28 mai 2023, 23:59

GHOST

@ Strasbourg (Zénith Europe)


Quatre ans après, voici le retour de GHOST à Strasbourg. Vous vous souvenez tous de l’événement d’alors, l’interview de Noël qui avait permis à votre serviteur de rencontrer Tobias Forge, un moment incroyable avec un passionné de musique et de cinéma, où nous nous étions éloignés des questions usuelles pour parler de Ray Harryhausen et Alberto Sordi, bonnet de Noël sur la tête. Moment inoubliable. Quand le chef nous désigna Christian Ballard "l’objectif du tigre", et moi-même pour couvrir ce nouveau passage des Suédois, j’ai abandonné femme et enfants pour foncer au Zénith Europe de Strasbourg.

Mis en bouche avec le groupe international LUCIFER. Mise en bouche est de mise, le groupe exécutant exactement... 5 chansons, pour 20 minutes allouées. What the f...!? Du jamais vu, d’autant que nous sommes en présence d’un excellent heavy-stoner, avec un judicieux "Ghosts" en ouverture, deux délicieux extraits du dernier album, "Crucifix (I Burn for You)" et "Wild Hearses", un inédit annonçant la nouvelle production à venir, "A Coffin Has No Silver Lining", ainsi que "California Son" pour nous dire au revoir. Quel délice que ce son gras et langoureux, aux soli sentant le SABBATH bien sombre. LUCIFER avec la délicieuse Johanna Sadonis en frontwoman sensuelle et charismatique captive un Zénith rempli. Très bon moment empreint de la frustration d’un set beaucoup trop court.


Deuxième round, SPIRITBOX installe une ambiance plus actuelle avec "Rule of Nines". Les Canadiens portent dans leurs cordes un metal aux échos résolument modernes, basse profonde et mathématique, batterie hypnotique et guitare déchirante. Quant à Courtney LaPlante, la chanteuse, ses déclinaisons vocales ne sont pas sans rappeler Tatiana de JINJER. Cela se poursuit avec "Hurt You" à la mélancolie cruellement g-riffée. Des growls et des cris dans la fureur d’une femme de son temps. Cette fois le set dure 45 minutes, le temps de découvrir des titres de leurs divers albums et EP. Des titres assez furieux tels "Rotoscope" ou "Circle With Me". Le public est parfaitement chauffé pour la star de la soirée. Le groupe termine avec "Holy Roller" au gros son qui tâche, puis "Hysteria", bien énervé et qui va nous laisser à bout de souffle. Mission réussie et excellente découverte que SPIRITBOX.


20:45, il est temps d’accueillir le groupe de la soirée... Comme d’habitude je fais mon blasé, « je les ai déjà vu 127 fois, je trouve les derniers albums mous… », bref un vrai bobo tête à claques. C’est sans compter le talent de Papa Emeritus lV et de ses fripouilles de goules. Introduction douce, "Imperium" et sa guitare sèche, puis "Kaisarion", suivi des incontournables "Rats" et "Faith". Riffs rock bien présents, orgues et soli qui montent haut tandis que Tobias gambade joyeusement dans tous les coins de la scène, l’ambiance devient vite électrique.
En m’extasiant devant la représentation live de "Spillways", goules aux nouveaux masques cornus et yeux rouges, décorum grandiose, je prends un peu de recul sur 12 années à contempler les concerts de GHOST. Je vois l’évolution, depuis les cérémonies religieuses originelles, le groupe oriente aujourd’hui ses représentations vers un gigantesque spectacle musical. Une pantomime... euh « phantomime » gargantuesque. Je savoure "Cirice" et je me rends compte que le vieux blasé que je suis arbore un sourire niais aux lèvres. Dingue. C’est l’effet GHOST.


Le show déjà bien chaud atteint des sommets sur des moments tels "Jesus He Knows Me", la reprise hyper relevée de GENESIS. L’impression de comédie musicale rock s’imprime dans mon esprit, Tobias gesticulant toujours de plus belle, plaisantant avec, ou au dépend de ses goules. Vas-y que je te leur distribue un coup de tatane dans le derrière quand ils sont en plein duel de soli... je vous jure, ce concert est en train de mélanger grandeur rock seventies à la mode QUEEN et comique troupier... de là à rebaptiser Tobias "Freddie Merculouis de Funès", il n’y a qu’un pas, et je le franchis !

Retour à un peu de sérieux avec de vieux classiques, "Ritual", "Con Clavi Con Dio" et "Year Zero", une occasion de retrouver l’atmosphère scoobydoom des débuts, plus épurée et plus lourde également que les titres récents. Au milieu un autre point d’orgue du show, le truculent et merveilleusement jouissif "Call Me Little Sunshine". Un de mes titres préférés, apparemment pour tout le Zénith en fait, tant il est vrai que son refrain est scandaleusement fédérateur. « Tu ne seras jamais seul, tu pourras toujours me joindre » nous promet "Lulu qui sait y faire", AKA Méphistophélès. Ça claque fort avec toute cette foule d’excommuniés qui s'époumonne.


Après une petite pause ténébreuse retour à un calme relatif avec "He Is", puis sur "Miasma" on nous livre à l'aide d'un diable (!) un pape momifié, réanimé à coups d’électrochocs, et qui se lance aussitôt dans sa prestation de saxophone. Icono-classe. Il est l’heure d’un hit ultime, après une nouvelle interaction truculente de notre Tobias adoré avec la foule, "Mary On a Cross". C’est reparti pour une folie orgasmique, nous nous lâchons tous, fosse et gradins, les goulettes également aux côtés du batteur, entraînés ensuite nous sommes par le sensuellement hard et psychédélique "Mummy Dust". Salutations sur "Respite On The Spitalfields", titre hypra joli, mais un peu mou pour un au revoir définitif...


Heureusement le rappel s’annonce plus bouillant que la marmite de Lucifer. Flammes, étincelles et toute la panoplie pour enfants du rock spectacle, GHOST nous offre "Kiss The Go-Goat", vous imaginez l’émeute dans la casbah, non ? Alors je ne peux rien pour vous, trop occupé à jouir de ces moments de bravoure, constitués ensuite par le truculent "Dance Macabre" (ouiiii !!!), et évidemment "Square Hammer" qui voit 10 000 fans, hommes, femmes, enfants, et goules swinguer comme un seul mort-vivant sous acide. Divin... infernal plutôt ? En tout cas c’est très très bon.

Voilà, tomber de rideau. Moi qui étais réticent... je viens de me prendre dans les oreilles et les yeux, deux heures d’un opéra-rock incroyablement jouissif. Tobias, sincèrement, je t’aime !


Photos © Christian Ballard - Portfolio.

Blogger : Christophe Scottez
Au sujet de l'auteur
Christophe Scottez
Chris est ethnologue à ses heures perdues, vétéran des pogo joyeux en maillots de core. Un explorateur curieux, grand amateur de riffs et de chants sauvages. Il a grandi dans les glorieuses années 80, bercé par les morceaux canoniques d’ACCEPT, SCORPIONS, MOTLEY CRUE et autres GUNS N ROSES. Traumatisé par le divorce entre Max Cavalera et son groupe, ainsi que par un album des Mets un peu «chargé» en n’importe quoi, Chris a tourné 10 ans le dos au hard rock. Puis, un jour, il a par hasard découvert qu’une multitude de nouveaux groupes avait envahi la scène … ces nouveaux sauvages offraient des sons intéressants, chargés en énergie. Désireux de partager l’émo-tion de ce style de metal sans la prétention à s’ériger en gardien d’un quelconque dogme, il aime à parler de styles de metal dit classiques, mais aussi de metalcore et de néo-metal. Des styles souvent décriés pour leurs looks de minets, alors que l’importance d’un album est d’abord le plaisir sonore que l’on peut en tirer, la différence est la richesse du goût. Mais surtout, peut-on se moquer de rebelles coquets alors que les pères fondateurs du metal enfilaient des leggins rose bonbon et pouponnaient leurs choucroutes peroxydées ?
Ses autres publications
Cookies et autres traceurs

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de Cookies ou autres traceurs pour mémoriser vos recherches ou pour réaliser des statistiques de visites.
En savoir plus sur les cookies : mentions légales

OK