2 juillet 2023, 23:59

GOJIRA + AVATAR

@ Nîmes (Arènes)

Compte tenu de l'actualité et des violences urbaines, c'est non sans une certaine inquiétude que l'on surveillait la page Facebook du Festival de Nîmes, au cas où un arrêté préfectoral entraînerait l'annulation du concert de GOJIRA et AVATAR. Heureusement, tout s'est déroulé comme prévu, sans le moindre heurt à l'extérieur du site.

Pour sa première venue dans ce lieu mythique (songez que du haut de cet amphithéâtre, 20 siècles vous contemplent), GOJIRA est en terrain conquis. Même si la date n'affiche pas complet, le public est très dense et la présence d'AVATAR, de retour dans l'arène quatre ans après avoir ouvert pour SLIPKNOT, qui s'y produisait justement à nouveau le 28 juin, est un gage d'excellente soirée assurée. D'affiche au top. Rompus à l'exercice live, les Suédois, qui ont donné trois concerts en France en tête d'affiche en mars dernier, dont deux sold-out, bénéficient d'une solide fanbase. Et même ceux qui ne connaissent pas leur répertoire ne peuvent qu'être happés par le metal, le spectacle et l'univers en rouge et noir des cinq hommes.

Emmenés par Johannes Eckerström, à fond dans son personnage mi-M. Loyal psychopathe, mi-Joker qui fait son entrée sur scène en sortant d'un paquet cadeau amené par un road-guitare aux airs de bourreau, avec cagoule noire sur la tête et sourire du plombier intégré, ils disposent d'une heure pour leur show. Le son est fort et clair et les cinq hommes, dont les quatre en front de scène pratiquent le lancer de cheveux chorégraphié avec un art consommé, jouent quelques-uns de leurs titres les plus emblématiques, de "Dance Devil Dance", tiré de leur album du même nom sorti en février dernier, au ratatinant "Colossus", en passant par à "The Eagle Has Landed", "Smells Like A Freak Show" et "Hail The Apocalypse", joués tous deux en rappel.

Efficace, d'autant plus que qu'Eckerström est un grand frontman qui harangue régulièrement la foule, non sans humour (« Je ressens une irrépressible envie de détruire la scène » déclare-t-il avant de faire tomber tout doucement son pied de micro). Léger bémol, la version piano/voix de "Tower", interprétée au milieu de set par le chanteur seul sur scène, aurait sans doute eu davantage sa place dans une salle, dans le noir plutôt qu'en plein jour. Mais elle a en tout cas rappelé sa versatilité et son talent avant un redémarrage en règle avec "Bloody Angel". Revenez quand vous voulez.

Trente minutes plus tard, GOJIRA débarque. Etonnamment, c'est par le mid-tempo "Ocean Planet" qu'ils débutent avant d'enchaîner sur "Born For One Thing", extrait de « Fortitude », qui – à mon humble avis – aurait été un choix plus judicieux pour lancer les hostilités. Mais le public est déjà à fond et il est aussitôt évident que ce n'est pas un hasard si les Français figurent parmi les groupes internationaux majeurs du metal des années 2020 : son impeccable, présence scénique (mention spéciale à Jean-Michel Labadie, l'infatigable bassiste qui ne tient pas en place, et, bien sûr, au tentaculaire Mario Duplantier), scénographie au top, entre jets de flammes, de C02, lancer de filaments (dont un vient s'enrouler sur le manche de guitare de Joe Duplantier qui ne parvient pas à s'en dépêtrer tout seul en jouant), de confettis et, surtout, présence d'un écran géant en fond de scène. Qui suit les musiciens et sur lequel sont projetées des images, dont certaines de clips (entre autres "Another World" et son final apocalyptique digne de La Planète des singes) qui apportent une dimension supplémentaire au show.


Et, évidemment, il y a le répertoire qui va avec. "Stranded", un des morceaux phares du groupe, les incontournables "Flying Whales", "The Art Of Dying", "The Cell" et "L'Enfant sauvage", "Silvera", mais aussi "Our Time Is Now" (présent sur la bande-son du jeu vidéo NHL 23) ou "Grind" montrent les multiples facettes du quartet qui a su évoluer au fil des années sans jamais se renier. Et puis il y a le moment de communion qu'est "The Chant" où le frontman, de qui émane une vraie force tranquille (sans aucune référence politique), fait chanter le public qui ne se fait pas prier. Et continue même une fois le morceau terminé, puis, spontanément à l'extérieur de l'enceinte pour certains après le concert. Vient ensuite le tribal "Amazonia".

N'oublions pas le solo de batterie qui, pour une fois, n'est pas synonyme pour beaucoup de "pause-pipi et/ou pause-bière". Jugeant que les fans peuvent faire encore plus de bruit, Mario profite d'un break pour sortir une pancarte "PLUS FORT" (ils s'exécutent aussitôt) avant d'en dégainer une autre quelques instants plus tard : "MAGNIFIQUE". Quant à Joe, il demande au public si certains ne sont pas venus voir GORILLAZ, groupe virtuel britannique, plutôt que GOJIRA et, du coup, ne sont pas déçus par ce qu'ils entendent… Preuve de leur bon esprit et du message toujours positif, respectueux et engagé en faveur de l'environnement qu'ils véhiculent malgré la violence de certais de leurs titres. Car aussi haut que sont montés les frères Duplantier, Jean-Michel Labadie et Christian Andreu, il est évident qu'ils ne considèrent pas l'accueil qui leur est fait comme un dû et qu'ils ont parfois du mal à réaliser que oui, c'est bien leur nom que scande cette marée humaine. Le concert s'achèvera avec l'espéré "The Gift Of Guilt", présent sur « L'Enfant sauvage », qui termine de mettre tout le monde d'accord. Ils sont venus, ils ont vu mais avant même de monter sur scène, ils avaient déjà vaincu.


Difficile pourtant de rendre l'ambiance du concert en images, les photographes, qui devaient d'abord shooter trois morceaux, puis deux, ayant finalement été répartis en deux groupes, dont le dernier pour HARD FORCE, et se sont finalement retrouvés autorisés à shooter la 7e (tout en lumière blanche et contre-jour) et le début de la 8e chanson avant d'être éjectés du devant de la scène…

« Ça, c'est fait », diront les quatre musiciens à l'aftershow avec le sentiment du devoir accompli, ravis mais rincés après avoir dormi un total de 12 heures au cours des 3 derniers jours (la veille, aux Eurockéennes de Belfort, ils étaient sortis de scène à 1h30 du mat'). Comme l'Accor Arena en février dernier, jouer aux Arènes de Nîmes faisait partie de leur "to-do list" et ils ont passé le grand oral avec les honneurs. Après un dernier concert européen à Aix-les-Bains au Musilac 2023 le 6 juillet, GOJIRA fera un petit break avant de repartir sur les routes américaines en compagnie de MASTODON, puis en tête d'affiche en Amérique du Sud. 2024 sera ensuite consacré à la composition de ce qui sera leur 8e album studio. On les attend déjà de pied ferme.

Les set-lists sont ici

Photos © Chris Cap - Portfolio

Blogger : Laurence Faure
Au sujet de l'auteur
Laurence Faure
Le hard rock, Laurence est tombée dedans il y a déjà pas mal d'années. Mais partant du principe que «Si c'est trop fort, c'est que t'es trop vieux» et qu'elle écoute toujours la musique sur 11, elle pense être la preuve vivante que le metal à haute dose est une véritable fontaine de jouvence. Ou alors elle est sourde, mais laissez-la rêver… Après avoir “religieusement” lu la presse française de la grande époque, Laurence rejoint Hard Rock Magazine en tant que journaliste et secrétaire de rédaction, avant d'en devenir brièvement rédac' chef. Débarquée et résolue à changer de milieu, LF œuvre désormais dans la presse spécialisée (sports mécaniques), mais comme il n'y a vraiment que le metal qui fait battre son petit cœur, quand HARD FORCE lui a proposé de rejoindre le team fin 2013, elle est arrivée “fast as a shark”.
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