22 juin 2023, 18:10

EXTREME

"Six"

Album : Six

EXTREME. Voici un nom qui ne dira pas forcément grand-chose aux moins de 20 ans. Et pourtant ! En 1990, le groupe de Boston cassait la baraque avec son second disque, « Extreme II: Pornograffitti », bien aidé en cela par l’émollient single "More Than Word". Une mini-révolution emmenée par un hard rock funkysant qui avait déjà bien secoué la planète à l’occasion de son premier album éponyme sorti un an plus tôt. En 1992, le quatuor enfonçait le clou avec l’ambitieux « III Sides To Every Story », dont l’excellent accueil critique ne sera pourtant pas suffisant pour sauver EXTREME du lent déclin commercial qui sera le sien dès lors. Le rock plus cru, abusivement qualifié de grunge à l’époque, développé sur « Waiting For The Punchline » (1995) ne pourra malheureusement pas sauver les meubles et en 1996, les musiciens se sépareront afin de laisser libre cours à des besoins d’autonomie (Nuno Bettencourt avec son parcours solo) ou à des élans ambitieux hélas vite réduits en fumée (Gary Cherone et son acte manqué avec VAN HALEN). Au début des années 2000, le groupe se produira sporadiquement sur scène puis reviendra, réellement cette fois, avec un nouvel - et fort bon - album, « Saudades De Rock », en 2008. Depuis, seules deux disques live sont venus nous remplir les esgourdes, « Take Us Alive - Boston 2009 » en 2010 et « Pornograffitti Live 25 - Metal Meltdown » en 2016. Dans ces conditions, dire que « Six » était attendu relève de l’euphémisme le plus maladroit.

La hype générée autour de « Six », et nourrie par la parution de trois clips sur YouTube quelques semaines avant la sortie du disque, était-elle donc justifiée ? Je n’irai pas par quatre chemins : non. Mille fois non, même. J’aurais aimé pouvoir dire du bien de cet album, mais rien, du riff bateau de "Banshee" à la niaiserie de "Beautiful Girls", en passant par sa production, beaucoup trop compressée, n’a réellement retenu mon attention. Quand je me remémore à quel point « Extreme II: Pornograffitti » m’avait laissé sur le cul à l’époque, je ne peux croire qu’EXTREME ait pu sortir quelque chose d’aussi forcé, et pour tout dire, d’aussi peu inspiré. Et pourtant, ça démarrait plutôt bien avec "Rise" : du riffing teigneux, des gimmicks vocaux plutôt bien trouvés (ces "uuup uuup up up" qui vous entrent immédiatement en tête) et un solo tant commenté sur le net qu’il serait malvenu de le détailler à nouveau en ces lignes. J’ai beau trouver qu’avec le recul ce morceau porte en lui les germes de ce qui clochera par la suite (un EXTREME s’y faisant plus méchant qu’il ne l’est réellement et se reposant - beaucoup ! - sur la virtuosité de son guitariste), globalement, ça fonctionne. Las ! Dès le second titre, "#Rebel", le soufflé retombe mollement...

Entendons-nous bien ! À l’image de nombre d’autres chansons de « Six », "#Rebel" n’est pas foncièrement mauvaise, mais est-elle pour autant digne du groupe de Boston ? Non, certainement pas. Le riff tournant apporte un peu de groove à l’ensemble mais on est très loin des "Decadence Dance", "Get The Funk Out" ou "Warheads" de la grande époque. Et que dire de ces "na na na na na na naaa" aussi inutiles qu’irritants ? Comme je l’ai écrit plus haut, ce qui marchait sur "Rise" tombe ici complètement à plat... et ce n’est pas fini, malheureusement. "Banshee" ressemble à du MÖTLEY CRÜE (ce qui, pour votre serviteur, est pour le moins rédhibitoire) et seul le solo nous rappelle qu’il s’agit bien d’EXTREME. C’est justement là que le bât blesse : auparavant, les soli de Nuno magnifiaient les morceaux du groupe, maintenant ces derniers reposent entièrement sur les interventions du guitariste luso-américain. Et un titre moyen avec un solo de ouf, ben... ça reste un titre moyen ! Je passerai sur le morceau semi-acoustique "Other Side Of The Rainbow" (pas transcendant) pour m’attarder sur ce qui reste pour moi une des rares bonnes surprises de ce disque : "Small Town Beautiful". Sensible sans tomber dans la sensiblerie, chargée d’émotion, cette chanson ne fait pas que partager une ressemblance avec MARILLION dans son titre : la voix légèrement voilée de Gary Cherone, soutenue par celle de Nuno Bettencourt comme sur la majorité des autres compositions de « Six », rappelle étrangement celle de Steve Hogarth. C’est flagrant sur le refrain, sur lequel le longiligne chanteur est à la limite de la rupture. Sans rire, "Small Town Beautiful" aurait pu sans peine figurer sur un disque comme « This Strange Engine » ! Difficile à ce niveau de dire si cela relève de la coïncidence ou de l’hommage sincère, mais toujours est-il que ce morceau survole pas mal d’autres compositions d’un « Six » décidément décevant. À commencer par "The Mask"...

Non mais franchement, vous imaginez EXTREME se la jouer rock'n'roll, genre VOLBEAT ? Non ? Ben pourtant, ils l’ont fait ! C’est faussement sulfureux et en rien digne du groupe, encore une fois. "Thicker Than Blood" ne fait guère mieux en jouant sur des sonorités indus qui faisaient florès il y a plus de 20 ans ni "Save Me", d’ailleurs, qui reprend certains codes d’ALICE IN CHAINS mais qui peine vraiment à décoller. La ballade acoustique "Hurricane" remplit le cahier des charges au niveau des chansons censées nous faire oublier "More Than Words" (je ne sais pas vous, mais personnellement, je n’ai pas besoin de cela pour la sortir de ma tête !) avant de faire place à une autre bonne surprise, "X Out", composition expérimentale aux atours electro qui fait entrer l’auditeur dans une délicieuse transe. C’est toujours ça de pris ! Surtout que l’ambiance se gâte à nouveau lors de "Beautiful Girls", qui démarre comme un générique d’une émission de M6 (!!!) et dont les paroles feraient passer KISS pour des intellos ! Un ange passe... en volant sur le dos ! Enfin, « Six » se termine sur "Here’s To The Losers", qui démarre un peu comme les pièces les plus théâtrales de SAVATAGE avant que le groupe ne laisse parler ses influences QUEEN lors de la première partie du refrain. Vraiment pas mal, si ce n’est que la sauce a du mal à prendre, la faute à une seconde partie de refrain qui fait retomber la chanson dans une platitude confondante. Il y avait pourtant matière à faire mieux, beaucoup mieux. À l’image de l’album, quoi ! D’ores et déjà l’une des grosses déceptions de cette année 2023...

Blogger : KillMunster
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KillMunster est né avec le metal dans le sang. La légende raconte que quand Deep Purple s'est mis à rechercher un remplaçant à Ian Gillan, le groupe, impressionné par son premier cri, faillit l'embaucher. Avant finalement de se reporter sur David Coverdale, un poil plus expérimenté. Par la suite, il peaufina son éducation grâce à ses Brothers of Metal et, entre deux visionnages d'épisodes de la série "Goldorak", un héros très "métal" lui aussi, il s’époumona sur Motörhead, Lynyrd Skynyrd, Black Sabbath et de nombreux autres ténors des magiques années 70. Pour lui, les années 80 passèrent à la vitesse de l'éclair, et plus précisément de celui ornant la pochette d'un célèbre album de Metallica (une pierre angulaire du rock dur à ses yeux) avant d'arriver dans les années 90 et d'offrir ses esgourdes à de drôles de chevelus arrivant tout droit de Seattle. Nous voilà maintenant en 2016 (oui, le temps passe vite !), KillMunster, désormais heureux membre de Hard Force, livre ses impressions sur le plus grand portail metal de l'Hexagone. Aboutissement logique d'une passion longuement cultivée...
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