés à reprendre avec lui les refrains. Retour aux classiques avec "Hordes Of Chaos (A Necrologue For The Elite)" qui est acclamé, suivi de l’inédit "666 - World Divided" et du désormais sacro-saint "Phantom Antichrist" qui ravive la flamme des pits. Après un fédérateur "Strongest Of The Strong", nous avons droit à une salve que l’on pourrait surnommer "et pour quelques riffs de plus". "Extreme Aggression" ou encore "People Of The Lie" pour ne citer que ces deux incontournables. Après un "Betrayer" qui n’arrange pas l’état de nos nuques, Mille et ses amis nous saluent pour un premier tomber de rideau.


Retour pour une déferlante dantesque. "Violent Revolution" pour commencer. Plus dur tu meurs ? Non, on poursuit vers le septième cercle de l’Enfer avec "Flag Of Hate", toujours aussi méchant de par son agressivité. Pour nous achever ? "Pleasure To Kill" évidemment, personne ne peut s’en relever, va falloir l’aide de toutes les valkyries du Valhalla...

Au final, une première partie excellente, avec du thrash speed et enjoué, puis une démonstration de force, un piétinage réussi pour quelques élus dont moi-même, avec un KREATOR que l’on a aimé voir nous malmener à coups de thrash au classicisme indémontable... ou indémodable. Un "ma-thrash-cash" en règle. Respect !
 

Blogger : Christophe Scottez
Au sujet de l'auteur
Christophe Scottez
Chris est ethnologue à ses heures perdues, vétéran des pogo joyeux en maillots de core. Un explorateur curieux, grand amateur de riffs et de chants sauvages. Il a grandi dans les glorieuses années 80, bercé par les morceaux canoniques d’ACCEPT, SCORPIONS, MOTLEY CRUE et autres GUNS N ROSES. Traumatisé par le divorce entre Max Cavalera et son groupe, ainsi que par un album des Mets un peu «chargé» en n’importe quoi, Chris a tourné 10 ans le dos au hard rock. Puis, un jour, il a par hasard découvert qu’une multitude de nouveaux groupes avait envahi la scène … ces nouveaux sauvages offraient des sons intéressants, chargés en énergie. Désireux de partager l’émo-tion de ce style de metal sans la prétention à s’ériger en gardien d’un quelconque dogme, il aime à parler de styles de metal dit classiques, mais aussi de metalcore et de néo-metal. Des styles souvent décriés pour leurs looks de minets, alors que l’importance d’un album est d’abord le plaisir sonore que l’on peut en tirer, la différence est la richesse du goût. Mais surtout, peut-on se moquer de rebelles coquets alors que les pères fondateurs du metal enfilaient des leggins rose bonbon et pouponnaient leurs choucroutes peroxydées ?
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